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Mondial Air Ballons : deux pilotes luxembourgeois livrent leur expérience


Plus de 700 pilotes sont attendus au Mondial Air Ballons 2023. (Photo : Claude Hermes)

En amont du Grand Est Mondial Air Ballons de Chambley, Claude Hermes et Sylvain Bierry, pilotes de montgolfière depuis une trentaine d’années, ont livré leur expérience lors d’un entretien.

Qu’estce qui vous a donné envie de devenir aéronautes

Claude Hermes : En 1993, j’ai effectué mon premier vol en montgolfière en tant que passager lors du Championnat du Monde à Luxembourg. À la suite de cela, je me suis dit qu’un jour, c’est ce que je voudrais faire. Puis j’ai commencé à épargner pour pouvoir passer le brevet de pilote de ballon libre. Quelques années plus tard, en 2002, j’ai passé mon examen, que j’ai réussi. Et c’est en 2015 que j’ai participé à mon tout premier Grand Est Mondial Air Ballons

Sylvain Bierry : Mon premier Mondial Air Ballons en qualité de pilote, c’était en 2011. J’y avais déjà participé en 2009 en tant qu’équipier.

Ça ressemble à quoi une préparation de vol en tant que pilote? 

Quand on vole, nous n’apprécions pas le vol comme des passagers. On est sans arrêt en train de faire attention à tout, à l’environnement, au temps de vol et à l’autonomie de notre gaz qui, au fur et à mesure du vol, diminue. Puis, un vol se prépare en amont. On ne se décide pas à la dernière minute, il faut notamment se préparer aux conditions météorologiques. Même si, à tout moment, la direction du vent peut changer. Une situation météorologique favorable peut passer à une météo défavorable en un instant. Ça demande beaucoup de responsabilité et il faut être bien attentif, car les imprévus ne sont jamais loin. Il faut aussi toujours avoir en tête qu’il ne faut pas dépasser une certaine altitude, que des lignes haute tension peuvent potentiellement se trouver en dessous de nous ou encore que le vent peut s’arrêter quand on est au-dessus de la forêt. 

Quelles sont les conditions idéales pour une envolée?

En période estivale, tôt le matin avant l’apparition des vents thermiques ou alors tard le soir avant le coucher du soleil, lorsque ceux-ci se sont un peu calmés. Les vents thermiques sont créés par la différence de température et d’inertie entre la terre et la mer à cette période de l’année. En gros, l’air chaud est léger, peu dense, tandis que l’air froid est lourd et dense. Et lorsque cet air chaud survient, on monte sans arrêt et on ne peut plus rien contrôler.

À ce moment-là, la seule chance de s’en sortir, c’est de monter encore plus vite que cette boule d’air chaud, ce qui est déjà compliqué. Ensuite, il faut essayer de trouver une autre direction. En période hivernale, on n’a pas ce problème car le sol ne chauffe pas aussi vite, voire pas du tout. Ce qui nous permet de pouvoir voler à n’importe quel moment de la journée, avant qu’il fasse noir. 

Sylvain Bierry (à g.) et Claude Hermes (à d.) sont pilotes de montgolfière au Gemab. (Photo : fabrizio pizzolante)

Selon vous, quels sont les critères pour être un bon aéronaute? 

S. B. : C’est une question assez compliquée. Je dirais tout d’abord qu’il faut savoir improviser, car quand on monte en l’air, on ne sait pas vraiment où on va. Enfin, si on connaît la direction du vent, on le sait, sauf qu’il peut arriver que celle-ci change d’une minute à l’autre. Il faut être capable d’anticiper. Par exemple, ce soir, je regarderai la météo prévue pour ce week-end. Il faut aussi faire preuve d’observation, de calme et de sérénité. Même si parfois, on peut être confronté à des moments de stress, il ne faut surtout pas le communiquer aux passagers, car ça peut prendre des proportions chaotiques. 

C. H. : Par exemple, il y a deux semaines, je suis parti voler au nord du pays, on a décollé de Bourscheid et on a atterri à Flebour. Il y avait une distance de 500 mètres à vol d’oiseau qu’on a parcourue en une heure. Durant ce vol, je me suis retrouvé pendant 20 minutes au-dessus d’une ligne haute tension, sans aucun vent pour m’aider à me décaler à gauche ou à droite. Donc après un moment, je commençais un peu à m’énerver, sauf que je ne pouvais pas le montrer pour éviter un mouvement de panique. Il s’agit de relativiser et de trouver une solution du mieux qu’on peut. 

La chose à faire ou à ne pas faire dans les airs?

La chose à faire, c’est de contempler les paysages et de profiter du vol. Par contre, quand un pilote me dit qu’il aime bien aller dans les airs pour se relaxer, moi je pense que ce n’est pas idéal. Y être demande une grande concentration du début à la fin, de la déballe à la remballe. Alors, il ne faut pas penser que c’est de tout repos. Ce n’est pas forcément l’activité à laquelle je pense lorsque je viens de passer une journée stressante. Voler pour se calmer, non. Une terrasse avec une bière, peut-être (il rit).

Après, ce qu’il ne faut absolument pas faire, c’est fumer. Même si certains le font quand même, ça peut être dangereux étant donné que nous sommes proches d’une source de gaz.

Qu’attendez-vous de l’édition qui démarre ce week-end?

Comme toujours, les retrouvailles avec des pilotes qu’on n’a pas vus depuis longtemps. Faire la rencontre de personnes d’autres nationalités, d’autres horizons également. Cette année3 000 pilotes et membres d’équipage seront de la partie, pas présents simultanément, mais tout au long des 10 jours. C’est vraiment un sport d’équipe tout compte fait et surtout, ça donne un beau spectacle.

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