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Mendicité : le CET dégaine à son tour


Le ministre Léon Gloden avoue que ses preuves se limitent à un paquet de réclamations parvenues à la Ville de Luxembourg. (Photo : julien garroy)

Le dossier ne tombe pas dans les oubliettes, loin de là. Il faut dire que les élus soufflent sur les braises et se font taper sur les doigts. Le Centre pour l’égalité de traitement (CET) se dit choqué.

Le feu couve toujours et repart de plus belle, attisé par les déclarations de certains élus de la majorité, et qui passent mal. Le cas de la députée Simone Beissel (DP) qui a particulièrement visé les mendiants d’origine roumaine lors d’une émission sur Apart TV ont fait beaucoup réagir et elle a été amenée à présenter des excuses pour le choix des mots et du ton utilisés.

Le Centre pour l’égalité de traitement (CET) n’a pas pu s’en contenter. Vendredi, il s’est exprimé dans un communiqué qui condamne les propos de la députée et échevine de la capitale.

Le CET voit un gros problème dans «le fait d’accuser toute une communauté ethnique d’être à l’origine d’une mendicité organisée et agressive». L’élue se retrouve accusée de contribuer «au renforcement des stéréotypes et préjugés à l’origine des comportements discriminatoires et des lourdes conséquences qu’ils peuvent entraîner».

Vives critiques contre Gloden

La circonstance aggravante pour Simone Beissel, aux yeux du CET, se situe dans le statut d’élu qui l’oblige à être «exemplaire» et à «respecter une certaine éthique». Le Centre se dit «profondément choqué des propos tenus» et souligne que «la lutte contre les discriminations et la promotion de l’égalité nécessitent indispensablement un travail de déconstruction des stéréotypes et préjugés, et ce aussi et surtout de la part de personnalités publiques», qui « devraient être tenues responsables de leurs actes».

Le rappel à l’ordre pourrait-il être adressé au ministre des Affaires intérieures également? Le communiqué du CET n’évoque que le cas Simone Beissel. Mais le ministre Léon Gloden vient encore de faire l’objet de vives critiques de la part de l’opposition, comme des internautes qui commentent sa réponse à une question parlementaire du député socialiste Georges Engel.

L’élu du Sud voulait savoir quelles étaient les preuves que le ministre Gloden pouvaient produire, comme il s’en vantait sur les ondes de la radio 100,7, le 13 décembre dernier, concernant les «limousines allemandes immatriculées en Belgique qui débarquaient les mendiants boulevard Royal tous les matins». Si ces preuves existent, qui les a obtenues? Quelles sont les suites judiciaires?

Le député rappelle qu’il existait déjà depuis longtemps des dispositions pénales et un article dans le règlement communal de la Ville de Luxembourg qui sanctionnaient la mendicité «aggravée, intrusive et agressive». Cela bien avant l’introduction de l’interdiction de toute forme de mendicité à certaines heures et dans certaines rues de la capitale.

Enquêtes limitées

Le ministre Léon Gloden avoue que ses preuves se limitent à un paquet de réclamations parvenues à la Ville de Luxembourg, adressées par des riverains, des commerçants et des passants. Comme la question était destinée également à la ministre de la Justice, Elisabeth Margue, le député socialiste a été informé que le ministère n’était pas au courant, non plus, de telles déclarations ou dénonciations qui alimenteraient la thèse de dépôts organisés de mendiants par des grosses limousines allemandes. Aucune enquête sur la base légale des articles existants n’est ouverte.

Des enquêtes ont bien été menées, également contre la mendicité des mineurs, mais n’ont pas pu aboutir, comme ce fut le cas en 2020, 2021 et 2022, faute de pouvoir poursuivre les investigations. L’une d’elles n’a pas permis, par exemple, d’identifier les hommes derrière ces trafics d’êtres humains, malgré les procédures entreprises dans le cadre d’une demande d’ouverture d’une enquête européenne, qui avait été adressée aux autorités judiciaires étrangères.

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