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Luxembourg : presque une femme sur trois a subi des violences physiques


(Photo : archives editpress)

“Stalking”, harcèlement moral, sexuel… Une étude du Statec révèle qu’au Luxembourg, près d’une femme sur trois a déjà subi des violences physiques, psychologiques, sexuelles ou économiques au moins une fois dans sa vie.

Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), la violence contre les femmes est l’une des violations des droits humains les plus courantes dans le monde. Et le Luxembourg ne fait pas figure d’exception. 

Si, pour la première fois depuis 2017, le nombre d’interventions de la police et d’expulsions en lien avec des violences domestiques est en baisse au Luxembourg, deux tiers des femmes déclarent avoir été victimes de violences physiques, psychologiques, sexuelles ou économiques au moins une fois dans leur vie.

Un chiffre révélé par une étude du Statec, qui a interrogé la population résidente au Grand-Duché sur ses expériences en matière de violence physique, sexuelle et psychologique, y compris le harcèlement moral, les actes de violence entre partenaires intimes (“violence conjugale”), le “stalking”, le harcèlement sexuel et les abus via les réseaux sociaux.

L’enquête sur la Sécurité a été conduite pour la première fois au Luxembourg en 2013. Pour la vague actuelle, qui se rapporte aux années 2019 et 2020, 5 695 résidents luxembourgeois, dont 2 734 femmes, sélectionnés de manière aléatoire, ont été interrogés.

L’enquête a été réalisée par Internet ou par téléphone en 5 langues (français, luxembourgeois, allemand, anglais et portugais). Les réponses sont pondérées pour corriger le biais d’échantillonnage. L’étude est un complément aux statistiques administratives (Police, Parquet et Administration Pénitentiaire) qui ne donnent qu’une image partielle de la délinquance au Luxembourg, puisque les chiffres ne concernent que les incidents ayant fait l’objet d’un dépôt de plainte.

L’enquête couvre différents types de crimes et de délits dont les résidents de 16 ans ou plus ont pu être victimes au Luxembourg ou à l’étranger. L’ensemble des données collectées permet de dresser un panorama complet de l’ampleur et l’évolution de la criminalité ainsi que son impact social sur la population résidente.

Concernant la violence, on se base sur une définition élargie de violence prenant en compte ses différentes formes (physique, sexuelle, psychologique et économique). Cette approche inclut des actes de pouvoir qui ne sont pas des crimes, mais qui se situent sur les “continuums” de la violence et des actes d’abus non physiques.

C’est-à-dire que l’étude repose sur une compréhension globale de la violence qui prend en compte des actes physiques et des actes d’abus non physiques, des actes criminels et non criminels.

Ainsi, une femme sur deux a subi au cours de sa vie des agressions psychologiques comme le “stalking”, le harcèlement moral ou sexuel, ou l’emprise relationnelle dans le couple. Presque une femme sur trois a subi des violences physiques. Un peu moins d’une femme sur trois a subi une forme de violence sexuelle au cours de sa vie et une sur dix a subi des formes graves de violence sexuelle, c’est-à-dire un viol ou une tentative de viol. 

Que ce soit au travail, dans l’espace public ou la sphère privée, rien que pendant les 12 derniers mois précédant l’enquête, environ 15% des femmes ont subi des violences psychologiques et 7% des violences physiques et/ou sexuelles. 

Juste en dessous de la moyenne européenne 

Une étude européenne, menée par la FRA (Agence des Droits Fondamentaux de l’Union européenne) en 2015, atteint un résultat comparable : avec 7 % des femmes ayant subi des actes de violence physique ou sexuelle au cours des douze derniers mois, le Luxembourg se situe juste en dessous de la moyenne européenne. 

Les chiffres tendent à être plus élevés dans les pays de l’ouest (Belgique, France, Pays-Bas) et du nord (Danemark, Suède) que dans ceux du sud (Malte, Espagne) et de l’est (Pologne, Slovénie) de l’Europe. 

Ces comparaisons entre les pays doivent cependant être considérées avec une certaine prudence, car un climat social favorable est nécessaire pour que la violence contre les femmes soit discutée et problématisée publiquement, et pour que les personnes concernées puissent exprimer leurs expériences. 

Violence conjugale et répétée 

La violence contre les femmes a de nombreux visages. Elle se manifeste également dans les relations personnelles : 4% des femmes vivant au Luxembourg ont déclaré avoir subi des violences de la part de leur partenaire ou ex-partenaire au cours des douze derniers mois (contre 2% des hommes). 

Les femmes sont plus susceptibles de subir des violences de la part de leurs proches et risquent donc davantage de subir des formes répétées de violence. 15% des femmes contre 10% des hommes ont connu une série d’incidents similaires au cours des 12 derniers mois, avec des actes de même gravité, provenant des mêmes auteurs et se produisant dans le même contexte.

Outre la victimation répétée, le fait de subir différentes formes de violence c’est-à-dire la victimation multiple, est une situation particulièrement stressante pour les personnes concernées. Un quart des femmes qui ont été victimes de violence au cours des 12 derniers mois ont en fait subi deux formes de violence ou plus. 

Pour l’ensemble de la société, cela signifie que 15% des femmes ont subi un type de violence au cours des 12 derniers mois, et 4% en ont subi deux types différents. La part de femmes ayant vécu trois types de violence est de 1 %, et pour les quatre types, il est inférieur à 1%. 

L’âge, un facteur de risque ? 

Que ce soit les violences physiques, psychologiques, sexuelles ou économiques, les jeunes femmes sont largement plus touchées que les plus âgées. Parmi la classe d’âge des 16-24 ans, une femme sur six a subi une agression physique au cours des 12 derniers mois. Idem pour la violence sexuelle. 

Presque une jeune femme sur trois a subi du harcèlement moral ou sexuel ou une autre forme de violence psychologique. Le risque pour une femme d’avoir été victime de violences diminue significativement avec l’âge : pour toutes les formes de violence, la relation entre l’âge et la victimation est statistiquement significative, révèle le Statec. 

Sentiment d’insécurité 

L’exposition à la violence au cours des 12 derniers mois développe, sans surprise, un fort sentiment d’insécurité et fait craindre aux femmes victimes d’être à nouveau agressées : ainsi, 41% des femmes victimes déclarent être «plutôt inquiètes» ou «très inquiètes» d’être attaquées par un inconnu, contre 27% des femmes n’ayant pas subi de violence. 

Pour rappel, la police est intervenue en moyenne, en 2021, près de 76 fois par mois, pour des faits de violence domestique. La majorité des victimes, 60,28%, sont de sexe féminin et 39,72% de sexe masculin.