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Luxembourg : la Fair Fashion sort une nouvelle collection


La collection comporte huit pièces toutes imaginées par des artistes luxembourgeois. (Photos : fairtrade lëtzebuerg)

Pour la deuxième édition du Fair Fashion Lab, Fairtrade Luxembourg revient avec huit nouveaux vêtements mettant en lumière des artistes locaux, mais aussi des modes de production plus responsables.

Le 24 avril 2013, l’effondrement au Bangladesh du Rana Plaza, un immeuble abritant les ateliers de confection de nombreuses marques de prêt-à-porter, faisait plus de 1 000 morts parmi les ouvriers.

Depuis, une lente prise de conscience a germé dans l’esprit de certains consommateurs de plus en plus convaincus que la fast fashion, qui s’est imposée dans le monde de la mode, ne pouvait conduire qu’à une impasse.

Plus de dix ans après ce drame, la situation ne semble pas s’être améliorée. Les grandes marques de vêtements ont accéléré la transition vers une mode de plus en plus éphémère et coûteuse tant pour la planète que les droits humains (voir encadré).

Mais en parallèle, de nouveaux mouvements se sont élevés pour proposer une alternative à ce système et repenser la mode d’une manière plus durable et équitable.

Au Grand-Duché, l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg s’est emparée du sujet pour proposer en 2021 le Fair Fashion Lab. Cette initiative a permis de réaliser une ligne de vêtements unique dessinée par des artistes luxembourgeois tout en respectant les standards fairtrade.

«Le bilan était vraiment positif, se remémore avec enthousiasme Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg. L’un des revendeurs, Asport, nous avait dit que notre hoodie était l’une des pièces les plus vendues.» Cet engouement a donc décidé l’association à se lancer, trois ans plus tard, dans une nouvelle collection dans le cadre de la campagne «Rethink your clothes».

«Repenser notre rapport à la mode»

Six artistes, différents de ceux de 2021 afin de mettre en avant d’autres visages, ont été conviés à imaginer de nouveaux designs : Lisa Gardin, Melissa Di Bernardo, Simone Lazzaretti, Soraia Da Silva Ferreira, Tiffanie Ferrandini et Damien Giudice.

Pour certains, comme Tiffanie Ferrandini, c’est un rêve d’enfant qui se concrétise dont elle est d’autant plus fière qu’il s’exprime dans un projet éthique. «La Fair Fashion incarne un changement de mentalité. Elle nous invite à repenser notre rapport à la mode et à privilégier la qualité sur la quantité, l’authenticité sur l’éphémère.»

Pour élaborer les différents vêtements, ils ont travaillé en étroite collaboration avec les partenaires de Fairtrade Lëtzebuerg (Asport, Action Wear, l’atelier de confection Francis et la fondation Kräizbierg) chargés d’imprimer leurs designs.

Ceux-ci devaient être parfaitement calibrés pour bien s’accorder avec chacune des pièces. «Pour la chemise, nous avons une artiste qui voulait d’abord faire broder le motif, mais c’était trop minutieux», précise Geneviève Krol. Elle s’est donc résolue à le faire imprimer et à l’affiner pour qu’il s’insère parfaitement sur la chemise.

Damien Giudice a conçu les visuels du bob et du tote bag, vendus directement sur son site internet.

300 étapes de production

Pendant ce temps, à 7 000 kilomètres du Grand-Duché, des producteurs indiens ont cueilli le coton qui a servi à la confection des vêtements. «Ce ne sont que des petits producteurs, regroupés en coopérative, qui possèdent chacun deux ou trois hectares.»

Le coton a ensuite été envoyé dans des ateliers de confection, eux aussi en Inde, afin de réaliser les pièces expédiées ensuite au Luxembourg. La production comme la confection sont toutes deux certifiées Fairtrade. «Nous sommes allés sur le terrain, raconte Geneviève Krol. Il y a 300 étapes entre la graine de coton de départ et un tee-shirt !»

La certification s’assure que les cueilleurs et les ouvriers sont rémunérés à leur juste valeur. «Le but est de proposer des prix justes et de développer des projets sociaux.» Grâce à l’ONG, un centre de formation ainsi qu’une école ont par exemple pu voir le jour en Inde.

L’empreinte écologique est également au cœur des considérations. Très demandeur en eau et souvent gros consommateur d’engrais, ce qui nuit aux nappes phréatiques, le coton est loin d’être exemplaire à ce niveau.

Toute la production de Fairtrade est donc certifiée GOTS (Global organic textile standard). «Pour leurs teintures, les producteurs utilisent 95 % de leur eau en système fermé. Ils se servent aussi d’encre naturelle.» La certification GOTS prévoit d’autres exigences comme l’interdiction des OGM ou l’utilisation de textiles composés à 95 % de fibres biologiques. «On oublie souvent que l’aspect environnemental est aussi un pilier du commerce équitable.»

Rendre la mode équitable «attrayante»

Une fois les pièces arrivées au Luxembourg, le logo peut être ajouté. C’est alors une toute nouvelle collection originale composée de deux tee-shirts, d’un sweat, d’une chemise, d’un tote bag, d’un tablier, d’un bob et d’une pochette pour ordinateur qui voit le jour.

Créée en respectant chacun des maillons de la chaîne, celle-ci a évidemment un coût plus élevé que les produits de la fast fashion. Mais Fairtrade Lëtzebuerg s’attache à rester sur des prix abordables, proches du milieu de gamme. Le tee-shirt est par exemple vendu à 30 euros quand le bob ou le sac sont vendus à 20 euros.

De quoi garantir des pièces plus durables, produites dans le respect de la nature et des travailleurs, et avec un look unique pour définitivement se différencier des grandes marques interchangeables. «L’idée est de montrer que la mode équitable peut être attrayante, sympathique et accessible.»

Liste des points de vente sur rethink.lu

Une industrie particulièrement polluante

Ce n’est plus un secret pour personne, la mode est l’une des industries les plus néfastes à l’environnement. Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), elle est émettrice de 10 % des gaz à effet de serre et le troisième secteur le plus consommateur d’eau (4 % de l’eau potable) après la culture du riz et du blé

L’essor de la fast fashion n’a fait que détériorer l’impact environnemental de la mode qui vend aujourd’hui plus de 130 milliards de vêtements par an.

La production de matières premières est l’un des principaux problèmes avec des fibres synthétiques, comme le polyester, produites pour la grande majorité à partir de pétrole ou le coton très demandeur en eau, pesticides et engrais.

Avec des processus toujours plus externalisés, le bilan carbone du transport des vêtements est, lui aussi, alarmant : un jean peut par exemple parcourir jusqu’à 65 000 km entre le champ de coton et le magasin où il sera vendu, soit 1,5 fois le tour de la planète.

Enfin, la fast fashion et ses collections éphémères conduisent à une surconsommation et un gaspillage sans précédent : en Europe, 4 millions de tonnes de déchets vestimentaires sont jetées par an.

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