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Patrick Dury, président du LCGB : «Les employeurs veulent détruire le modèle social»


Pour écouter le discours de Patrick Dury étaient notamment présents, au premier rang, le Premier ministre, Luc Frieden, et le vice-Premier ministre, Xavier Bettel (de dos). (Photo : didier sylvestre)

Patrick Dury, le président du LCGB, a attaqué de front le camp patronal, à l’occasion de son discours du 1er-Mai. Le gouvernement, représenté en nombre mercredi à Remich, n’a pas été épargné.

Le résultat des élections sociales du 12 mars dernier constitue pour Patrick Dury «une base solide pour faire évoluer dans les années à venir notre politique syndicale». Une politique à mener «dans des dossiers cruciaux», avec les autres syndicats nationaux, l’OGBL et la CGFP. «Le LCGB est prêt à prendre ses responsabilités pour obtenir, ensemble, le meilleur résultat possible pour les gens», clame le président.

Le syndicat chrétien se sent donc en position de force pour défier le gouvernement et le patronat, tout en respectant les principes du modèle social luxembourgeois. Or Patrick Dury voit cet acquis menacé. En cause, les réflexions et revendications formulées par l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) sur la réforme des pensions («coupées de moitié»), l’introduction de journées de carence en cas de maladie («une claque pour les travailleurs») et la remise en question de conventions collectives négociées avec le concours des syndicats.

«Les employeurs ne remettent pas en question le modèle social dans l’optique de le réformer, mais ils veulent le détruire», accuse Patrick Dury, qui redoute «la fin de la tripartite et de la paix sociale ! Et une telle politique remet également en cause la cohésion sociale, avec tous les extrêmes et excès que l’on connaît dans d’autres pays».

Une hausse de 3,5 % du salaire minimum

Sans modèle social, pas de justice sociale, une revendication majeure du LCGB en ce 1er-Mai. «En premier lieu, il faut renforcer le pouvoir d’achat des salariés en maintenant le système d’indexation et avec une baisse des impôts sur les petits et moyens revenus. Pour être clair : le LCGB revendique l’exonération fiscale du salaire social minimum qui, de plus, doit être substantiellement augmenté de 3,5 % ou 100 euros brut afin de garantir de ne pas tomber sous le seuil de pauvreté», lance Patrick Dury.

Un traitement équitable de l’ensemble des travailleurs, qu’ils soient résidents ou non, est un autre point de préoccupation : «Le LCGB revendique que le ministre des Finances mette fin aux chicanes auxquelles sont exposés nos collègues allemands et français en raison de la double imposition». Le principal intéressé, Gilles Roth, était présent dans le public.

Tout comme la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, qui a provoqué l’ire du camp syndical avec son projet de réforme du système de pension. «Cette thématique n’a joué aucun rôle avant les élections, mais tel l’iceberg venu percuter le Titanic, voilà le sujet sur la table», introduit le président. «Pour que cela soit bien clair : le LCGB refuse catégoriquement que notre système de pension, construit sur la solidarité, soit détruit.»

Il reste désormais à savoir si la large délégation du gouvernement présente hier matin à Remich a entendu les messages et appels lancés par le syndicat. Le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), était accompagné, outre Gilles Roth et Martine Deprez, par son vice-Premier ministre, Xavier Bettel (DP), et le ministre du Travail, Georges Mischo (CSV).

Européennes : faire barrage
aux «imbéciles d’extrême droite»

L’un des autres points forts du discours de Patrick Dury a été un plaidoyer pour l’Union européenne. Tout comme son homologue de l’OGBL, le président du LCGB a mis en garde contre un renforcement des partis d’extrême droite aux élections européennes. «L’Europe, l’Union européenne, n’est pas une utopie, mais notre projet commun, l’avenir de nos enfants. Nous ne pouvons pas laisser cet avenir se faire détruire par des démagogues, des populistes et d’autres imbéciles d’extrême droite!», a lancé sans détour le chef de file du syndicat chrétien. «Il est de notre responsabilité de continuer à développer le projet européen. Le LCGB lance un appel pour ne donner, le 9 juin, aucune voix à des partis qui ne se prononcent pas en faveur d’une Europe communautaire et sociale. Les populistes et extrémistes de droite n’ont pas leur place au Parlement européen», a renchéri Patrick Dury.