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Notre top 10 des meilleures séries de l’année


Derrière l’aventure culinaire, The Bear dévoile une bouleversante histoire de famille, au propre comme au figuré, qui est la clef de cette série parfois très drôle et souvent émouvante. (Photo : FX)

La fin de l’ère Atlanta, Paris sous toutes ses coutures, plongées dans le monde du travail ou les contrées secrètes de la création artistique : les meilleures séries de l’année nous ont transportés dans de très beaux voyages.

1. Atlanta, de Donald Glover

Les meilleures choses ont une fin. Celle d’Atlanta devait arriver, mais, au vu du statut inclassable de la série, tout ce que l’on pouvait anticiper, c’est qu’elle allait ne ressembler à rien d’autre vu à la télévision. À commencer par la diffusion de non pas une, mais deux saisons complètes à six mois d’intervalle, après un hiatus de quatre ans. Le rappeur Paper Boi, son cousin-manager Earn et leur pote haut perché Darius vivent dans une réalité alternative et, bien que toujours plus étrange, saison après saison, elle scrute la nôtre avec une acuité déroutante.

La troisième nous fait quitter la ville du titre pour une tournée en Europe, que le trio traverse en même temps que sa crise d’identité. De retour dans leur «sweet spot», une pandémie ayant entre-temps apparu, la question demeure : qui a le plus changé, eux ou la ville? La réponse est à chercher du côté des nombreux épisodes standalone (déconnectés du récit principal), qui dressent un portrait tourmenté de notre monde, avec un humour à froid qui flirte avec l’angoisse…

2. Severance, de Dan Erickson

Marre de passer des journées pourries au boulot et de traîner votre peine jusqu’à la maison? Bienvenue chez Lumon, la multinationale du futur! Comme à tous ses employés, Lumon vous propose une «opération de dissociation» visant à séparer votre mémoire professionnelle de celle de votre vie privée. Tel est le concept au cœur de Severance, nouvelle pépite de la plateforme de streaming d’Apple, produite et dirigée par Ben Stiller.

On sait que ce dernier a à cœur de brouiller les frontières entre les tons et les genres : en donnant sa confiance au débutant Dan Erickson (créateur et scénariste de la série), il réussit un coup de maître. Et met lui-même en scène cette bizarrerie entre thriller et anticipation, en filmant l’environnement de travail sous des angles inhabituels, qui déforment le décor ou les personnages. En tête d’une distribution d’exception (Christopher Walken, John Turturro, Patricia Arquette…), Adam Scott – lui aussi plus connu pour ses rôles comiques – en chef de service qui tentera, peut-être, de percer le mystère qui entoure la corporation…

3. Irma Vep, d’Olivier Assayas

Vingt-six ans après le film qui lui a fait rencontrer Maggie Cheung, actrice fétiche de Wong Kar-wai, Olivier Assayas replonge dans Irma Vep, en en faisant, plus qu’un remake, une histoire de doubles. Sous sa combinaison de velours, l’héroïne prend ici les traits d’Alicia Vikander et le prénom de Mira, cette star hollywoodienne venue à Paris pour casser son image dans un film d’art et essai français signé René Vidal (Vincent Macaigne en double d’Assayas), remake du remake d’un film de vampires vieux d’un siècle.

Autour de deux êtres en quête de sens, sensibles et sublimes, gravite une galerie de seconds rôles irrésistibles (une rock star extravagante, un jeune premier capricieux, un riche financeur qui a toujours un coup d’avance…) qui font d’Irma Vep une douce satire inspirée par les questions, sociales comme artistiques, qui traversent actuellement le monde du cinéma. Jusqu’à ce qu’Irma/Mira, dont chaque apparition est un moment de béatitude, vampirise le fil du récit, catalysant les fantômes du passé dans une autofiction rêveuse et amoureuse.

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«Irma Vep», méta précieux

4. The Bear, de Christopher Storer

S’il existait un Guide Michelin de la création audiovisuelle, Christopher Storer y aurait probablement trois étoiles. Il les mérite largement avec The Bear, sa nouvelle série, qui raconte la vie sous stress de Carmy, jeune chef prodige passé par les meilleures cuisines du monde et qui a tout plaqué après le suicide de son frère pour venir reprendre la sandwicherie familiale à Chicago. Dans cette ville cabossée, les fortes têtes résistent à la nouvelle vision de Carmy, qui demande de l’organisation.

Peut-être qu’engager une sous-chef ambitieuse fera bouger les choses… Caméra à l’épaule, les huit épisodes filent à toute vitesse. On est pris dans la pression constante qui règne dans ce boui-boui où l’on vise à marier la «street food» à l’excellence de la grande cuisine, malgré des déboires financiers dont on a du mal à se défaire. Derrière l’aventure culinaire, The Bear dévoile une bouleversante histoire de famille, au propre comme au figuré, qui est la clef de cette série parfois très drôle et souvent émouvante.

5. Tokyo Vice, de J.T. Rogers

Une décennie entière après Luck, portrait du monstre à plusieurs têtes qu’est le monde de la course hippique, on retrouve le maître américain du polar Michael Mann (Heat, Miami Vice, Collateral…) à la télévision. Tokyo Vice adapte le livre d’enquête autobiographique du journaliste américain Jake Adelstein, premier employé non japonais du prestigieux quotidien tokyoïte Yomiuri shinbun. D’un côté, Adelstein veut briser le tabou des yakuzas (dont même les médias nient l’existence) en infiltrant l’organisation mafieuse, de l’autre, il servira d’informateur à la police.

La dangereuse plongée du journaliste dans les bas-fonds de Tokyo est fascinante, même si, quand on passe après Michael Mann, aux commandes du premier épisode seulement, il est difficile de se hisser au même niveau, en termes tant de rythme que d’esthétique. Néanmoins, les huit épisodes se fendent d’une écriture précise et complexe qui conforte la noirceur du récit. Un polar tendu comme il faut, porté par un très bon Ansel Elgort.

6. Le monde de demain, de Katell Quillévéré et Hélier Cisterne

Récemment, le film Suprêmes avait raconté les premières années du groupe de rap emblématique de Seine-Saint-Denis, NTM, en traçant des parallèles sociopolitiques. Un angle bien réel et crucial, mais qui n’existe qu’en filigrane dans Le Monde de demain. En contant les débuts du hip-hop en France, entre la fin des années 1980 et le début de la décennie suivante, la série parvient, en six épisodes, à faire le portrait d’un mouvement artistique contestataire dans son entièreté : le rap, d’accord, mais aussi le DJing, les «block parties» clandestines, le graffiti, le breakdance…

Tout un monde qui gravite autour de JoeyStarr et Kool Shen (extraordinaires Melvin Boomer et Anthony Bajon), du DJ Dee Nasty et de la graffeuse Lady V. Quatre figures du «monde de demain» encore balbutiant, qui ont la dalle, mais qui ne se sont pas encore affranchies du déterminisme de leur milieu. À eux d’être les porte-parole de cette France de la galère, de la lutte permanente, de la violence sociale. Avec un «groove» de dingue et un style insolent.

7. Drôle, de Fanny Herrero

Après Dix pour cent, sa créatrice et «showrunneuse», Fanny Herrero, devait rebondir. Netflix a beau avoir arrêté Drôle après sa diffusion, cette première et unique saison se hisse à la hauteur de sa prédécesseure en faisant le récit choral d’une bande d’inconnus tentant de percer dans le milieu très prisé du stand-up. Aïssatou fait le buzz sur les réseaux avec un sketch qui brise un tabou masculin; Nézir est un petit génie de l’humour aussi chétif que son compte en banque; Bling, le plus connu d’entre eux, entame une descente aux enfers… Ce n’est plus le portrait du Paris des grandes avenues et des places royales, mais celui des petites galères. On tombe instantanément sous le charme.

8. Crime, de Irvine Welsh

Ray Lennox est un capitaine de la police d’Édimbourg miné par l’alcool, la cocaïne et ses récents échecs professionnels et personnels. Aujourd’hui, ses supérieurs le chargent de retrouver la petite Britney, qui a disparu sur le chemin du collège. L’enquête amènera Lennox dans les bas-fonds de la capitale écossaise. Entre la poursuite d’un tueur en série et des soupçons de pédophilie dans des milieux politiques influents, le flic verra resurgir des fantômes du passé. En adaptant très librement son propre roman du même titre, sorti en 2008 et qu’il remet au passage au goût du jour, Irvine Welsh – l’auteur de Trainspotting – crée et scénarise sa première série, un bijou de noirceur et de brutalité.

9. FIFA Uncovered, de Miles Coleman

Il y a moins de 50 ans, la FIFA se présentait comme une sorte d’«ONU du football» aux caisses vides. Dans FIFA Uncovered, édifiant documentaire en quatre parties qui commence avec la «révolution» João Havelange pour se finir au Qatar, on retrace en détail sa transformation en intouchable organisation mafieuse.

Car si le foot reste le sport le plus regardé de la planète, il est aussi le plus corrompu… Cette série remet les pendules à l’heure et laisse même la parole à Sepp Blatter, ex-parrain de cette organisation où tous les coups sont permis (surtout les plus bas) et où il est plus important de parler gros sous plutôt que ballon rond. Bienvenue dans le monde de la corruption à grande échelle !

10. En thérapie (Saison 2), d’Éric Toledano et Olivier Nakache

Une avocate en mal d’enfant, un collégien en surpoids victime de harcèlement, une étudiante atteinte d’une maladie grave et un chef d’entreprise en plein scandale médiatique : pendant le covid, le cabinet du Dr Dayan est ouvert! Certes, entre deux saisons, le psy a déménagé en banlieue parisienne et une pandémie mondiale a compliqué la prise de rendez-vous.

Mais avec cette deuxième fournée de 35 épisodes, on prend le pouls d’un monde plongé dans un nouveau type d’incertitude, et quasiment en temps réel. Avec une qualité d’écriture toujours exceptionnelle (comme le nouveau casting), En thérapie joue même une nouvelle gymnastique entre les épisodes, multipliant les mystères pour un résultat addictif.

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