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Ligne 90 : joie de la nouveauté… et colère


Le tram, très bien. Encore faut-il des trains qui y mènent... (Photo Julien Garroy)

Le trafic est resté perturbé lundi, sur cette ligne transfrontalière. Les usagers sont sur les nerfs. Mais réservent quelques sourires face aux nouveautés.

Ce devait être un lundi historique pour les frontaliers aussi. La ligne 90, Metz-Thionville-Luxembourg (plus de 10 000 voyageurs par jour !) dessert la nouvelle gare du Pfaffenthal et le tram du Kirchberg. Indirectement, avec un changement de quai en gare centrale. Mais «c’est un confort très appréciable par rapport au bus», explique Henry Delescaut, frontalier venant de Metz, par ailleurs président de l’association des voyageurs du TER Metz-Luxembourg «AVTERML». L’habitué du train a aussi testé la liaison en funiculaire vers le Kirchberg. «Ils ont mis les moyens. J’y vois un message fort de la part du gouvernement luxembourgeois : ici, quand on parle de mobilité, on agit.»

Malgré l’euphorie de la journée, le moment a été gâché. La faute à un passager qui, jeudi soir, a menacé une contrôleuse avec un couteau dans un train au niveau d’Uckange. Une partie du personnel de la SNCF a fait valoir son droit de retrait, entraînant l’annulation de nombreux trains aux heures de pointe, dans une incertitude complète.

«Situation explosive» sur la ligne 90

«Des informations en retard ou contradictoires, explique Henry Delescaut. Qu’on s’entende bien : tout le monde est solidaire de la contrôleuse qui s’est fait agresser. Et le droit de retrait (NDLR : qui ne nécessite pas de préavis) est parfaitement légitime quand on se sent en insécurité. Mais est-ce normal d’un autre côté, d’avoir une fois encore des dizaines d’employés incapables de savoir s’ils arriveront au travail ?» Henry Delescaut en veut aux autorités françaises de ne pas avoir réagi plus tôt à l’agression.

«Si dès vendredi soir, des patrouilles de vigiles avaient été promises pour les semaines à venir, peut-être que les contrôleurs n’auraient pas exercé leur droit de retrait.» Et de citer les trains des CFL, où des vigiles encadrent régulièrement les agents. Henry Delescaut devait s’entretenir avec le président de la région Grand Est dès lundi soir, par téléphone. «Jean Rottner communique, c’est une nouveauté par rapport à son prédécesseur. Nous avons un interlocuteur attentif. Il faut que la situation se normalise sur la ligne 90 maintenant.»

Le défenseur des usagers n’hésite pas à parler de «situation explosive. Des usagers se font menacer de licenciement. D’autres sont incapables de mener une vie familiale normale, faute d’horaires prévisibles. Toutes les semaines, il y a un problème. Et tous les ans, il y a un black-out (inondation au poste de Bettembourg, collision de train à Dudelange, etc.)».

Le pire, Henry Delescaut en est conscient, est qu’aucun moyen de transport n’est plus fiable : «Ni la voiture ni les transports en commun. Pendant des années, de part et d’autre de la frontière, les politiques ont visiblement oublié d’anticiper la situation, je ne vois pas d’autres explications.»

Hubert Gamelon

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