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Fonds de compensation : Greenpeace et ASTM comptent sur les députés


En 2020 déjà, Greenpeace alertait sur le sujet au pied du siège du Fonds de compensation à Luxembourg. (Photo : julien garroy)

Alors que les deux ONG dénoncent les investissements du Fonds de compensation pour les cinq ans à venir, jugés «sans garanties suffisantes» pour le climat et les droits humains, une action est prévue jeudi devant la Chambre des députés où aura lieu un débat.

Les militants de Greenpeace et d’Action solidarité tiers monde (ASTM) seront mobilisés jeudi, devant la Chambre des députés, pour accueillir à leur manière les parlementaires venus débattre de la stratégie adoptée par le Fonds de compensation (FDC). À leurs yeux, celle-ci reste trop opaque, manque d’ambition en matière de durabilité et ne protège pas suffisamment l’environnement et les droits humains.

En janvier, après des mois de travaux sur fond de tensions avec le ministre de la Sécurité sociale, Claude Haagen, c’est finalement sans les voix des quatre représentants syndicaux au conseil d’administration que la feuille de route de cette réserve du régime général de pension a été validée pour la période 2023-2027.

Une scission qui a poussé le ministre à solliciter l’avis des députés, alors qu’il n’a pas encore signé la directive et que le sujet est extrêmement sensible – alimenté par les cotisations des salariés et censé garantir le système de retraite, le FDC atteignait 26 milliards d’euros fin 2021, soit 37 % du PIB.

Révisée tous les cinq ans, la directive qui guide les investissements du FDC a, cette fois-ci, fait l’objet de discussions orientées vers la durabilité, avec peu de place pour le compromis, selon Greenpeace et ASTM. Engagées de longue date dans ce dossier, les ONG déplorent qu’aucun accord n’ait pu être trouvé entre l’État et le patronat d’un côté, et les syndicats de l’autre, faute de garanties suffisantes sur le volet environnemental notamment.

«La stratégie est déjà établie donc on peut se questionner quant au poids réel du débat de jeudi», pointe Martina Holbach de Greenpeace. «Malgré tout, on attend des parlementaires qu’ils envoient un signal fort au ministre : il faut retravailler cette directive et adapter la législation pour rendre les objectifs de durabilité juridiquement contraignants.»

L’ONG relève ainsi que les investissements du Fonds de compensation suivent une trajectoire d’augmentation de la température de 2,7 degrés à l’échelle mondiale, là où l’accord de Paris, que le Luxembourg a ratifié, fixe l’objectif de 1,5 degré. «Nous réclamons que ce plafond soit imposé à l’ensemble des gestionnaires de fonds du FDC», poursuit la militante, qui regrette aussi que les entreprises actives dans les secteurs les plus polluants, comme la filière charbon par exemple, ne soient toujours pas exclues systématiquement.

«On s’est penchés sur la liste d’exclusion : sur les 130 entreprises qui y figurent, seules 10 sont sur la touche pour des raisons environnementales», ajoute la chargée de campagne.

Du côté des droits humains, ASTM note tout de même des avancées, dont l’ajout des principes directeurs des Nations unies et de l’OCDE relatifs à un devoir de vigilance de la part des acteurs économiques, mais l’association insiste pour clarifier le système de suivi et d’évaluation de ces normes, considéré comme obscur.

Le durable comme
«opportunité économique»

Alors que le Fonds de compensation affirme qu’il est impossible d’écarter les secteurs non durables de sa stratégie sans impacter la rentabilité et le risque, le cabinet allemand Nextra Consulting, expert en finance verte, n’est pas de cet avis. «Les investissements durables n’ont pas d’influence négative sur le rapport rendement/risque. Au contraire, on constate que, sur de longues périodes, la variabilité du bénéfice est limitée, c’est donc plus stable», explique le directeur Martin Granzow.

Lui qui a passé la nouvelle directive au crible l’assure : «Face au déficit de financement des retraites qui se profile, le FDC devrait considérer l’orientation durable de ses investissements non pas comme une menace, mais comme une opportunité économique.»

Preuve, pour Martina Holbach, que beaucoup d’idées fausses pèsent encore sur les réflexions du conseil d’administration : «Leurs arguments ne tiennent pas. On a plaidé maintes fois pour un échange ouvert, qui nous a toujours été refusé, et pour cause : leur discours ne résisterait pas une minute face aux experts», juge-t-elle.

Déterminées à associer la société civile à ces décisions cruciales pour l’avenir, ASTM et Greenpeace veulent désormais que les bases légales du FDC soient revues pour le permettre.

Action prévue devant la Chambre des députés, jeudi 9 février à 13 h 30.

La Norvège citée en exemple

Le fonds de pension norvégien a établi des critères clairement définis de façon à exclure l’ensemble du secteur charbon – source d’énergie fossile la plus problématique pour le climat – de ses investissements. En parallèle, un comité d’éthique conseille les décideurs sur toutes les questions liées à la protection de l’environnement, des droits humains, ou encore à la gestion de l’eau. Un exemple dont le Luxembourg pourrait s’inspirer, selon Greenpeace, qui a déjà soumis l’idée à de nombreuses reprises, sans réponse favorable des autorités jusqu’ici.

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