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Luxembourg : l’artisanat a besoin de 18 800 bras


L'Artisanat est le premier employeur du pays occupant 23% de l'emploi national. (Crédit photo: Anne Lommel)

Selon une récente enquête de la Chambre des Métiers luxembourgeoise, le secteur l’Artisanat a besoin de trouver sur les 12 prochains mois environ 9 400 salariés.

Le premier employeur du pays, l’Artisanat, a tiré la sonnette d’alarme ce mercredi à l’occasion d’une conférence de presse sur le sujet, en affirmant avoir besoin d’environ 9 400 salariés pour combler les besoins de ses 7 459 entreprises qui occupent déjà 94 758 personnes dont 88 128 salariés.

Un nombre énorme alors que le secteur a créé en 2018 près de 3 141 postes de salariés.

Le défi est complexe et sonne comme une priorité pour assurer l’avenir, sachant qu’en plus de cela, sur les dix prochaines années entre 20 000 et 23 000 personnes travaillant dans le secteur de l’Artisanat vont partir à la retraite.

Les raisons de ce besoin en main d’oeuvre sont diverses et complexes. Mais la Chambre des Métiers en a identifié trois. La première étant la nécessité de trouver des profils avec des compétences nouvelles en lien avec la transition énergétique et la digitalisation. La deuxième raison de cette pénurie se trouve dans un effet structurel dans la mesure où la population est vieillissante, impliquant un grand nombre de départ à la retraite sur la prochaine décennie. Et enfin, troisième raison identifiée, l’augmentation des mesures familiales telles que l’élargissement du congé parental et paternité. «Nous ne sommes pas contre cette réforme, mais nous demandons un peu plus de flexibilité» a plaidé Tom Wirion,  directeur général de la Chambre des Métiers, donnant l’exemple d’une petite structure pouvant rapidement être coincé avec deux congés paternités.

Par quelles routes ? Pour quels logements ?

Mais ce défi va également se confronter à d’autres thèmes de société. En effet, si l’Artisanat fait tout pour garder sa main d’oeuvre déjà existante, celle-ci est mise à dure épreuve avec les problèmes de mobilité du pays qui n’incitent pas ou moins la main d’oeuvre étrangères à venir travailler au Luxembourg. C’est même un cercle vicieux, puisque pour régler ce problème de mobilité le pays est en train d’investir dans ses infrastructures, mais pour pouvoir les construire, le Luxembourg va là encore avoir besoin d’une main d’oeuvre conséquente issue de l’artisanat. Et pour complexifier encore le sujet, faire venir une main d’oeuvre étrangère venant de plus loin que la Grande Région, nécessite, selon la Chambre des Métiers, un assouplissement des règles pour faire travailler une main d’oeuvre issue de l’immigration.

Et même en réglant ce problème, il faut encore pouvoir loger cette immigration dans un pays où le logement est toujours plus cher et n’ayant pas une grande offre locative avec des loyers modérés. «C’est pour cela que nous mettons dès maintenant sur la table des réflexions et des recommandations politiques afin de trouver des solutions ensemble» a souligné Tom Wirion. Une de ces réflexions est la mise en place d’un «package de mesures immigration» avec notamment un programme de construction de logements pour les travailleurs étrangers. Une idée renvoyant à ce qui se pratiquait à l’âge d’or de la sidérurgie où l’employeur mettait à disposition des logements pour ses salariés et où les étrangers vivaient regroupé dans les mêmes quartiers.

Evidemment, la Chambre des Métiers ne souhaite pas en arriver à cette situation et souligne la nécessité d’inclure dans ce même package des infrastructures d’accueil et d’intégration. 

Les autres recommandations et réflexions tournent autour de la promotion de l’Artisanat chez les jeunes et de la création d’un Observatoire des besoins en compétence, d’une meilleure coopération avec l’Adem et les différents ministères, de la promotion de mesures innovatrices de gestion des âges dans les entreprises ou encore accroître le taux d’emploi féminin,

J.Z.

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