Accueil | A la Une | Le Lux Film Fest «dans la mouvance post-#MeToo»

Le Lux Film Fest «dans la mouvance post-#MeToo»


«Offrir le meilleur du cinéma international, documentaire, de la création nationale... est aujourd'hui notre image de marque» (affiche LuxFilmFest)

Pour sa dixième édition le Luxembourg City Film Festival voit les choses en grand et propose, du 5 au 15 mars, une programmation XXL avec des films de prestige et des invités de renom.

«Nous voici à la dixième édition de ce qui était en 2011 un grand chambardement et un pari sur l’avenir» lance d’entrée, lors de la présentation du millésime 2020 du Luxembourg City Film Festival, sa présidente, Colette Flesch. «Offrir le meilleur du cinéma international, documentaire, de la création nationale… est aujourd’hui notre image de marque», poursuit-elle, tout en énumérant les innovations qui, année après année, ont fait évoluer et grandir la manifestation : «passage en mode compétitif, collaboration avec diverses institutions culturelles de la ville, hommages aux grands noms du 7e Art, mise en place d’un quartier général, promotion de la réalité virtuelle, mise en œuvre de la programmation en journée l’année dernière et développement d’un véritable volet professionnel cette année».

Pour la présidente, «le succès au niveau des spectateurs et de positionnement international ont été à la clé». Et «la programmation 2020 est à l’image de cette ascension».

Juste dose de paillettes

Une programmation qui a connu une évolution incroyable, comme le fait remarquer le directeur de la Cinémathèque, Claude Bertemes : «j’ai fouillé dans mes archives et retrouvé le catalogue de la première édition. J’ai mesuré l’épaisseur de ce programme, il fait exactement trois millimètres. Ce qui correspond exactement à l’épaisseur, cette année, du seul catalogue jeune public».

Faire plus, faire beaucoup, c’est bien. Encore faut-il faire juste. Et à ce niveau-là, aussi, la manifestation a gagné, année après année, ses lettres de noblesse. Car si le Lux Film Fest se veut avant tout un rendez-vous de cinéphiles – «qui dans sa programmation n’hésite pas à intégrer des blocs d’étrangeté, de dissidence thématique, esthétique, mais aussi quelques grains de folie», précise Claude Bertemes –, il n’a jamais oublié le grand public en proposant des films très attendus en avant-première nationale, voire européenne, ainsi qu’une juste dose de paillettes.

Luxembourg n’est bien évidemment ni Cannes, ni Venise, ni Berlin, mais le festival peut se vanter d’avoir accueilli ces dernières années plusieurs grands noms du cinéma, mais aussi de la littérature : Saïd Taghmaoui, Svetlana Aleksievitch, Ray Liotta, Antoon Krings, Dominique Besnehard, Douglas Kennedy, Michel Ocelot, Volker Schlöndorff ou encore l’an dernier Joachim Lafosse, Abderrahmane Sissako, Mike Leigh et Pablo Trapero. Pas mal du tout !

Et 2020 ne devrait pas décevoir les chasseurs d’autographes. En dehors de plusieurs réalisateurs et acteurs de films à l’affiche – parmi lesquels les français Benoît Delépine et Gustave Kervers qui viendront présenter leur nouveau film, Effacer l’historique – la manifestation a déjà annoncé trois invités ayant confirmé leur venue. Et pas des moindres. Le réalisateur franco-grec Costa-Gavras (Z, L’Aveu, Missing, Music Box, Amen…) viendra donner une masterclass, tandis que le britannique Mike Newell, réalisateur de Four Weddings and a Funeral, Donnie Brasco ou encore Harry Potter and the Goblet of Fire, prendra place dans le jury international sous la présidence de l’auteure de BD et réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi (Persepolis, Poulet aux prunes, The Voices…).

Une présidence représentative d’une volonté avouée de la part de l’équipe du festival d’être, «dans la mouvance post-#MeToo», neutre au niveau du genre. Ainsi, note Duncan Roberts, membre du comité artistique de la manifestation, «la sélection présente beaucoup de films de réalisatrices, mais aussi plusieurs films de réalisateurs hommes avec des personnages principaux féminins».

«Ça va un peu grincer»

Autre choix fort en ce sens, le celui du film d’ouverture, le 5 mars : Promising Young Woman, d’Emerald Fennel. «Chaque année nous essayons d’avoir des choses exclusives, assure le directeur artistique du festival, Alexis Juncosa, là on vous offre un des gros phénomène de Sundance cette année. Un gros revenge movie, un film ultra-féministe. Au niveau des festivals, c’est le film pour lequel tout le monde s’excite et on l’a juste après Sundance, avant même la sortie officielle aux États-Unis où il a été présenté comme « le manifeste post-#MeToo ». Autant dire que ça va un peu grincer».

Une soirée au féminin aussi pour la soirée de remise de prix, avec la projection de Yalda, de Massoud Bakhshi, coproduit par le Luxembourg (Amour Fou), auréolé du prix de la compétition internationale à Sundance, qui raconte l’histoire d’une femme iranienne condamnée à mort qui doit obtenir le pardon de ses accusateurs à travers une émission de télé-réalité.

Des sujets forts – le Lux Film Fest en a fait sa spécialité –, des invités de marque, mais aussi de nombreuses fêtes : apéritifs, soirées, after-parties… le festival a vu grand pour cette édition anniversaire. L’an dernier, la manifestation avait attiré 29 100 festivaliers. Ce millésime à venir se présente sous les meilleurs auspices avec un premier «Industry Days» et la présence de nombreux distributeurs internationaux et déjà quelques 6 000 scolaires inscrits pour les projections jeune public.

«Un festival est un espace-temps, comme Carnaval, où l’on peut se permettre des choses. C’est ça qui le démarque du maelström audio-visuel qui nous engloutit de plus en plus», conclut Claude Bertemes, qui sait trouver les mots pour convaincre ceux qui n’ont pas encore osé pousser les portes du Lux Film Fest.

Pablo Chimienti

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.