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[Ligue Europa] Union-Union, duel de trublions et d’amateurs de «football vrai»


Auteurs d’un bon nul contre le Bayern Munich samedi, les Berlinois partiront favoris ce soir contre l’Union Saint-Gilloise d’Anthony Moris. (Photo : AFP)

L’Union Saint-Gilloise et Anthony Moris font ce jeudi soir leur entrée en Ligue Europa à Berlin sur le terrain d’une autre Union, un club au parcours et à la fibre populaire similaires.

Quelques minutes tout au plus. C’est le temps qu’il aura fallu cet été aux 22 012 sièges du Stadion An der Alten Försterei («L’ancienne maison forestière», en VF), l’antre de l’Union Berlin, pour trouver preneur en vue de la réception de l’Union Saint-Gilloise, ce jeudi soir lors de la 1re journée de la phase de groupes de la Ligue Europa.

Quoi d’étonnant pour un club qui évoluait au début du siècle en Regionalliga (D4), traînait encore ses guêtres – depuis une décennie – en D2 il y a un peu plus de trois ans, et dont le bilan européen n’affichait avant la saison dernière et sa campagne de Conference League que deux malheureux tours de Coupe de l’UEFA (l’ancien nom de la Ligue Europa)?

Ne nous y trompons pas, toutefois : les supporters n’ont pas attendu la montée en Bundesliga en mai 2019 et les deux qualifications européennes successives pour avoir l’Union Berlin dans le sang. Certains l’ont même donné, leur sang (NDLR : un geste rémunéré par certaines cliniques allemandes), en 2004, pour aider le club, alors en D4, à éponger ses dettes et éviter un dépôt de bilan.

Bénévolat, chaudron et prolétariat

Dans la même veine, lorsqu’il s’est agi de mettre le stade aux normes sous peine de perdre sa licence professionnelle, un projet auquel la mairie de Berlin ne pouvait contribuer car criblée de dettes, quelque 2 500 personnes ont pendant 13 mois œuvré bénévolement à sa rénovation, fournissant l’équivalent, en cumulé, de 140 000 heures de travail.

Le chantier a débuté en mai 2008. Un an plus tard, les «Eiserne» (les hommes de fer) ralliaient la D2, un championnat «vachement mieux marketé que la Ligue 2 française ou la D2 belge», et où ils «se sont très vite construit malgré eux une image de club hipster», observe Julien Duez, journaliste au magazine français So Foot et «groundhopper» (de l’anglais «groundhopping», hobby consistant à assister à des matches dans le plus de stades possible) à la ville.

«L’Union était l’un des rares clubs de l’ex-RDA à avoir un niveau sportif relativement stable, alors beaucoup de gens ont commencé à s’y intéresser, éclaire notre confrère, dont la première à l’An der Alten Försterei remonte à 2014. Qui plus est, avec son image de club rebelle à la mentalité prolétaire : il y a un roman autour de certains clubs comme Sankt Pauli ou le Red Star en France, et l’Union n’a pas échappé à la règle. C’étaient un peu les rebelles de RDA, les prolos de Berlin-Est.»

Une image populaire à laquelle l’enceinte que s’apprête à découvrir Anthony Moris a contribué. «C’est un stade très à l’anglaise, décrit Julien Duez. Tu touches presque le terrain, et le fait que presque tout le monde soit debout (seules 3 700 places sont assises) donne une impression de foule très impressionnante.» Et, puisque «ça chante 90 minutes» et que les tribunes sont couvertes, un «côté chaudron» dont l’USG, pas favorite ce jeudi soir, devra s’affranchir pour faire un résultat.

Joueurs accessibles, bières et places aussi

Tout ce décorum fait le bonheur des «groundhoppers», pour qui l’enceinte berlinoise tient lieu de pèlerinage, au même titre que… le stade Joseph-Marien, à Forest, où l’Union Saint-Gilloise, contrainte de s’exiler à Louvain en Coupe d’Europe, dispute ses rencontres de championnat et où une «clientèle» nouvelle est apparue ces dernières années.

«Quand le club est monté en D2 (en 2016), j’ai vu un nouveau public, un peu « hypé » par les bons résultats, arriver, témoigne le journaliste, alors résident bruxellois et abonné au stade de l’Union. Ils ont découvert une image du foot qu’ils ne soupçonnaient pas à Bruxelles, où Anderlecht, le club phare, est plutôt bourgeois, élitiste, avec des billets assez chers. À l’Union, la bière n’est pas chère, les places non plus, il y a une bonne ambiance et pas de violence.»

D’où le fait que le Joseph-Marien soit désormais «toujours plein», au point que l’Union planche désormais sur la construction d’un nouveau stade. L’occasion, pour le club, «de changer de dimension», sans pour autant renier son ADN.

«L’USG n’est pas un club de stars comme le PSG, statue Julien Duez. Les joueurs applaudissent le public, chantent avec lui, il y a une communion et un échange importants, qui restent dans la culture du club malgré les résultats sportifs qui deviennent ce qu’ils sont.» Et ne demandent qu’à grandir, encore.

Martins sur le pont, Olesen ronge son frein

Opéré en début de semaine dernière d’une cheville, Mathias Olesen, indisponible jusqu’à la mi-octobre environ, manquera au moins les matches aller de la phase de poules de Conference League. C’est donc sans lui que Cologne effectuera ce jeudi soir à Nice (18 h 45), 5e du dernier championnat de France, ses débuts dans un groupe D qui comprend également les Serbes du Partizan Belgrade et les Tchèques du FC Slovacko.

Marvin Martins sera lui, en revanche, bien sur le pont ce jeudi soir avec l’Austria Vienne, qui lance à 18 h 45 sa campagne dans cette C4 face aux Israéliens de l’Hapoël Beer-Sheva. Un adversaire face auquel les Viennois devront prendre des points, comme contre les Polonais du Lech Poznan (tombeurs en barrage du F91), la première place de ce groupe C semblant promise aux Espagnols de Villarreal, vainqueurs de l’Europa League en 2021 et demi-finalistes de la Champions League en mai.

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