Accueil | A la Une | [Le portrait] Jeanne Lehair : passion triathlon

[Le portrait] Jeanne Lehair : passion triathlon


Jeanne Lehair, tout sourire, a brillé de mille feux cette saison. Comme ici à Malibu il y a quelques semaines à peine. (Photo : dr)

Néo-Luxembourgeoise, la Toulousaine d’adoption s’éclate dans sa discipline pour son plus grand bonheur. Et celui de la FLTRI !

Le triathlon a toujours eu une place à part dans le sport luxembourgeois. Après Nancy Kemp-Arendt, il y a eu Liz May, Dirk Bockel puis la génération des Bob Haller, Stefan Zachäus et autre Gregor Payet. Le titre continental jeune de Mara Krombach, qui a depuis mis sa carrière entre parenthèse. Et depuis l’année dernière, le triathlon grand-ducal compte un nouveau fer de lance : Jeanne Lehair!

Et quel fer de lance! Cette saison, la jeune femme de 27 ans a été sacrée championne d’Europe à Madrid et figure régulièrement dans le top 10 des plus grandes compétitions internationales. Huitième au général de la WTCS, elle est également actuellement en tête de la très prestigieuse et très rémunératrice Superleague, dont la finale se tient samedi à Neom, en Arabie Saoudite.

Je devais avoir six ans. J’ai suivi le délire de mon père

Mais qui est donc cette sympathique et pétillante triathlète, qui a toujours le sourire aux lèvres? Luxembourgeoise depuis bientôt un an, Jeanne Lehair est née française et a passé toute la première partie de sa vie à Marly, près de Metz. C’est là qu’elle tombe très tôt dans la marmite : «Je devais avoir six ans. J’ai suivi le délire de mon père», sourit-elle. La petite a visiblement besoin de se défouler : «J’ai nagé à cinq ans. J’ai fait de la gym, un an de judo, deux d’équitation, de la danse, de l’athlétisme, du tennis…» Et s’essaie aussi à la musique : «On m’a obligée à faire du violon. J’ai fait un peu de piano, mais j’ai vite arrêté.»

On l’aura compris, son truc c’est plus le sport que la musique. Et surtout le triathlon. Où elle excelle très tôt sous les couleurs du club de Metz : «Très jeune, j’ai été repérée par la fédération.» Championne de France minimes, elle sera notamment coup sur coup sacrée championne d’Europe et du monde en relais mixte avec l’équipe de France en 2015. Mais par la suite, les choses se compliquent avec la fédération : «À partir de 2016, c’est la bérézina. Je ne suis plus convoquée que pour des petites sélections. Zéro championnat d’Europe ou du monde. Ça vient peut-être du fait que je n’ai pas fait de Pôle France. En tout cas, j’étais la seule de ma génération à qui on n’a pas proposé de contrat avec l’armée.» Pas convoquée pour un grand rassemblement avant Rio, elle se consolera en décrochant en 2018 le titre de championne du monde universitaire. Et même si elle sera sur une liste «très très élargie» pour les JO de Tokyo : «On m’a bien fait comprendre que je n’avais aucune chance d’y aller», elle sent que son aventure en bleu touche à sa fin.

Des envies d’ailleurs

Comme à Metz, ça ne se passe pas forcément très bien avec son coach, Jeanne a des envies d’ailleurs. Qu’elle va concrétiser après le covid en allant s’entraîner au Portugal. C’est donc sous le chaud soleil lusitanien qu’elle prépare désormais ses saisons : «J’y suis généralement les premiers mois de l’année.»

Et qu’elle défend désormais, pour le plus grand bonheur de la FLTRI, les couleurs luxembourgeoises : «Avant de mourir en 2019, mon grand-père maternel m’a expliqué que j’avais des origines luxembourgeoises. Pour moi, c’était une bonne opportunité de prendre la nationalité. Mais je ne pouvais pas le faire directement. Donc c’est ma mère, la dernière à pouvoir faire perdurer ce lien, qui a pris la nationalité et c’est par elle que j’ai pu devenir luxembourgeoise.» Une fois la décision prise en 2020, il faudra finalement attendre fin 2022 pour que ce soit fait.

Faire 5e à Cagliari, c’était «Wow»! Mais être championne d’Europe, c’est un truc de fou!

C’est donc en tant que triathlète grand-ducale qu’elle a décroché le titre européen à Madrid, cette année : «Déjà faire 5e à Cagliari en WTCS avec toutes les meilleures mondiales c’était «Wow»! Mais être championne d’Europe, c’est un truc assez fou!»

Thomas Andreos, le DTN de la FLTRI, revient sur l’arrivée de Jeanne Lehair dans le Team Lëtzebuerg : «Son intégration s’est très bien passée. Elle est très avenante. Et sur le plan sportif, elle est arrivée comme le messie qui pouvait nous permettre de qualifier une équipe pour les JO. Elle apporte un souffle nouveau. Elle a une solide expérience du haut niveau. Et sur le plan social, des idées avant-gardistes et très tranchées sur de nombreuses questions de société.» Et d’ajouter : «En arrivant au Luxembourg, elle a découvert un mode de fonctionnement totalement différent. Pas de pression. Elle peut choisir son planning de stage, de courses. Elle est énormément soutenue par la fédération, mais aussi par le COSL, le LIHPS. Tout ça l’a libérée. Et je pense que c’est aussi pour cela qu’elle a explosé cette saison. J’ai vraiment le sentiment qu’elle s’épanouit au Luxembourg.»

La principale intéressée, désormais installée à Toulouse où elle va acheter un appart avec son copain, lui aussi triathlète, a effectivement l’air très bien dans ses baskets : «Je connais les triathlètes luxembourgeois depuis longtemps. Je partais souvent du Findel. Le premier déplacement avec l’équipe, c’était à Montréal en 2022. C’était la première course avec Eva (Daniëls). Elle était vraiment contente car elle en avait marre d’être tout le temps toute seule. Je n’avais pas peur de ne pas être acceptée, mais c’était la personne que j’aurais voulu le moins déranger.»

De nombreuses cordes à son arc

Lancée vers les JO de Paris, pour lesquels elle est virtuellement d’ores et déjà qualifiée, Jeanne Lehair a d’autres cordes à son arc. Toujours prête à rendre service : «Quand j’ai voyagé du Portugal à Toulouse, j’ai même ramené un lapin», elle a également prévu son après-carrière. Après avoir commencé des études en STAPS qui ne la passionnaient guère, elle s’est orientée vers le journalisme. Et depuis quelques mois, elle a même lancé une chaîne Youtube : «J’avais acheté une GoPro lors d’un voyage à la Réunion et je ne l’avais pas utilisée depuis. Un moment, je me suis dit qu’il faudrait que je le fasse. Depuis quatre mois, j’ai commencé à filmer un peu ce qui se passe autour de moi. Et j’ai même 789 followers (NDLR : depuis, elle a dépassé les 800 avec certaines vidéos qui ont fait plus de 4 000 vues).»

On espère que dans sa prochaine vidéo, elle fera partager de bonnes nouvelles en provenance d’Arabie Saoudite à ses followers. Ensuite, elle partira au Japon pour une dernière course avant de goûter à des vacances bien méritées !

En bref

Née le 30 mars 1996 à Metz, Jeanne Lehair se met très tôt au triathlon. Elle devient championne de France chez les minimes et décroche de nombreux titres dans les catégories de jeunes. Sur le plan international, elle décroche les titres européen puis mondial en relais mixte à une semaine d’intervalle en 2015. Sacrée championne du monde universitaire en 2018, en individuel et en relais, elle décroche le titre de championne d’Europe cette année à Madrid dans une course transformée en duathlon. Régulièrement dans le top 10 des plus grandes compétitions mondiales, elle a fait 5e en WTCS à Cagliari, a terminé 8e au général et est en tête de la Superleague, épreuve sur laquelle elle a gagné la course à Londres et est montée sur la troisième marche du podium à Malibu.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.