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Lignes RGTR «Usine» : les ouvriers veulent sauver leurs bus


Syndicats et ministre discuteront des alternatives possibles lors d'une entrevue dont la date reste à fixer. (Photo d'illustration : adobe stock)

Les 20 liaisons routières desservant les usines du pays seront maintenues au moins jusqu’au 13 avril 2024. Un soulagement pour les centaines d’ouvriers qui empruntent chaque jour ces bus historiques, désormais en sursis.

La mauvaise nouvelle était tombée il y a un an : le ministère de la Mobilité décidait d’en finir avec la vingtaine de lignes RGTR dédiées aux ouvriers des principaux sites industriels du pays. Soit 20 liaisons routières, pesant environ 5 millions d’euros par an dans le budget étatique.

Alors qu’elles fonctionnent depuis des décennies, avec des horaires calqués sur les postes de travail des ouvriers de l’industrie, le ministère a soudain considéré qu’il ne revenait pas à l’État d’assurer un service de transport pour ces entreprises privées, insistant sur le fait que ce service va «à l’encontre» de la stratégie nationale de mobilité, censée impliquer les employeurs. Le ministère pointait aussi des trajets quasiment à vide sur certains itinéraires.

Vent debout contre cette mesure, les syndicats avaient arraché le maintien de ces lignes «Usine» le temps de se concerter et de pouvoir introduire des alternatives. «Le ministre François Bausch nous avait assuré qu’aucune initiative ne serait prise sans concertation avec les syndicats», pointe Paul Glouchitski, secrétaire au LCGB, majoritaire dans le secteur.

«Supprimer ces bus historiques, c’est incompréhensible»

Mais surprise, le 16 novembre dernier, veille de la remise des clés de son ministère à Yuriko Backes, François Bausch annonce la suppression pure et simple de 13 lignes «Usine» au 10 décembre, moyennant des courses supplémentaires depuis un pôle d’échange basé à Ettelbruck. «Contrairement à ce qui avait été promis, nous n’avons pas été consultés. Pour nous, cette centralisation à Ettelbruck n’est pas viable. C’est pourquoi on a immédiatement demandé un report de la décision à la nouvelle ministre, ce qu’elle nous a octroyé», poursuit le syndicaliste.

Toutes les lignes «Usine» fonctionneront ainsi jusqu’au 13 avril prochain, tandis qu’une entrevue au ministère doit bientôt être fixée. «Ça nous laisse du temps pour trouver des solutions. Supprimer ces bus historiques, c’est incompréhensible», martèle Paul Glouchitski. Sur les 800 ouvriers qui les empruntent régulièrement selon le LCGB, beaucoup ne peuvent tout simplement pas faire autrement : «Ils n’ont pas le permis ou n’ont qu’un véhicule pour le foyer. Sans compter l’impact sur le pouvoir d’achat ou l’organisation familiale.»

«Je n’ai jamais passé mon permis»

Roland se trouve justement dans ce cas. Cet ouvrier travaille à la production de l’usine Hyosung à Colmar-Berg depuis 26 ans, et utilise quotidiennement les lignes 14U et 15U pour prendre son poste. Il n’a pas de véhicule personnel, et pour cause : «Je n’ai jamais passé mon permis de conduire. On n’a qu’une voiture à la maison, celle de mon épouse. Moi, je me déplace en bus ou en train.»

Alors ces derniers mois, les rebondissements dans le feuilleton des bus «Usine» l’ont énormément stressé : «Comment je ferais pour aller travailler sans ces bus ? J’habite près de Clervaux, c’est compliqué de trouver des liaisons aux bons horaires.» Roland assure que les deux lignes qui le mènent jusqu’à l’usine sont bien fréquentées : «Une dizaine de personnes en moyenne à bord. Ça varie en fonction du jour et de l’heure», estime-t-il.

Sur certains trajets, où un minibus est déjà circulation pour faire des économies, le LCGB note un manque de places disponibles. Comme sur la ligne 91U où la petite navette limitée à neuf passagers ne suffit pas. Roland aussi l’a constaté : le minibus qui est parfois en service sur son trajet s’avère trop juste pour accueillir tout le monde.

Néanmoins, il veut croire que les bus des ouvriers pourront être sauvés. La nouvelle ministre de la Mobilité lui semble conciliante : «J’ai bon espoir que des alternatives efficaces soient trouvées», glisse-t-il. Le LCGB dit avoir des idées dans ses cartons et il est prêt à les exposer dès que possible aux autorités.

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