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[Made in Luxembourg] Les œufs bios de Daniel Lentz, jeune agriculteur


Daniel Lentz travaille main dans la main avec Georges Peping, qui lui donne la possibilité de reprendre sa ferme. (Photos : didier sylvestre)

Moins de 1 km sépare le poulailler mobile et le distributeur où on peut acheter les œufs bios du Bio-Haff Lentz, entre Ersange et Trintange. Une exploitation que reprend Daniel Lentz, pas encore 30 ans.

Le produit

En passant sur la route menant de Luxembourg à Remich, on remarque cette grande remorque autour de laquelle se promènent des poules, entre Moutfort et Ersange. L’installation, en place depuis le début de l’automne dernier, est gérée par le Bio-Haff Lentz (Ersange). Daniel Lentz, jeune agriculteur qui va fêter 30 ans ce mois-ci, reprend l’exploitation bio qu’il souhaite placer au plus près des consommateurs.

«Nous produisons déjà des agneaux dans le cadre d’un programme de biodiversité, mais la demande est saisonnière, explique-t-il. Pour entamer une diversification, les poules sont assez pratiques. On peut se lancer vite, les investissements sont maniables et on peut s’approprier le savoir-faire assez vite. Et puisque le ministère de l’Agriculture incite les maisons relais et les écoles à cuisiner davantage d’aliments bios et locaux, la demande augmente.»

Ce poulailler mobile a tout de même un coût : autour de 100 000 euros. Il faut donc vendre un paquet d’œufs avant de le rentabiliser, «mais nous sommes sur la bonne voie», sourit l’agriculteur, qui envisage même d’en acheter un autre prochainement.

Facile à installer, il suffit d’un tracteur, le poulailler est autonome. Les panneaux solaires sur le toit donnent l’énergie qui permet d’ouvrir et fermer les portes les soirs et matins, libérer la nourriture (maïs, graines…) et l’eau et chauffer l’intérieur si besoin. «Tout est programmable, c’est vraiment pratique, acquiesce le jeune homme. Je n’ai qu’à récupérer les œufs en fin d’après-midi, vérifier qu’il y a assez de nourriture et d’eau et assurer l’entretien et la maintenance.»

Et visiblement, les poules sont heureuses : ces 340 pondeuses donnent entre 310 et 320 œufs par jour. «On dit que lorsque 82 à 84 % des poules pondent tous les jours, l’élevage est en bonne santé. Moi, j’en suis à plus de 92 %.»

Au printemps, les poules pourront même profiter d’un nouvel emplacement puisque Daniel Lentz déplacera le poulailler pour que les volatiles évoluent sur une terre fraîche.

Le producteur

Le profil de Daniel Lentz n’est pas banal puisque le jeune homme n’a hérité d’aucune exploitation, ses parents n’étant pas du milieu. Sa passion pour la nature lui a été transmise par un grand-père amateur de grand air qui chassait, entretenait ses vergers et passait du temps dans son chalet au milieu des arbres. Les moments passés avec lui l’ont convaincu : la nature serait son terrain de jeu à lui aussi! Il passe son bac avec une spécialisation nature et forêt, puis poursuit ses études à l’université de Fribourg (Allemagne).

Ses diplômes en poche, il cherche un emploi salarié. Bâtir ou reprendre une ferme, son rêve, demande des moyens dont il ne dispose pas. Il trouve alors un poste qui le comble, à la station biologique du SIAS, où il est le responsable de la plantation et de l’entretien des vergers. Le syndicat intercommunal gère (notamment) les actions environnementales de 22 communes du quart sud-est du pays.

C’est au cours de ses rencontres avec l’agriculteur d’Ersange, Georges Peping, que son avenir va prendre une nouvelle direction. «Georges voulait mes conseils pour planter de nouveaux arbres fruitiers, avance Daniel Lentz. Je suis allé chez lui et, au fil des discussions, nous avons très vite constaté que l’on avait les mêmes passions. Il m’a donné la possibilité de m’engager dans sa ferme et de donner ainsi un avenir aux projets dans lesquels il s’est lancé ces dernières années.»

L’opportunité ne peut être ignorée et les deux hommes se mettent d’accord. «Maintenant, je travaille le matin pour le SIAS et je passe mes après-midis à la ferme. Tant que Georges souhaite rester, nous maintiendrons cette organisation qui me va très bien. Elle me permet de conserver un salaire fixe, tout en lançant la transformation de la ferme. Cette étape de transition est une chance d’autant que Georges me laisse effectuer les changements que je veux. Les installations sont anciennes, il y a beaucoup de choses à faire et il me soutient dans toutes mes décisions.»

Où les trouver?

Après le poulailler, il suffit de rouler quelques centaines de mètres pour acheter les œufs : difficile de trouver un circuit plus court! Ils sont disponibles dans un distributeur automatique installé sur la route principale de Trintange, près des ateliers communaux. «La commune de Waldbredimus soutient ce projet de manière enthousiaste, apprécie-t-il. Elle a préparé l’endroit, effectué le raccordement à l’électricité et m’a même fait de la pub dans le bulletin communal!»

Et ça marche : «La route est passante et je pense que les gens font le lien avec le poulailler qui est tout près. Les ventes augmentent et je dois maintenant remettre des boîtes tous les deux jours. Je ne m’attendais pas à un tel succès!»

Le jeune agriculteur livre également ses œufs dans une demi-douzaine de maisons relais de la région, des épiceries (Thym Citron à Luxembourg, Les Paniers de Sandrine à Munsbach…) et plusieurs restaurants. Ses œufs sont notamment appréciés par les restaurants italiens, qui les utilisent pour réaliser leurs pâtes et la pâte à pizza.

Je dois maintenant remettre des boîtes tous les deux jours dans le distributeur

À RETENIR

·Le poulailler mobile du Bio-Haff Lentz est situé entre Moutfort et Ersange. Il accueille 340 poules qui ont environ 12 ares à disposition. Elles pondent entre 310 et 320 œufs bios par jour. Grâce à des panneaux solaires, l’installation est autonome.

Daniel Lenz est employé par le SIAS à mi-temps pour s’occuper des vergers de 22 communes du sud-est du pays. Il reprend progressivement la ferme de Georges Peping, agriculteur sans succession. Pour les deux hommes, cette association est idéale.

Les œufs sont disponibles dans un distributeur automatique installé sur la rue principale de Trintange, devant les ateliers communaux. Daniel Lentz les livre également à des maisons relais, des épiceries et des restaurants. La demande ne cesse de croître.