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Libye : un raid aérien fait un carnage dans un centre pour migrants


Selon les secours, 120 migrants étaient détenus dans le hangar quand il a été touché de plein fouet. (photo AFP)

Une quarantaine de migrants ont été tués dans un raid aérien nocturne contre leur centre de détention près de Tripoli, une frappe attribuée aux forces de Khalifa Haftar engagées dans une offensive sur la capitale libyenne et qui a suscité de vives condamnations.

Au moins 70 migrants ont également été blessés dans l’attaque, selon un « bilan préliminaire » fourni par un porte-parole des services de secours, Osama Ali. « Le bilan pourrait s’aggraver », a-t-il ajouté, précisant que 120 migrants étaient détenus dans le hangar quand il a été touché de plein fouet.

Les services de secours recherchaient d’éventuels survivants sous les décombres, tandis que des dizaines d’ambulances avaient été déployées, selon la même source. Dans un communiqué, le Gouvernement d’union (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l’ONU a dénoncé « un crime odieux ». Il a attribué l’attaque au « criminel de guerre, Khalifa Haftar », l’homme fort de l’est libyen qui mène une offensive depuis début avril pour conquérir la capitale. Le GNA a accusé les forces pro-Haftar d’avoir mené une attaque « préméditée » et « précise » contre le centre.

Cette frappe n’a pas été revendiquée mais des médias pro-Haftar ont fait état mardi soir d’une « série de raids aériens » à Tripoli et Tajoura. La banlieue de Tajoura, qui compte plusieurs sites militaires appartenant aux groupes armés pro-GNA, est régulièrement la cible de raids aériens des forces pro-Haftar. Dans de premières réactions, l’ONU et des ONG ont fait part de leur « effroi ».

« Détention arbitraire »

Réagissant sur Twitter, le chef du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a porté « trois messages clés : les migrants et réfugiés ne doivent PAS être en détention, les civils ne doivent PAS être des cibles, la Libye n’est PAS un lieu sûr pour un renvoi » des migrants. « Nous sommes horrifiés par ces morts », a déclaré le porte-parole du HCR, Charlie Yaxley. Il a évoqué « l’extrême préoccupation » de l’organisation face aux « rumeurs » selon lesquelles le centre servait de « dépôt d’armes ». « Personne ne devrait être renvoyé en Libye actuellement », a clamé Charlie Yaxley.

Les agences de l’ONU et organisations humanitaires rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye, en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 et où ils se retrouvent placés « en détention arbitraire » ou à la merci de milices. Leur situation dans ce pays est devenue encore plus critique depuis le début de l’offensive militaire le 4 avril du maréchal Haftar.

Haftar n’en a pas fini

La mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) a maintes fois exprimé son inquiétude sur le sort d’environ 3 500 migrants et réfugiés « en danger dans des centres de détention situés près de zones d’affrontements ». Malgré une instabilité persistante, la Libye reste un important pays de transit pour les migrants fuyant les conflits et l’instabilité dans d’autres régions d’Afrique et du Moyen-Orient.

Les forces du maréchal Haftar ont promis cette semaine d’intensifier les frappes aériennes contre les forces rivales du GNA, après avoir perdu Gharyan, ville au sud de Tripoli dont le maréchal avait fait son centre opérationnel dans son offensive contre la capitale, à plus de 1 000 km de son bastion de Benghazi.

Les deux camps rivaux s’accusent mutuellement de recourir à des mercenaires et de profiter du soutien militaire, notamment aérien, de puissances étrangères.

LQ/AFP

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