Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Avec l’élection d’Elisabeth Margue et de Stéphanie Weydert comme coprésidente et cosecrétaire générale, le CSV a achevé le renouvellement de son personnel. Les démons du passé n’ont pas disparu pour autant.
Le congrès du CSV, organisé samedi à Ettelbruck, s’est voulu être celui de la relance, mais aussi de la réconciliation. Néanmoins, le procès CSV Frëndeskrees, provoqué par une dénonciation par les siens de l’ancien président Frank Engel, a laissé des traces. L’action entreprise par la fraction parlementaire a aussi amené Elisabeth Margue et Stéphanie Weydert sur le banc des prévenus.
Acquittés en décembre dernier, les deux jeunes espoirs du CSV n’ont pas été lâchés par leur parti. C’est donc comme prévu que les deux juristes de formation ont été élus, samedi, comme coprésidente et cosectéraire générale. Elisabeth Margue a récolté un score de 86,5 % (185 voix sur 214) pour rejoindre Claude Wiseler à la tête du parti. Stéphanie Weydert a été soutenue par 91 % des délégués (194 voix sur 213) et officiera au côté du secrétaire général Christophe Hansen.
«Pas faire comme si de rien n’était»
Fleuri et longuement applaudi, le nouveau duo n’a pas directement évoqué le pénible chapitre judiciaire de 2021. Entre les lignes, Elisabeth Margue ne s’est toutefois pas privée de fustiger que «nous ne pouvons pas faire comme si de rien n’était. Chacun doit tirer ses leçons. L’intérêt du parti doit désormais primer sur des intérêts personnels. Nous devons aller ensemble de l’avant». «Je suis un joueur d’équipe convaincu. Uniquement si l’on reste ensemble, on pourra atteindre nos objectifs. Chacun doit pouvoir compter sur l’autre. Il n’est pas question que l’un se retourne contre l’autre. Il nous faut unir nos forces», a fait remarquer, de son côté, Stéphanie Weydert.
Ceci dit, la nouvelle coprésidente et la nouvelle cosecrétaire générale ont posé les grands principes de la politique qu’elles comptent mener à la tête du CSV. «Nous devons une nouvelle fois convaincre les électeurs du besoin d’avoir un CSV fort. On ne suit pas une idéologie, mais nous menons une politique basée sur des valeurs qui cherche à soutenir tout un chacun dans son projet de vie. Personne ne doit être laissé pour compte», plaide Stéphanie Weydert, taclant au passage déi gréng («le parti qui interdit tout»), mais aussi les deux autres partis du gouvernement DP et LSAP : «Cette majorité navigue à vue sans vision aucune pour l’avenir du pays.»
Même si elle évoque le besoin d’avoir une «approche holistique», Elisabeth Margue souligne que le CSV doit se positionner plus clairement sur un nombre de thématiques clés : «Les temps où on a repris toutes les revendications qui nous ont été soumises sont révolus. Se positionner sur plusieurs thématiques clés ne veut néanmoins pas dire que l’on ne puisse pas avoir de positions sur d’autres thématiques.» On touche ici au principe du CSV qui en tant que «parti populaire» continuera à «trouver la bonne balance» pour mener une «politique centriste» dans l’intérêt des gens.
Ces derniers mois, le CSV, en tant que principal parti d’opposition, aurait réussi «à imposer (son) agenda au gouvernement. On a démontré que nous voulons façonner au lieu de se contenter de réagir à l’agenda de la majorité». Elisabeth Margue a égratigné le gouvernement en place pour sa politique du logement. Le risque de pauvreté accrue, l’éducation, la santé ou encore la politique étrangère ont été d’autres domaines identifiés samedi comme les autres échecs de la part de l’équipe gouvernementale.
Rendez-vous le 11 juin
«Nous devons tout faire pour qu’en 2023 le CSV devienne incontournable pour former le prochain gouvernement», clame Stéphanie Weydert. Le renouvellement engagé par le parti est censé devenir une des clés du succès. Le 11 juin, le CSV va se réunir pour un congrès extraordinaire. Le président Claude Wiseler annonce que ce rassemblement des troupes servira à dévoiler le «nouveau look et la nouvelle façon d’agir» du parti, mais aussi à «présenter les premiers accents, thématiques et contenus» en prévision des élections communales et législatives de 2023.
