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Liberty Steel Dudelange : «On attend la faillite, mais ils s’accrochent»


L’usine de galvanisation n’a rien produit ce mois-ci. Le personnel, démotivé, est affecté à de l’entretien ou du ménage.

Alors que la liquidation de la filiale belge est lancée, les jours semblent comptés pour Liberty Steel Dudelange, désormais à l’arrêt total. Cependant, la direction ne veut rien lâcher, au grand dam des syndicats.

Alors que, sans surprise, les deux sites de Liberty Steel Liège ont été placés en liquidation le 13 avril dernier par la justice belge, un an après la faillite de la banque qui finançait la société, c’est l’usine de Dudelange, dépendante de l’approvisionnement assuré par les sites de Flémalle et Tilleur, qui risque d’être entrainée dans cette chute.

Un scénario, anticipé par les syndicats, qui se concrétise chaque jour un peu plus, alors que la production est maintenant à l’arrêt total dans la zone industrielle du Wolser, les ouvriers s’occupant comme ils peuvent, entre tâches courantes et dispense de travail. «De quoi tuer le métier», regrette Robert Fornieri, en charge du dossier Liberty au LCGB.

Assurer le versement des salaires

Pour le syndicat majoritaire, l’urgence, ces dernières semaines, était surtout de s’assurer que les salaires allaient bien être versés, vu l’état des finances, dans le rouge depuis des mois : «Nous avions rencontré la direction, dès le 20 avril, qui nous avait garanti que le personnel serait payé. Ce qui a été fait, nous en avons eu la confirmation aujourd’hui, même si on n’a aucune idée d’où vient l’argent», s’interroge le secrétaire général adjoint.

Quant à la feuille de route des dirigeants, à court terme, elle consiste à poursuivre au mois de mai comme en avril, c’est-à-dire sans aucun volume de production, avec un présentéisme partiel du personnel. Or, l’appel interjeté par Liberty Steel devant le tribunal de l’entreprise de Liège n’étant pas suspensif, la procédure est lancée, avec trois liquidateurs nommés, et il faut bien trouver de nouvelles sources d’approvisionnement.

«La direction évoque un faible volume qui pourrait venir du site Liberty Skopje en Macédoine, mais pas avant juin, et il n’est question que de 5 000 tonnes, soit moins de 10 % de la capacité de production mensuelle de Dudelange. C’est totalement farfelu», s’emporte le syndicaliste et ancien sidérurgiste.

Sans compter le manque de liquidités, pour lequel le groupe serait «en négociation avec des traders», tandis qu’il peut faire une croix sur les 10 à 15 millions d’euros de créance de la part de Liberty Liège. «Rien ne rentre, les pertes s’accumulent. Nous, on espère une cessation de paiement pour enfin ouvrir la voie à un repreneur. On attend la faillite, mais ils s’accrochent», constate-t-il, estimant toutefois que la dette dépassera la moitié du capital de l’entreprise «dans les semaines à venir», ce qui déclencherait la mise en liquidation.

«Deux à trois repreneurs» sur les rangs

Rencontrés récemment, les ministres du Travail et de l’Économie, Georges Engel et Franz Fayot, tous deux socialistes, ont confirmé une fois encore aux délégués syndicaux le plein soutien du gouvernement. Même si un problème devait survenir au niveau des rémunérations durant la période transitoire : «les salariés seraient alors soutenus», rassure Robert Fornieri.

Les pistes pour un repreneur se précisent aussi, même si rien ne fuite pour le moment. Lui qui participe à toutes les discussions, juge que cela va dans le bon sens jusqu’ici : «C’est très positif. Nous avons deux à trois repreneurs potentiels sérieux, avec de vraies intentions. Chacun ayant ses propres contraintes», lâche-t-il.

ArcelorMittal, plusieurs fois évoqué, et qui a déjà fait savoir qu’il n’était pas intéressé, serait de nouveau face aux règles relatives à la concurrence dans l’Union européenne, celles-là mêmes qui avaient obligé le géant de l’acier à se séparer d’une dizaine de sites – dont celui de Dudelange – en 2018.

Quant au sidérurgiste russe NLMK, dont le nom circule aussi, des difficultés liées aux tensions géopolitiques internationales et à l’embargo contre la Russie sont à craindre. Enfin, l’allemand Salzgitter, qui avait déjà fait une offre pour le rachat du site dudelangeois en 2018, est également cité par nos confrères de la presse belge.

Un haut responsable en mission séduction

Un cadre important de la branche Europe de Liberty Steel a sollicité cette semaine une entrevue avec les autorités luxembourgeoises et les syndicats, dans l’idée de présenter un énième plan de relance pour cet automne, selon Robert Fornieri : «Il affirme pouvoir ramener la moitié des volumes de production dès septembre, et un volume complet ou presque en octobre pour Dudelange. Mais on n’est pas du tout dans cette logique, on se demande sur quelle planète ils sont.» Une rencontre devrait avoir lieu ces prochains jours.

Photo : alain rischard

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