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Les 5 revendications du Planning familial pour les droits des femmes


Parmi les revendications du Planning familial, de nombreuses concernent les moyens contraceptifs (Photo : Pixabay)

Le Planning familial a rendu public son plaidoyer 2023. Enquête nationale, accès à l’IVG, crimes sexuels… Voici leurs cinq revendications.

Ce mardi 18 avril, le Planning familial publiait son plaidoyer 2023. Crimes sexuels, contraception, santé sexuelle et affective ou encore IVG, dans ce document sont listés de nombreux thèmes sur lesquels le Planning souhaite voir des avancées rapides au Luxembourg.

Une enquête nationale sur la santé sexuelle et affective

Au Luxembourg, les données sur l’IVG, sur l’utilisation des contraceptifs ou à propos des violences manquent cruellement. «Une vue globale de l’IVG au Luxembourg fait défaut en raison d’un manque de statistiques précises et de nomenclature spécifique en la matière», regrettaient, en août dernier, les députés Marc Hansen et Josée Lorsché (déi gréng).

Aujourd’hui, seul le Planning familial est capable de livrer ce type de chiffres. Il assure demander une étude nationale sur la santé sexuelle et affective depuis plus de quinze ans. Les chiffres qui découleraient de cette enquête permettraient notamment « de mener une politique de santé publique fondée sur des bases solides et pertinentes ».

Un accès libre aux contraceptifs

Le Planning familial réclame un accès libre et facile à tous les contraceptifs, « y compris les méthodes de contraception barrières, les oubliées de la gratuité des contraceptifs ». Depuis le 1er avril 2022, les moyens de contraception sont intégralement remboursés, et ce, sans limite d’âge. Seul le préservatif ne fait pas partie de cette convention.

Si le ministère de la Santé rappelle qu’il met à disposition, en collaboration avec la Croix-Rouge, des préservatifs en libre-service à différents endroits du pays, cela reste insuffisant pour le Planning. Il souhaite également un investissement plus important de la recherche quant aux contraceptifs et davantage de sensibilisations sur les différentes contraceptions, notamment sur la contraception d’urgence.

Un délai de prescription plus long pour les crimes sexuels

Aujourd’hui, le délai de prescription des crimes sexuels au Luxembourg est de 10 ans. Une période que le Planning familial qualifie de « largement insuffisante ». Face à ce type de traumatisme, les victimes vivent souvent dans le déni et ne parviennent à évoquer la réalité que bien des années plus tard. Ce phénomène, appelé amnésie traumatique, est une forme d’autoprotection qui les empêche d’accéder à leurs souvenirs les plus traumatisants. Il était évoqué par Ana Pinto de «La voix des survivant-e-s» dans nos colonnes, en janvier dernier.

Dans cette logique, le Planning Familial demande l’imprescriptibilité des crimes sexuels et pointe le fait que, de nos jours, les victimes sont doublement condamnées par la justice après un viol. « Au bout de 10 ans, on explique que c’est trop tard… « .

Aussi, le Planning familial souhaite voir des termes comme « féminicide », « consentement », « harcèlement sexuel », « violence psychologique », « violence administrative » et « inceste » être introduits dans les lois. Il juge également l’accès à la justice trop complexe pour les victimes. Enfin, le Planning pointe un manque quant à l’accueil des victimes et leur prise en charge. « Il faudrait mettre en place un centre avec un système coordonné et complet d’accueil centré sur la victime, tout en restant flexible dans un « protocole commun (au réseau)» afin de permettre à la victime de respecter son propre rythme et ses résistances ».

Selon le dernier rapport de la police grand-ducale, 917 appels pour des cas de violence domestique ont été répertoriés en 2021. «Il est primordial de créer un cadre légal adapté qui permette la pénalisation de toutes les formes d’infractions liées au sexisme. Honteusement, le gouvernement luxembourgeois peine à faire ces pas.», soulignait, en octobre 2022, déi Lénk.

Un accès sans contrainte à l’IVG

Le Planning familial revendique « un accès sans contrainte et sans compromis à l’interruption volontaire de grossesse ». Dans ce plaidoyer 2023, il note la nécessité d’inscrire le droit à l’IVG dans la constitution luxembourgeoise. Il milite également pour un prolongement de l’autorisation de l’IVG jusqu’à 14 semaines de grossesse et un accès à toutes les femmes avec ou sans caisse de santé. Ce sujet avait été abordé dans une question parlementaire à laquelle la ministre de la Santé avait répondu en laissant entendre à un éventuel prolongement de ce délai.

« L’éventuel prolongement du délai de droit à l’IVG de 12 semaines à 14 semaines au Luxembourg est actuellement à l’étude et des réflexions concernant une éventuelle réévaluation de cette position et une modification législative de la loi modifiée du 15 novembre 1978 relative à l’information sexuelle, à la prévention de l’avortement clandestin et à la réglementation de l’interruption de la grossesse sont actuellement en cours », expliquait Paulette Lenert, en août 2022.

Sur le même sujet, le Planning familial demande également la suppression du délai de réflexion qu’il juge « inutile et infantilisant pour les femmes ». Cette période est de trois jours au Grand-Duché. Autre pratique « infantilisante » d’après le Planning : la prise de Myfégine®. Seul médicament qui doit être pris devant un ou une médecin.

Pour élaborer ses revendications, le planning s’inspire aussi de ce qui est fait chez nos voisins français. De l’autre côté de la frontière, a été instauré un délit d’entrave à l’IVG en cas de perturbation dans l’accès aux locaux, aux informations sur l’interruption de grossesse, par l’exercice de pressions morales ou psychologiques sur les professionnels de santé et les patientes, ainsi que de tentatives d’intimidation à l’encontre ces personnes.

Un accompagnement spécifique pour les victimes de mutilations

Pour conclure son plaidoyer, le Planning familial rappelle qu’il condamne toute violence de genre, les mutilations corporelles, les mariages forcées et plaide pour un accompagnement spécifique de la protection et l’accueil des femmes victimes de mutilations génitales.