Migrants : l’ADR noie le poisson

La vice-présidente Sylvie Mischel «renonce pour le moment» à son mandat après une publication périlleuse sur Facebook.

L’ADR se trouve dans la tourmente depuis la mise en ligne pendant le week-end d’une publication fortement douteuse sur Facebook. La vice-présidente, Sylvie Mischel, également à la tête de la section des Femmes de l’ADR, avait repris une publication du ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, qui avait annoncé samedi que le Luxembourg venait d’accueillir 40 bénéficiaires de protection internationale en provenance du Niger. Sur une photo, on voit le chef de la diplomatie entouré des migrants. Sylvie Mischel a jugé utile de détourner la photo en la créditant du slogan «La première affiche électorale du LSAP pour 2023». Si ce slogan peut être qualifié d’«intention satirique», comme l’a fait hier soir le bureau exécutif de l’ADR dans un communiqué, le contenu du texte d’explication, toujours publié par Sylvie Mischel, a déclenché un tollé dans le monde politique. La vice-présidente du Parti réformateur a mentionné qu’au Luxembourg, il «existe aussi beaucoup de misère», fait qui n’intéresserait guère le gouvernement en place. Autrement dit : Sylvie Mischel s’est indignée que le Grand-Duché préfère accueillir des migrants au lieu de mieux s’occuper de ses propres citoyens. On n’est pas loin d’un commentaire xénophobe.
Pourtant, l’ADR a tenté de noyer le poisson au bout d’une très longue réunion de crise du bureau exécutif. Comme le rapporte la radio 100,7, le secrétaire général, Alex Penning, aurait menacé de quitter le parti si aucune sanction n’était prise à l’encontre de Sylvie Mischel. Le député Fernand Kartheiser, dont la page Facebook est d’ailleurs gérée par Sylvie Mischel, avait partagé la publication.

La vice-présidente se sanctionne elle-même

Dès dimanche, le président Jean Schoos, interrogé par RTL, avait tenté tant bien que mal d’expliquer la publication de Sylvie Mischel. L’ADR ne condamne cependant toujours pas la publication. Le parti tance non pas sa vice-présidente mais cible les auteurs d’«une série de commentaires publiés» en dessous de la publication de Sylvie Mischel qui auraient «dépassé une certaine limite» et dont l’ADR souhaite se «distancer en toute forme». «Tous les membres du comité exécutif ont souligné que la critique politique justifiée du gouvernement ne doit pas être interprétée par d’autres comme « licence » pour laisser libre cours à leurs agressions», souligne encore le communiqué. L’ADR dit même vouloir continuer à «honorer» une culture de la politique digne de ce nom au Luxembourg.

Quid de Sylvie Mischel ? Selon le communiqué du bureau exécutif, elle aurait été la «première à critiquer l’évolution des choses» après sa publication. Elle se serait donc décidée à «poser un signal fort» et à «renoncer pour le moment» à son mandat de vice-présidente et de présidente de la section des Femmes de l’ADR. Avec ce geste, elle compte souligner que «ni elle-même ni l’ADR ne doivent être usurpés comme plateforme pour de piètres sentiments». Comme le rapporte RTL, Sylvie Mischel a été convoquée hier par son employeur pour s’expliquer. Elle travaille auprès de la Banque centrale du Luxembourg. La publication a entretemps été effacée.
En mars 2013, Joe Thein, aujourd’hui président du parti déi Konservativ, s’était fait exclure de l’ADR après avoir apporté son soutien sur Facebook au commentaire d’un internaute qui avait suggéré que Jean Asselborn devrait «faire une balade à bord d’une décapotable à Dallas». L’allusion à l’assassinat du président américain John F. Kennedy était évidente.

David Marques