Alors que la saison des battues vient de s’ouvrir, les pirates montent au créneau pour demander leur interdiction, estimant que cette pratique relève de la «maltraitance animale».
Entre le traditionnel rendez-vous commercial du Mantelsonndeg, l’ouverture de la période des battues et la chasse administrative aux mouflons lancée du côté d’Echternach, les pirates rebondissent sur l’actualité automnale pour défendre à nouveau la cause animale. Un thème qui leur est cher et sur lequel ils espèrent mobiliser, alors qu’ils se sentent souvent seuls contre tous sur cette question : «Dans le domaine de la protection des animaux, nous sommes des idéalistes et on l’assume», lance le député Marc Goergen.
Sur l’interdiction de la vente de fourrure, il avait ainsi déposé une motion à la Chambre des députés il y a quatre ans, avec l’objectif de durcir la législation luxembourgeoise et d’aller plus loin que l’interdiction de la production, déjà prévue par la loi : «Le problème, c’est que, bien souvent, vous achetez un manteau sans même savoir qu’il contient de la vraie fourrure, car les prix de la fourrure chinoise, souvent prélevée sur des chiens, sont extrêmement bas.»
« On est très loin d’une régulation professionnelle de la forêt »
Motion rejetée par la majorité gouvernementale, qui souhaitait alors attendre une réglementation européenne en la matière. «Or depuis quatre ans, il ne s’est rien passé», dénonce le pirate. Le Mantelsonndeg de ce 23 octobre est donc l’occasion pour eux de remettre le sujet sur la table et d’épingler les verts au gouvernement pour leur manque d’engagement : «Dans la coalition, tous les partis sont alignés et ne font rien pour la protection des animaux.»
Autre thématique du moment : l’ouverture des battues, et avec elle, la question de la «maltraitance animale» qui mobilise les pirates depuis plusieurs années. S’ils ne se positionnent pas contre la chasse, ils revendiquent la suppression de la pratique de la battue, qu’ils considèrent comme indigne et d’un autre temps : «Il y a une différence entre la chasse sérieuse, qui permet de réguler les populations, et l’abattage inhumain et incontrôlé, y compris d’espèces protégées», pointe Daniel Frères, membre des pirates et président de l’association de défense des animaux Give us a voice.
«Il faut s’imaginer 50 chasseurs à la poursuite de familles entières d’animaux en panique, à qui on ne laisse aucune chance. La battue, c’est le Moyen Âge», s’agace ce militant, déplorant le fait que ces événements prennent, pour certains chasseurs, des allures de fête. «On est très loin d’une régulation professionnelle de la forêt. Ce qu’on demande.»
Les mouflons à nouveau dans le viseur
La surpopulation de certaines espèces, c’est précisément ce qui pose problème à Echternach, avec les mouflons, trop nombreux d’après les autorités, qui viennent d’autoriser une chasse administrative afin de réduire leur cheptel, estimé entre 100 et 200 individus. Une mesure déjà lancée en 2020 et qui avait suscité un torrent de haine sur Facebook contre l’ex-ministre de l’Environnement Carole Dieschbourg, dont des menaces de mort pour lesquelles elle avait porté plainte.
Lâchés illégalement sur le territoire il y a une trentaine d’années, ces mouflons empêcheraient aujourd’hui la régénération de la forêt locale, notamment en grignotant les jeunes pousses d’arbres, et causeraient de nombreux dégâts, estimés entre 40 000 euros selon l’administration de la Nature et des Forêts (ANF) et 100 000 euros selon la commune.
Un thème de prédilection des pirates aux élections
Une chasse injustifiée pour les pirates, qui jugent cette mesure disproportionnée : «Ils ne font de mal à personne», affirme Daniel Frères, qui rapporte que dix mouflons ont été tués par des chasseurs ces deux dernières années.
«Nous demandons que cette centaine de mouflons dispersés sur plus de 800 hectares puisse rester là. Ou, au moins, qu’ils soient capturés pour être accueillis dans un parc en Allemagne», poursuit-il, une alternative proposée à l’ANF mais aussitôt refusée.
À quelques mois de 2023, voilà les pirates qui prennent les devants : la cause animale constituera, comme en 2018, l’un des thèmes de prédilection de leur programme pour les élections communales et législatives.