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Luxembourg : il avait mangé 35 fois au restaurant sans payer


Le quinquagénaire a écumé plus d'une bonne adresse entre fin 2015 et janvier 2018. (Photo : Fabienne Armborst)

Ce n’est pas l’argent qui manquait à cet ancien enseignant. Son curateur ne lui passait pas assez d’argent de poche à son goût. Avec ses grivèleries, le quinquagénaire, placé sous tutelle, voulait manifester son mécontentement. Vendredi après-midi, il comparaissait devant le tribunal correctionnel. L’addition s’annonce salée…

Un cognac , un cordon bleu, un crumble, deux pinots gris, une bouteille de San Pellegrino, un expresso… Romain dégustait ses repas au restaurant. C’est le moins que l’on puisse dire. Sauf qu’au moment de payer l’addition, il faisait savoir qu’il n’avait pas d’argent.

Le quinquagénaire a écumé plus d’une bonne adresse entre fin 2015 et janvier 2018. Midi et soir. Trente-cinq fois au total. Il y a eu des restaurants huppés de la place d’Armes, une chaîne de restauration rapide, des pizzerias, brasseries, restaurants asiatiques… sans oublier la Schueberfouer! Il n’y a pas que dans la capitale que Romain a sévi. Tout le pays y est passé : Mersch, Grevenmacher, Junglinster, Esch-sur-Alzette, Rumelange, Schifflange, Wormeldange, Remich…

Et chaque sortie avait son prix. Cela allait de la simple consommation de quelques euros au menu complet jusqu’à plus de 80 euros. « Après l’apéro, Monsieur se fait servir un plat, puis un dessert. En général il n’hésite pas non plus à s’offrir une bouteille de vin pour terminer avec un digestif », constate le représentant du ministère public.

« Mon intention n’était pas de porter préjudice aux restaurants. Mais à l’époque je trouvais qu’on me traitait injustement : j’étais placé sous tutelle et je n’avais aucun droit », expliquait le prévenu de 58 ans, vendredi après-midi, à la barre de la 18e chambre correctionnelle. « On me donnait trop peu d’argent. Si je voulais aller au cinéma, au théâtre ou au restaurant, ce n’était pas possible. »

Après avoir fini son repas, l’ancien enseignant ne prenait pas les jambes à son cou. Souvent quand il annonçait qu’il ne pouvait pas payer la note, la police arrivait sur place : « Je lui expliquais que mon curateur me traitait injustement. Et que je n’avais pas envie de souffrir de cette mesure jusqu’à la fin de mes jours. »

Il aurait fallu attendre le 14 janvier 2018 pour que Romain commette sa dernière grivèlerie. À cette date, il avait choisi un restaurant sur la place d’Armes. L’addition : 55,70 euros.

Une rente d’invalidité de 4 000 euros par mois

« Avec la nomination du nouveau curateur, il n’y a plus de problèmes. Mais à l’époque les 300 euros d’argent de poche par mois, c’était une véritable cochonnerie », estime Me Baulisch. L’avocat relève que l’ancien enseignant a toujours eu suffisamment de revenus avec sa rente d’invalidité de 4 000 euros par mois et ses 500 000 euros sur son compte d’épargne. Bref, avec ces grivèleries, « mon client voulait attirer l’attention », conclut Me Baulisch demandant au tribunal de tenir compte des problèmes personnels dans sa vie.

Si la défense estime que l’amende prononcée ne devra pas dépasser le total des 35 grivèleries tournant en moyenne autour des 50 euros, cela n’est pas du goût du parquet.

Neuf mois de prison et 5000 euros d’amende requis

Son représentant n’a pas hésité à qualifier le quinquagénaire de « vrai criminel et de multirécidiviste ». Depuis un certain temps, le quinquagénaire se trouverait dans le viseur de la justice. Il n’en serait pas à sa première affaire. Début 2016, il a atterri devant le tribunal pour une soixantaine de grivèleries. Le procès en appel en novembre dernier s’est terminé par une condamnation à 15 mois de prison assortis d’un sursis probatoire. « Il a déjà reçu une chance. Après cette condamnation, il y a eu quatre nouvelles grivèleries », considère le parquet qui voit comme unique circonstance atténuante l’altération de ses facultés diagnostiquée par une experte psychiatre.

Il requiert neuf mois de prison et une amende de 5 000 euros. Si le tribunal assortit la peine d’un sursis probatoire, il lui demande de l’obliger à se soumettre à un traitement psychiatrique, d’indemniser les différents restaurants et de ne plus commettre de grivèleries.

Le tribunal rendra son jugement le 21 juin.

Fabienne Armborst

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