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«Les terres agricoles sont devenues un champ de guerre»


Martine Hansen (CSV) est à l’origine du débat mené hier. Son parti a souligné l’urgence d’agir pour venir en aide aux ménages et aux agriculteurs.

La Chambre s’est penchée, mercredi, sur la sécurité de l’approvisionnement alimentaire, affectée par la guerre en Ukraine. Une hausse des prix est la principale menace qui pèse sur l’UE et le Luxembourg.

À l’initiative de Martine Hansen (CSV), la Chambre des députés a débattu mercredi sur la sécurité de l’approvisionnement alimentaire. L’élue nordiste pose un premier triste constat : «Les terres agricoles sont devenues un champ de bataille.» Elle reprend aussi le propos d’un expert cité dans le journal allemand Handelsblatt : «Poutine n’a pas besoin d’employer d’armes nucléaires. La guerre agraire est beaucoup plus effective pour déstabiliser l’Occident et le monde.»

Faut-il dès lors craindre une pénurie alimentaire en Europe en raison de la guerre en Ukraine ? La réponse est non. «Les premiers touchés seront les plus pauvres, que ce soit en Afrique, au Moyen-Orient ou encore en Égypte et au Liban», reprend Martine Hansen, qui affirme que quelque 400 millions de personnes pourraient être touchées dans les pays concernés.

À court terme, l’Europe ne devrait toutefois pas être confrontée à une pénurie alimentaire. Cela n’empêche pas que le secteur agricole a besoin d’être aidé par l’État. Il en va de même pour les ménages frappés non seulement par la hausse des prix de l’énergie, mais aussi par celle des prix de l’alimentation. Le CSV réclame un plafonnement des prix pour le diesel et le gaz, le maintien d’aides directes pour le secteur agricole, une année blanche au niveau des remboursements de prêts ou encore une défiscalisation des primes agricoles. Les pirates renvoient vers l’indexation dans son rôle d’amortisseur de la hausse des prix.

«Un gaspillage qui reste trop important»

Lors du débat, deux pistes se sont dégagées pour renforcer la souveraineté alimentaire de l’Europe et du Luxembourg. Gusty Graas (DP) prône ainsi un renforcement de la production de nouvelles cultures sur les terres grand-ducales, tel le soja. Chantal Gary (déi gréng) plaide pour une réduction de la production de lait et de viande, deux produits qui sont exportés, afin de miser davantage sur les fruits, les légumes et les céréales.

La surproduction alimentaire à l’échelle de l’UE amènerait «un gaspillage qui reste trop important». «Nos rayons sont toujours très bien remplis et cela ne changera pas. Nous vivons dans une situation de luxe en comparaison avec d’autres pays», souligne Marc Goergen (Parti pirate). Myriam Cecchetti (déi Lénk) fustige le fait que cette surcapacité «profite surtout aux multinationales agroalimentaires». Une répartition plus équitable des aliments est réclamée.

Une semaine décisive s’annonce

Tess Burton (LSAP) souhaite voir les États européens se décider «à investir plus massivement dans la souveraineté alimentaire, à l’image de ce qui s’est fait pour la défense où les stratégies ont évolué en quelques jours à peine».

Assez contesté fut, mercredi, l’appel à mettre en suspens l’obligation pour les exploitations agricoles de transformer 4 % des terres arables en friches, le tout afin de rendre plus durable l’agriculture. Le principe est prévu dans la nouvelle politique agricole commune (PAC). L’ADR veut même faire un pas de plus en transformant davantage de zones vertes en terres arables. Le ministre Claude Haagen précise que les pourparlers se poursuivent entre ministres européens de l’Agriculture. Une prochaine réunion est fixée à lundi.

Également la semaine prochaine, le ministre Haagen compte réunir tous les acteurs de l’agriculture luxembourgeoise pour établir un plan d’aides. La pénurie de semences synthétiques, venant de Russie, pourrait plus lourdement affecter le secteur agricole national.

«Nous ne devons pas oublier
le peuple du Yémen»

Alors que les besoins humanitaires s’accroissent et que la guerre en Ukraine fait flamber les cours des matières premières, l’ONU a appelé, hier, la communauté internationale à débloquer 4,3 milliards de dollars pour venir en aide au Yémen. Après plus de sept ans de guerre, plus de 23 millions de personnes sont confrontées à la faim, aux maladies ou à d’autres dangers mettant leur vie en péril.

Le Luxembourg n’a pas tardé à réagir à l’appel lancé par l’ONU. «Nous ne devons pas oublier le peuple du Yémen», souligne le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, dans un communiqué. Le gouvernement va débloquer une enveloppe supplémentaire de 2 millions d’euros pour le Yémen.

Ces deux dernières années, le Luxembourg a déjà débloqué 970 000 euros pour le Yémen.

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