L’ancienne championne française Marion Bartoli (35 ans) est de retour Luxembourg puisqu’elle entraîne désormais Jelena Ostapenko, la lauréate de Roland-Garros 2017. La joueuse lettone affronte la Belge Élise Mertens (n°1) ce jeudi à Kockelscheuer.
Comment cela a-t-il « matché » entre vous et Jelena Ostapenko ?
Marion Bartoli : On se connaît depuis longtemps. Et on est en contact depuis deux ou trois ans. Je l’avais interviewée à Paris lors de son Roland-Garros victorieux vu que c’est moi qui effectuais les réactions en bord de terrain pour la Fédération française de tennis et le tournoi de Roland. Par la suite, vu que je regarde beaucoup de matches en commentant, elle m’a demandé des conseils tactiques sur certaines joueuses qu’elle n’avait pas vues.
Et petit à petit, elle m’a de plus en plus demandé mon avis, finissant par se dire que plutôt que de demander par message, pourquoi ne pas me faire venir sur un tournoi ? Et cela a marché tout de suite entre nous. On s’entend bien sur le plan du caractère. Et puis, avoir à ses côtés une autre fille qui a vécu les mêmes choses sur le terrain, cela permet de se sentir soutenue.
À Linz, la semaine dernière, vous avez glissé que c’était plus facile pour vous de coacher Jelena Ostapenko parce que vous avez le même type de jeu…
Effectivement. On a un profil similaire, deux joueuses fortes en retour, qui sont des cogneuses, qui prennent la balle tôt. Je pouvais défendre, mais ce n’était pas vraiment le secteur où j’étais la plus forte. Moi, j’étais à l’attaque. Et Jelena est comme ça aussi. Avec beaucoup de points gagnants mais un service à améliorer. Si j’avais joué toute ma carrière trois mètres derrière la ligne de fond, j’aurais plus de mal à coacher une fille comme elle. Nos similarités doivent la rassurer quand je lui donne des conseils tactiques.
Le tennis m’a finalement redonné le goût de vivre
Vous avez arrêté votre carrière de joueuse en 2013. Avant de tenter un come-back en 2018 qui ne vous a pas menée très loin. Quel était le souci ?
Mon épaule droite ! La même qui m’avait posé problème en 2013, à un point où la douleur ne devenait plus soutenable. J’ai eu de gros problèmes psychologiques que j’ai expliqués dans mon livre (NDLR : Renaître paru voici quelques mois) et, pour moi, le tennis a été en 2018 une thérapie pour essayer de retrouver confiance en moi. De juste être heureuse en frappant simplement dans une balle.
Et comme cela se passait bien sur le terrain, je me suis dit derrière : « Pourquoi ne pas tenter un retour ? » Mais mon épaule droite n’a plus la capacité d’encaisser tout ce qu’il faut : les services, les entraînements… Cela me fait très mal. C’est pour ça qu’on prend un sparring-partner pour jouer avec Jelena. Du fond du court, je pourrais encore jouer avec elle. Mais au service…
Pour en revenir à 2018, je n’ai absolument pas regretté ce retour. Car c’est quelque chose qui m’a permis de reprendre pied dans la vie. J’en étais à un stade, avec l’anorexie qui me touchait notamment, qui était très compliqué… Et le tennis m’a finalement redonné le goût de vivre. La passion du tennis m’a aidée à m’en sortir.
On vous a vu taper la balle avec votre compagnon après l’entraînement de votre joueuse…
On adore jouer. C’est une passion d’enfant chez moi. Simplement le bonheur de sentir la balle… J’aimerais bien qu’on me greffe une nouvelle épaule. Malheureusement, ce n’est plus possible (elle sourit).
Entretien avec Julien Carette