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Les artisans luxembourgeois face à leur avenir


Fidèles à la devise «le futur a été créé pour être changé», le président de la Chambre des métiers, Roland Kuhn (à g.), et le président de la Fédération des artisans, Michel Reckinger, sont prêts à relever les défis de l'avenir. (Photo : Alain Rischard)

Le pot de nouvel an des présidents de la Chambre des métiers et de la Fédération des artisans a permis d’évoquer la pérennisation de l’artisanat face à la révolution Rifkin.

Près de 200 invités étaient de la réception donnée mardi soir au Kirchberg, dont le ministre du Travail, Nicolas Schmit, le ministre du Logement et ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, Marc Hansen, et la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener : l’occasion pour Roland Kuhn de tirer un bilan de 2016 et de se projeter vers l’avenir.

Si l’année 2016 s’est révélée mouvementée, selon Roland Kuhn, elle ne l’a pas été que sur le plan international (lire encadré) : le président de la Chambre des métiers n’a, en effet, toujours pas digéré la nouvelle loi réformant le temps de travail, qui n’a pas trouvé grâce à ses yeux. Dans un avis émis à la fin de l’année 2016, la Chambre des métiers avait fustigé une loi «politique», faisant fi des réalités du terrain et des relations entre patrons et employés. «Ce cadre légal n’a rien à voir avec les réalités des entreprises», s’est exclamé Roland Kuhn. Présent aux premières loges, le ministre du Travail aura certainement apprécié… Cela étant, tout n’a pas été sombre en 2016, la Chambre des métiers se félicitant de certaines initiatives, qualifiées de «positives», telles que le plan d’action pour les PME, le maintien des investissements publics à un niveau élevé, ou encore le partenariat «pacte pro-artisanat», qui sera signé au printemps.

L’étude Rifkin, source de défis pour l’artisanat

En ce qui concerne le futur modèle de croissance du pays, la Chambre des métiers estime qu’il ne faut pas, à l’avenir, exclusivement miser sur les niches de marchés. «Notre modèle de croissance actuel atteint ses limites», a prévenu Roland Kuhn, avant de saluer les perspectives que l’étude de l’économiste américain Jeremy Rifkin est censée assurer. «Cette étude offre de grandes opportunités en termes de transition énergétique et de digitalisation, d’autant plus que la volonté d’innovation influencera positivement l’image de l’artisanat, notamment auprès des jeunes.»

Cela dit, la troisième révolution industrielle «rifkienne» est également sujette à différentes craintes et inconnues. Dans ce sens, Roland Kuhn a lancé un appel au gouvernement afin qu’il accompagne la promotion de la digitalisation de l’artisanat par un large éventail de mesures. Il a proposé, entre autres, la création d’une «cellule de compétence» auprès de la Chambre des métiers afin de couvrir les besoins d’information et de conseil des PME artisanales, de même que la mise en place d’une marketplace, telle que suggérée par la Fédération des artisans, visant à promouvoir le secteur via les nouvelles technologies. Parmi les autres craintes formulées, la Chambre des métiers s’est interrogée sur l’impact de l’étude Rifkin en matière de concurrence et plus spécialement au niveau des plateformes d’économie partagée (sharing economy). «Il faut garantir les mêmes droits et devoirs pour tous», a fermement clamé Roland Kuhn, face au spectre de potentielles tentatives de concurrence monopolistique.

Dans ce contexte global de troisième révolution industrielle, la Chambre des métiers a également insisté sur l’importance de la capacité à s’adapter aux changements de paradigmes toujours plus rapides dans la manière de travailler. Face à ces mutations de la société et du monde professionnel, la formation des jeunes s’avère essentielle, selon les représentants des artisans, «pour assurer la pérennité du secteur», car les profils professionnels traditionnels ont changé. La réforme du brevet de maîtrise due au ministre Claude Meisch a, dans ce cadre, été saluée. Par ailleurs, Chambre des métiers et Fédération des artisans ont annoncé vouloir poursuivre leurs actions de valorisation et de promotion de l’artisanat à travers la créativité. Au niveau de la problématique du logement, «ressort où les contraintes relatives à la croissance qualitative sont le plus visibles», la Chambre des métiers a mis une proposition sur la table. Roland Kuhn a, en effet, prôné la conclusion d’un partenariat entre artisans, professionnels du bâtiment et gouvernement afin de pouvoir créer davantage de logements, mais également en vue de simplifier et d’accélérer les procédures autorisant les entrepreneurs à construire dans les zones prévues à cet effet.

Durabilité et innovation seront les maîtres-mots

En guise de conclusion de ces vœux 2017, Roland Kuhn a tenu à souligner que l’artisanat faisait partie intégrante de la construction de l’avenir. «Repenser la Chambre des métiers de demain et développer une stratégie pour pouvoir mieux répondre aux besoins du secteur et défendre ses intérêts»; telle est la priorité pour le futur. Une priorité qui est intimement liée aux concepts de durabilité et d’innovation, lesquels seront les maîtres-mots de la vision de la nouvelle assemblée plénière de la Chambre des métiers, qui sera élue au mois d’avril. À noter, enfin, le don financier fait à l’ASBL Île aux clowns privilégié aux traditionnelles cartes de vœux.

Claude Damiani