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Les pirates mettent le cap sur les législatives


Sven Clement, président du Parti pirate. (photo archives LQ)

À moins d’un an des législatives, le Parti pirate se met en ordre de marche avec la ferme intention de décrocher des sièges. Le président du parti, Sven Clement, détaille la stratégie de sa formation réunie en congrès national à Belvaux, dimanche.

 

Dimanche à Belvaux, vous avez affiché optimisme et détermination en vue des législatives d’octobre 2018. D’où vient cette assurance?

Sven Clement : Il est vrai que nous sommes optimistes, même si certains sondages nous prédisent de mauvais résultats là où d’autres nous annoncent de bons scores au Centre. Nous serons présents dans tout le pays. Trois têtes de listes sont déjà désignées : moi-même au Centre, Daniel Frères à l’Est et Marc Goergen au Sud. Pour le Nord, nous devrons attendre le congrès de la circonscription pour connaître la tête de liste qui sera choisie démocratiquement. Il s’agit de candidats locaux dont le programme et les revendications seront très concrets, en adéquation avec les problèmes des gens dans leur quotidien.

C’est-à-dire?

Je peux donner deux exemples. Lundi soir j’ai dû me rendre aux urgences du CHEM, l’hôpital d’Esch-sur-Alzette. À côté de moi, il y avait une dame de 85 ans qui avait des problèmes sérieux de santé. Elle a attendu onze heures avant qu’on ne lui trouve un lit. Ce n’est pas normal : il faut plus de personnels de santé et plus de moyens financiers dont on sait bien qu’ils existent avec les excédents de la CNS. Un autre problème concret est celui des bénéficiaires du salaire social minimum non qualifié. Une fois qu’on a retranché charges et impôts, le revenu est insuffisant pour vivre au Luxembourg et les bénéficiaires risquent de tomber dans la pauvreté. L’on pourrait très bien exempter d’impôts le salaire social minimum et l’augmenter. Cela ne coûterait pas tant et le pays a de quoi y subvenir alors qu’une personne sur cinq vit avec un risque de pauvreté. L’actuel gouvernement n’est pas responsable de ce phénomène qui a débuté bien avant 2013, mais il n’a pas été capable de le stopper. À un an des élections, Nicolas Schmit, le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, semble se découvrir un cœur socialiste et veut faire un geste pour les plus défavorisés alors qu’il est au pouvoir depuis neuf ans. Le LSAP espère ainsi décrocher suffisamment de sièges aux législatives pour que le CSV le considère comme un « junior partner » crédible.

 

Nous avons vécu des victoires et des défaites. Nous avons survécu et les pirates sont toujours là.

 

Cet élan vers les législatives s’inscrit-il dans la lancée des communales auxquelles vous présentiez des candidats pour la première fois et qui a vu trois pirates élus à Pétange et Remich?

Nous avons eu le nombre d’élus que nous espérions, mais pas dans les communes où nous pensions… Pétange, où nous avons deux élus, est le parfait exemple montrant que même avec huit partis en lice, nous pouvons prendre des voix. Pour nous, les résultats de ces communales sont meilleurs que ceux que nous avons obtenus en 2013 et nous avons manqué des sièges parfois à quelques dizaines de voix près, comme à Esch-sur-Alzette.

Huit ans après la création des pirates, comment analysez-vous l’évolution du parti?

Nous étions 14 en 2009 lors de la fondation du parti et nous sommes désormais 400 membres. Dimanche, lors du congrès, 12 % des membres ont voté sur place ou par correspondance. C’est un taux que nous n’avions jamais atteint. Cela dit, lorsque le parti a été créé en 2009, nous avions l’avantage de la nouveauté, alors que dans plusieurs pays européens les pirates réalisaient de bons résultats aux élections. Nous étions alors au plus haut. Mais en 2013 le réveil a été un peu difficile : en Europe les partis pirates devenaient moins populaires et dans le même temps, avec les législatives anticipées, il nous manquait du temps pour préparer notre campagne. Ensuite, de 2015 à cette année, nous nous sommes en quelque sorte retrouvés. Nous avions vécu des victoires et des défaites. Nous avons survécu et au Luxembourg les pirates sont toujours là. En République tchèque et en Islande, dont la démographie et le système électoral ressemblent beaucoup au nôtre, les pirates réalisent à nouveau de bons scores. Pour 2018, notre ambition est de faire mieux qu’en 2013. Évidemment, si nous pouvons obtenir des sièges au Parlement, ce sera très bien. C’est le but de tout parti.

Entretien réalisé par Fabien Grasser

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