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La grande inconnue

Cela faisait des mois que Theresa May était attendue au tournant, et c’est hier qu’elle a donné sa feuille de route (enfin) un peu plus détaillée sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Plus de tergiversations, plus d’un pied à moitié dehors et à moitié dedans, la rupture devrait être franche et massive. L’obsession des Britanniques avec l’immigration des Européens sur leur sol va leur en coûter leur adhésion au marché commun. Quitte à espérer négocier des accords et à tout reprendre depuis le début, et opter pour un modèle américain ou canadien avec une immigration «choisie». Pourquoi pas. Ce n’est néanmoins pas très rassurant pour les ressortissants européens qui résident et travaillent déjà au Royaume-Uni – malgré les appels à l’ouverture du dynamique maire de Londres, Sadiq Khan – mais également pour les centaines de milliers de Britanniques qui résident eux dans le reste de l’Europe.

Theresa May compte faire passer son plan par le vote des deux Chambres, histoire de partager les frais en cas de fiasco. Mais si cette dernière s’est exprimée en tant que Premier ministre des Britanniques, elle s’est surtout exprimée au nom des Brexiteurs, qui se situent massivement en Angleterre et au pays de Galles. L’Écosse n’a pas tardé à répondre par la voix de son Premier ministre, Nicola Sturgeon, qui tient bec et ongles à ce que l’Écosse reste au sein du marché commun et menace l’union du royaume.

Reste l’Irlande du Nord, qui risque d’être une massive épine dans le pied de May. La frontière physique entre les deux Irlande n’existe officiellement plus depuis les accords du Vendredi Saint de 1998. Si les Britanniques veulent à tout prix contrôler leur immigration, comment cela peut-il être possible sans frontière avec l’Irlande qui reste, elle, dans l’UE? Remettre des postes de douanes coûterait cher et raviverait des souvenirs douloureux à un peuple qui se remet doucement d’un long conflit. Les Britanniques vont-ils confier leurs frontières aux Irlandais? Peu probable. Les Nord-Irlandais sont appelés aux urnes au mois de mars pour élire leur Parlement. Le poids du Brexit devrait pencher dans la balance.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)

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