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Le difficile suivi des troubles de l’attention au Luxembourg


La priorité pour Cathy Mangen est de rattraper le retard et de traiter les dossiers en attente. (Photo: Didier Sylvestre)

Submergé par les demandes d’admission, le Service de consultation et d’aide pour les troubles de l’attention (SCAP) a été contraint de refuser de nouveaux patients jusqu’à 2019.

Le SCAP a été fondé en 1991 par l’association Lëtzebuerger Aktiounskrees Psychomotrik. Après s’être dédiée à la psychomotricité, l’association a étendu son action aux troubles de l’attention, les deux problématiques étant souvent liées. Le service était géré par des bénévoles, souvent des enseignants, avant de se professionnaliser et d’être conventionné par le ministère de l’Éducation nationale. Aujourd’hui, il dispose d’une antenne au Sispolo (Syndicat intercommunal pour l’éducation, l’enseignement, le sport et les loisirs) de Hosingen et aimerait pouvoir en ouvrir dans le sud et l’est du Luxembourg pour être au plus proche de ses jeunes patients.

Des jeunes patients de plus en plus nombreux. En 2017, le SCAP a reçu 359 demandes d’admission, dont 231 ont été suivies d’entretiens d’admission. L’an passé, le service a pris 471 enfants en charge. «Avant la dernière rentrée scolaire, nous recevions une moyenne de 6 à 7 demandes admission par semaine. Depuis, nous en avons 12 par semaine. Nous n’arrivions plus à suivre. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’arrêter les admissions jusqu’au 1er mars 2019», explique Cathy Mangen, la directrice du SCAP, qui admet environ 300 nouveaux jeunes chaque année.

Les retards s’accumulent. «Jusqu’à présent, nous proposions un premier rendez-vous aux parents un mois après avoir reçu le dossier d’inscription. Le temps d’attente est désormais de quatre mois avant même de pouvoir fixer un rendez-vous. Les parents que nous recevons actuellement devront attendre jusqu’à la fin de l’année pour recevoir une proposition de prise en charge de notre part, regrette la directrice. Nous ne pouvions plus continuer comme ça. Dans un premier temps, nous allons rattraper le retard et traiter les dossiers sur notre liste d’attente. Nous espérons pouvoir y parvenir dans les temps. Mais cela ne peut être une solution permanente.»

Les troubles sont plus marqués qu’il y 20 ans

La directrice attribue cette augmentation des demandes à la réforme du secteur concernant les enfants à besoins spécifiques, à une plus grande sensibilisation des enseignants et à un meilleur dépistage. «La prévalence des pathologies que nous traitons n’augmente pas, indique Cathy Mangen. Nous constatons juste que ces troubles (déficit de l’attention, hyperactivité et troubles de l’apprentissage) sont plus marqués en raison de facteurs environnementaux plus compliqués qu’ils ne l’étaient il y a 20 ou 30 ans.»

Conscient du problème, le ministère de l’Éducation nationale a décidé de créer quatre nouveaux postes pour tenter de régulariser la situation du SCAP. Cathy Mangen compte également beaucoup sur «les nouveaux centres de compétences sur les troubles de l’apprentissage et du comportement, entre autres. Ils pourront traiter de manière plus adéquate les enfants à besoins spécifiques qui ne font pas entièrement partie de notre population cible.» Cela permettra à terme de décharger le SCAP, qui continuera à prendre en charge les enfants souffrant d’un trouble de l’attention.

Le SCAP effectue un travail thérapeutique et pédagogique de manière ambulatoire. Il accompagne des enfants et des adolescents âgés de 4 à 18 ans dans le cadre de thérapies ou de séances de conseil une à deux fois par semaine pendant au moins un trimestre.

Le parcours est long avant le diagnostic

Le SCAP n’accepte certes plus d’admissions pour le moment, mais sa directrice conseille aux parents qui ont un doute quant au comportement de leur enfant de ne pas perdre de temps. Plus un trouble est dépisté et pris en charge tôt, mieux l’enfant vivra avec ce trouble. Cathy Mangen leur conseille dans un premier temps de consulter leur pédiatre. Il pourra les diriger vers un spécialiste qui établira un diagnostic et, le cas échéant, les conseillera sur la thérapie adaptée.

Il ne faudrait en effet pas attendre. Le diagnostic étant différentiel, il nécessite de consulter différents spécialistes, comme, entre autres, des logopèdes, des neurologues ou des ophtalmologues. Le SCAP n’intervient qu’une fois le diagnostic posé. Autre élément qui devrait pousser les parents à ne pas attendre : l’école et la cellule familiale peuvent travailler différemment avec un enfant dont le trouble est identifié.

Sophie Kieffer

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