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[Le portrait] Christophe Audot, au fil de l’eau


Voilà 16 ans que Christophe Audot arpente tous les bassins du Luxembourg. Tour à tour directeur technique du SL, chargé de formations, coach de Raphaël Stacchiotti et aujourd’hui DTN, il sera aux premières loges, dès demain à l’Euro Meet.

Christophe Audot le revendique : «Je viens de Nice. J’aime les montagnes et la Méditerranée», indique celui dont les parents se sont installés à Cagnes-sur-Mer après avoir grandi dans une barre d’immeubles à Nice Nord.

Fils d’un papa médecin du sport qui a travaillé pour les équipes de France d’athlétisme, il explique avoir été «le gamin qui jouait à quatre ans dans le bac à sable du saut en longueur, du côté du stade Ehrmann de Nice».

Très sportif, il débutera par l’école de natation vers cinq ou six ans, avant de se tourner vers le foot : «J’aimais le sport, mais pas l’environnement.» Il fera du basket, de l’athlétisme, du triathlon : «On faisait du sport tout le temps. On était certainement le quartier le plus sportif de France!» Mais c’est une rencontre qui fera basculer sa vie : «J’avais 16 ans, on était sur une petite compétition locale. Un entraîneur m’explique que dans le club d’à côté, il y a un jeune entraîneur très motivé. J’y vais dans l’idée de progresser en triathlon. Et au bout d’un mois, je suis tombé sous le charme de la natation.»

Cet homme, c’est Roland Trabaries (disparu en 2017). Qui deviendra son mentor : «Il avait un réseau de copains qui allaient faire un peu parler d’eux : Denis, c’était Denis Auguin, Fabrice, c’était Fabrice Pellerin (NDLR : futurs entraîneurs de champions olympiques). Je me suis rendu compte qu’il y avait dans le milieu de la natation des entraîneurs qui commençaient à réfléchir un peu différemment. Qui était créatifs. Stimulants.»

Le côté tous en slip, ça m’allait bien!

C’est décidé, c’est dans ce milieu qu’il évoluera : «J’aimais les hommes, l’humilité, les valeurs. Le côté tous en slip, ça m’allait bien! Et dans la natation, il y a de quoi faire tant au niveau physiologie, que biomécanique, mécanique des fluides, beaucoup de choses que j’aimais.»

Il rejoint donc le petit club de Saint-Laurent-du-Var où il nage tout en assistant Roland Trabaries. Il mène de front des études en STAPS (il passe un master en ingénierie de la préparation physique) et des cours pour passer son brevet d’état, qui lui permet de devenir entraîneur de haut niveau : «J’ai compris très tôt qu’il fallait les deux casquettes : les compétences sur le terrain et un bagage théorique. J’ai été un des premiers entraîneurs à proposer une vraie préparation physique avancée avec du gainage, de la musculation…»

Après le départ de son mentor, il rejoint les Cachalots de Six-Fours dont il devient directeur technique à seulement 25 ans. Mais un an plus tard, il doit faire un choix : «Le même jour, ma femme – qu’il a connue quand ils avaient cinq ans – reçoit une proposition d’emploi au Luxembourg et à Nice.» Elle opte pour le Grand-Duché. Lui reste. Mais pas longtemps : «On voulait voir si on pouvait avoir une relation à distance. Mais ça n’a pas fonctionné.»

J’ai compris très tôt qu’il fallait les deux casquettes

C’est ainsi qu’il débarque au Luxembourg. Sans job, il envoie quelques CV. Et le SL lui renvoie rapidement une réponse positive : «Thierry Hoscheit, président du SL, m’a fait confiance. Et je tiens à l’en remercier.» Homme de projets, il veut travailler sur le long terme et professionnaliser tout cela : «Le rêve, c’est de développer une structure. De la pousser au maximum vers l’élite. C’est le chemin qui est important. Je suis un peu stoïcien dans ma personnalité», indique-t-il.

Au SL, il récupère des jeunes prometteurs. Qu’il va aider à faire grandir : «Avec Julie (Meynen), Monique (Olivier), Pit (Brandenburger), il y avait du potentiel à développer. Il fallait aussi gérer une équipe d’entraîneurs. Ce n’est pas évident d’avoir de telles responsabilités à 27 ans.» Après neuf ans, pour éviter le burnout, il décide de prendre du recul. Là encore, sans avoir de plan B.

Mais pas longtemps. Il est contacté par la FLNS pour prendre en charge de missions de formations.

Seulement, le démon de l’entraînement va le rattraper. En effet, c’est à lui que Raphaël Stacchiotti, alors en plein doute,  s’adresse pour le préparer pour les JO de Tokyo : «Je ne me voyais plus continuer avec Ingolf jusqu’à Tokyo. J’ai approché Christophe à l’Euro Meet il y a six ans. On a discuté. Je ne voyais personne d’autre que lui et finalement, c’était le bon choix. C’était l’entraîneur idéal pour ma fin de carrière. On pouvait discuter de tout, de rien. Et on est restés amis», confie celui qui est désormais responsable des Sports de la commune de Bissen.

«Les six mois sans entraîner m’ont fait du bien. Le retour au bassin a été pour moi une bénédiction», analyse Christophe Audot. Qui élabore un plan sur un an et demi pour reconstruire l’Ettelbruckois. Jusqu’à sa qualification, lors des Mondiaux de Gwangjiu, à l’été 2019 : «Je n’y étais pas. Je me suis levé à 3 h du matin. Il était ligne 0 et sur Fina TV, le plan de la caméra fait que je ne vois pas sa course. Je vois juste les virages, les temps de passage et je sais qu’il va le faire. Marco (NDLR : Stacchiotti, père du nageur et président de la FLNS) m’a appelé pour me féliciter. Ça m’a vraiment touché.» Malheureusement, le covid passe par là. Et on ne saura jamais ce qu’aurait pu donner Raphaël Stacchiotti à l’été 2020 à Tokyo.

Dans sa dernière année de collaboration avec Raphaël Stacchiotti, qui va finir sa superbe carrière aux JO de Tokyo, son groupe d’entraînement s’étoffe : «On passe une année formidable avec Raphaël et Pit qui jouent le rôle de grand frère. Joao (Carneiro) se qualifie pour les championnats d’Europe, il bat le record national du 200 m pap, Rémi (Fabiani) pulvérise le record du 50 m crawl. L’année suivante, c’est Finn (Kemp) qui est là. J’ai pu l’accompagner jusqu’à la finale des championnats du monde juniors. C’est une fierté.»

Entre-temps, la situation au sein de la fédération a évolué. Ingolf Bender, entraîneur national pendant 15 ans, est remercié en juin 2021. Christophe Audot devient entraîneur fédéral. Et quand Christian Hansmann quitte à son tour la fédération, il embrasse le poste de directeur technique national (DTN). Désormais, il travaille aux côtés du Franco-canadien Jérémy Bruggemann. Et du travail, il n’en manque pas!

En bref

Né le 31 octobre 1981 à Hyères, Christophe Audot, dont le père était médecin de l’équipe de France d’athlétisme et dont le jeune frère, docteur en mécanique des fluides, travaille avec British Swimming à Southampton, est marié et père de trois enfants. Après une jeunesse passée à toucher à tous les sports, il semble se diriger vers le triathlon. Mais il va rencontrer Roland Trabaries, qui devriendra son mentor et qui lui donne la passion de la natation. Et de l’enseignement de ce sport. Titulaire d’un master STAPS en ingénierie de la préparation physique, il a également passé le BEESAN, brevet d’état qui lui permet d’être entraîneur de haut niveau. Nageur et entraîneur à St-Laurent-du-Var, il rejoint ensuite les Cachalots de Six-Fours dont il devient entraîneur et directeur technique à 25 ans. En 2008, il décide de rejoindre sa femme, qui vient d’obtenir un poste au Luxembourg. Il arrive au Swimming Luxembourg comme directeur technique. Au bout de neuf ans, il rejoint la fédération pour se charger de projets autour de la formation. Appelé à la rescousse pour Raphaël Stacchiotti, il devient son entraîneur, chargé de conduire le nageur aux JO de Tokyo. Alors que la mission Stacchiotti touche à sa fin, son groupe d’entraînement s’étoffe. Et quand Ingolf Bender se fait remercier, il devient entraîneur fédéral avant de prendre également en charge le poste de directeur technique à la suite du départ de Christian Hansmann.

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