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Mammographie au Luxembourg : hors programme, point de salut


Les délais pour obtenir une mammographie sont parfois impressionnants sauf si l’examen est réalisé dans le cadre du programme de dépistage du cancer du sein du ministère de la Santé. (illustration AFP)

Les délais d’attente pour une mammographie hors programme de dépistage sont estimés à entre 6 et 18 mois. Une ineptie pour les gynécologues qui nous disent l’exaspération des femmes.

«Les femmes sont embêtées», explique sobrement le Dr Paul Kayser, gynécologue. Les délais pour obtenir une mammographie sont parfois impressionnants sauf si l’examen est réalisé dans le cadre du programme de dépistage du cancer du sein orchestré par le ministère de la Santé. Jusqu’à un an et demi d’attente au centre hospitalier de Luxembourg et plusieurs mois ailleurs. Et la pandémie n’a rien arrangé.

Les femmes sont surtout très lasses de devoir attendre si longtemps pour une mammographie alors qu’elles sont prises d’un doute, surtout celles qui ont guéri d’un cancer du sein quelques années auparavant. «Nous pouvons toujours les rassurer et être certains, après une consultation, qu’il ne s’agit pas d’une récidive, je comprends bien que la patiente ait envie d’être rassurée par une mammographie. Nous ne pouvons pas invoquer le risque à chaque fois car nous risquons nous-mêmes de ne plus obtenir de créneaux d’urgence pour un rendez-vous à très court terme, alors la patiente doit attendre quatre mois, c’est long pour elle», explique le Dr Marc Peiffer, gynécologue au CHL.

Évidemment, pour les deux médecins, cette situation résulte d’un système centré sur l’hôpital et d’une médecine d’État qui décide de tout. La loi hospitalière, rigide et extrêmement contraignante, comme ils l’expliquent, a d’ailleurs conduit à la fermeture de la maternité d’Ettelbruck et il est à craindre qu’Esch-sur-Alzette soit la suivante sur la liste.

Les deux gynécologues défendent unanimement l’installation de cabinets privés comme celui de Grevenmacher qui a ouvert ses portes la semaine dernière ou celui de Gasperich, dans un passé récent. Les délais pour obtenir une IRM ou une mammographie prouvent à suffisance qu’il est urgent de prendre des mesures. Le ministère y travaille. Mais c’est long.

«Moi aussi j’ai été malade pendant la pandémie, j’ai dû rattraper une semaine de rendez-vous et pour y arriver j’ai consulté jusque tard le soir, mais dans un service public hospitalier, les horaires sont les horaires», regrette Paul Kayser.

Un manque de personnel

Le gynécologue qui a commencé sa carrière en Allemagne a goûté à la médecine à deux vitesses dans ce pays et «adoré» le système de santé luxembourgeois qui n’applique aucune distinction de classe. «Malheureusement, je dois constater aujourd’hui que ceux qui ont de l’argent peuvent se permettre d’aller à Trêves pour un diagnostic qu’ils ne peuvent obtenir ici dans des délais raisonnables», condamne-t-il.

De son côté, le Dr Marc Peiffer s’interroge sur l’opportunité de pratiquer un programme de dépistage dans les hôpitaux. «Depuis quand fait-on de la médecine préventive dans un hôpital ?», questionne-t-il. C’est un rôle pour le secteur extra-hospitalier et selon lui, les mammographies doivent être associées au débat sur les IRM. Ce sont des examens qui peuvent se pratiquer hors de l’hôpital.

Il a conscience des retards importants que la pandémie a engendrés. Précisément parce que l’hôpital était hermétiquement fermé, et qu’il n’était plus guère possible de réaliser des examens s’inscrivant dans les programmes du ministère. Mais les problèmes ne datent pas d’hier. La pandémie n’est pas la cause de la fermeture de la maternité et les délais pour obtenir une mammographie s’étendaient déjà avant la crise. Les problèmes de personnel dans le secteur médical étaient déjà bien réels eux aussi. «Avoir des appareils supplémentaires ne garantit pas d’avoir les personnels qui vont avec, c’est l’autre souci. Mais on peut imaginer un radiologue intervenir sur plusieurs cabinets comme ça se fait en Moselle par exemple. Bref avec un peu d’imagination, on peut améliorer la situation», suggère Marc Peiffer.

Cette loi hospitalière ne leur inspirait rien de bon dès le départ. «Ils ont peur que les gens ne soient pas sous le régime de la loi hospitalière, et le virage ambulatoire, ce ne sont que des belles phrases», conclut amèrement Paul Kayser, en pointant du doigt les socialistes qui empêchent toute évolution du système hors des murs de l’hôpital.

La discussion sur la médecine ambulatoire doit avoir lieu, la commission de la nomenclature doit se saisir du dossier et déterminer un tarif de remboursement des frais extrahospitaliers. Le ministère avance à reculons, le secteur médical ronge son frein et les patients prennent leur mal en patience.

2 plusieurs commentaires

  1. Chers Paul et Marc, La vérité est que la ministre de la santé s’oppose par tous les moyens à un accord sur les tarifs de remboursement aux patients pour l’imagerie dans la commission de nomenclature!
    Elle a personnellement intervenu (début 2022) pour retirer les saisines déposées (en mai 2021) de l’ordre du jour, après un premier boykott de la réunion en octobre 2021 par les représentants de l’état !
    Elle se fout complètement des jugements de tribunal administratif et de la cour constitutionnelle, comme du code de la sécurité sociale pour défendre le monopole d fond de commerce syndical dans les hôpitaux.
    Elle prend en otage les médecins comme les patients!

  2. Au kirchberg j’ ai attendu mon rv mammo des mois. Le jour j j’étais là, ponctuelle, et la secrétaire m’a dit » il y a pas de mammo auj.! » 1 atm absente, et ils annulent tout! Sans prévenir!!! Sans nouveau rv urgent, pour cancer!!! J’ ai changé de dr + clinique…