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Le SCAP s’installe à Leudelange pour mieux accompagner les enfants en difficulté  


Le SCAP reçoit jusqu’à 500 demandes d’admission par an, et il faut compter plusieurs mois d’attente pour un entretien.

Les enfants atteints d’un déficit de l’attention (TDAH) sont accueillis depuis juillet dans les nouveaux locaux du SCAP à Leudelange. Le service de consultation gratuit, fondé en 1991, croule aujourd’hui sous les demandes.

Quand des parents contactent le SCAP (Service de consultation et d’aide pour troubles de l’attention, de la perception et du développement psychomoteur), ce sont souvent les mêmes mots qui reviennent : «mon enfant ne s’arrête jamais», «il est agité», «toujours dans la lune» ou «a du mal à se concentrer». Ces signes, l’équipe pluridisciplinaire du SCAP les connaît bien : ils évoquent un déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, trouble neurodéveloppemental qui touche de nombreux enfants – 5 à 8 % – et nécessite une prise en charge adaptée, voire un traitement, en cas de symptômes et de souffrances aigus.

Le développement intellectuel de ces enfants est parfaitement normal. Ce sont leurs capacités attentionnelles, psychomotrices ou perceptives, qui sont entravées. La cause exacte de ce trouble n’est pas définie à ce jour, mais il est établi que les facteurs génétiques pèsent lourd : il n’est pas rare que plusieurs membres d’une même famille soient concernés.

Chaque année, ce sont 700 enfants de 4 à 18 ans qui déambulent dans les couloirs du SCAP, où ils bénéficient d’un plan de soins coordonné par 30 éducateurs spécialisés, ergothérapeutes, orthophonistes, psychomotriciens, psychologues et pédagogues.

L’État a investi 2,4 millions d’euros pour transformer le plateau de 2 000 m2 dans le bâtiment Elise.

Malgré tout, les besoins dépassent largement les capacités d’accueil. «On reçoit entre 400 et 500 demandes d’admission par an, là où 200 nouveaux patients seulement peuvent être accueillis», indique Eva Bodenröder, à la fois pédagogue curative et directrice adjointe du SCAP. Certaines périodes étant particulièrement critiques, comme la rentrée : «On compte une soixantaine de nouvelles demandes sur ces 15 derniers jours», glisse-t-elle.

Depuis son ouverture en 1991, le SCAP a toujours été beaucoup sollicité. Par le passé, il a même dû fermer ses portes pour toute une période face à l’afflux de patients. Une pression qui s’est encore amplifiée ces dernières années : «Depuis 2018-2019, on voit de plus en plus d’enfants en difficulté. Notre mode de vie à 100 km/h, la pression à l’école, les flux d’informations, les écrans et le manque de temps de répit n’aident pas», poursuit la pédagogue, qui insiste sur le fait que le nombre de diagnostics de TDAH reste stable. «Un rythme intense aggrave les troubles des enfants avec un déficit de l’attention, mais n’en est pas la cause.»

Désormais, les délais pour un premier rendez-vous peuvent atteindre six à huit mois. Une éternité pour des familles en quête de soutien. Toutefois, une série d’échanges en visio et au téléphone précèdent ce premier entretien : «C’est déjà une guidance utile aux parents», précise Eva Bodenröder, assurant que l’équipe prend toujours le temps de discuter et d’orienter les familles. «On trouve des alternatives si besoin, on donne des adresses», ajoute-t-elle, consciente que trouver un psychologue ou un pédopsychiatre au Luxembourg relève du parcours du combattant.

Eva Bodenröder souligne que le rythme intense imposé par la société aggrave le déficit de l’attention.

Des postes qui restent vacants

Implanté à Walferdange à ses débuts, le SCAP a occupé pendant plus de 20 ans une partie des locaux de l’actuel Centre de compétences pour le développement moteur (CDM) à Strassen. Un espace devenu trop étroit dès 2019, ce qui a forcé l’équipe à travailler sur plusieurs sites, et à faire une croix sur les salles de thérapie de groupe et l’airtramp – un coussin d’air géant utilisé comme outil en psychomotricité.

Avec le soutien du ministère de l’Éducation nationale, le SCAP prend aujourd’hui un nouveau départ, installé au premier étage du bâtiment Elise à Leudelange depuis juillet dernier. Près de 2,4 millions d’euros ont été investis pour les travaux de transformation, et 650 000 euros supplémentaires pour les équipements, l’État participant à hauteur de 100 % aux deux postes. Le plateau comporte 58 salles, dont neuf dédiées à la psychomotricité, des salles de jeu thérapeutique, un espace Snoezelen, des salles de consultation et un airtramp.

Malgré la forte demande, il n’est pas prévu d’augmenter les capacités du service pour le moment : la pénurie de professionnels qualifiés dans le secteur éducatif et psychosocial exclut malheureusement cette possibilité. «On a deux postes ouverts depuis janvier, et on ne parvient pas à les combler», se désole ainsi Eva Bodenröder. En plus de ce site central, le SCAP dispose de deux antennes dans le pays : à Hosingen au centre Sispolo, et à Esch-sur-Alzette, à l’école Wobrecken.

Un accompagnement complet

Le SCAP, géré par l’ASBL Lëtzebuerger Aktiounskrees Psychomotorik, propose des consultations et un suivi gratuit, pour les enfants de 4 à 18 ans, scolarisés ou résidents au Luxembourg, présentant des troubles dans le domaine de l’attention, de la perception et de la psychomotricité, ainsi qu’à leurs parents, enseignants ou éducateurs. Orientation, diagnostic, séances individuelles ou en groupe, guidance parentale, formations dédiées aux professionnels : le service offre une prise en charge pluridisciplinaire déclinée sur le long terme. Inscriptions via un formulaire en ligne.

scap.lu

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