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L’artisanat à la recherche de main-d’oeuvre


Avec le gros oeuvre et le génie civil, le bâtiment fait partie des secteurs les plus en tension au sein de l'artisanat. (Photo d'illustration Pixabay)

Une étude de la Chambre des métiers révèle que de nombreux artisans peinent à trouver la main-d’oeuvre dont ils ont besoin. Une problème qui pourrait être résolu en mettant l’accent sur la formation, notamment continue.

L’artisanat luxembourgeois est à la recherche de 3 800 personnes, soit 20 % de plus qu’en 2019. Ce constat sort tout droit de la dernière étude de la Chambre des métiers qui indique également que 70% des entreprises artisanales sont à la recherche de main-d’œuvre.

Le secteur est en effet en pleine mutation puisque 57 % des postes recherchés seraient des créations d’emplois tandis et 43 % serviraient à remplacer des postes existants. Mais de très nombreuses entreprises, 91 %, peinent à trouver les salariés correspondant à leur besoin. Dans 69 % des cas, aucun candidat ne remplissait les critères nécessaires, notamment de qualification (voir encadré). Mais l’étude note également des attentes salariales trop élevées (36 % des cas), des trajets trop longs (26 %) et des candidats qui n’ont finalement pas accepté l’offre après avoir pourtant postulé (20 %).

Le DAP, formation-clé pour devenir artisan

Si la formation est aujourd’hui primordiale pour régler la pénurie de main-d’oeuvre, toutes ne se valent pas. Le Diplôme d’aptitude professionnelle (DAP) est de loin le plus apprécié des entreprises. Celles-ci sont 44 % à rechercher des candidats avec ce niveau de formation. Vient ensuite le Certificat de capacité professionnelle (CCP) demandé par 23 % des employeurs suivi par le Brevet de maîtrise ou le BTS (10 %) et enfin les bac +3 ou +5 (8 %).

« Le besoin continue de salariés non-qualifiés (27% des postes recherchés totaux) témoigne de la pénurie des ressources humaines surtout au niveau technique », rappelle la Chambre des métiers.

Miser sur la formation continue

Cette pénurie gêne les activités des entreprises en particulier dans le bâtiment, le gros oeuvre et le génie civil. « Le cluster « installations techniques du bâtiment » fait ressortir à terme une demande considérable de personnes, estimée à environ 1 700 salariés », précise la Chambre des métiers. Ce besoin de main-d’oeuvre se retrouvant également dans de nombreux secteurs de l’économie luxembourgeoise (fonction publique, industrie, commerce…), ces derniers entrent donc en concurrence avec l’artisanat créant des tensions supplémentaires sur le marché de l’emploi.

Pour la Chambre de métiers, la situation ne pourra s’améliorer qu’en passant par plus de formation, notamment au sein des entreprises. 53% des artisans disent d’ailleurs avoir proposé ces trois dernières années des formations continues à leur personnel. Mais les obstacles sont encore nombreux. « A cause de la crise sanitaire en 2020-2021, le nombre d’entreprise investissant dans la formation était plus limité. Les entreprises organisent les formations continues pour leurs salariés en externe (45%), en interne (17%) ou alors par une formule mixte interne/externe (38%). »

Pour la Chambre des métiers, il faut donc promouvoir les instruments existants encore méconnus des professionnels. Les micro-entreprises (moins de 10 salariés) et les petites entreprises (moins de 50 personnes) sont à cibler en priorité puisque ce sont elles qui recourent le moins à un cofinancement étatique pour investir dans la formation continue. « Un travail important de sensibilisation et d’accompagnement individuel reste à faire sur ce sujet. »

L’importance du bien-être au travail

La Chambre des métiers souhaite aussi ajuster certains outils comme le Congé individuel de formation (CIF). Celui-ci représente un droit pour le salariés auquel le patron ne peut s’opposer et seulement le différer une fois. Mais la Chambre des métiers se dit en revanche contre un droit généralisé à la formation ou un système de comptes personnels calqué sur le modèle français. « L’artisanat est d’avis que des solutions adaptées en matière de systèmes de formations continues sont à trouver au niveau sectoriel. » Elle plaide également en faveur d’un renforcement du cofinancement tout en redéfinissant les critères d’éligibilité.

Mais d’autres pistes doivent encore être défrichées pour combler ces soucis de main-d’oeuvre. Les entreprises devront notamment faire des efforts pour fidéliser leurs salariés, une obligation dans ce contexte de pénurie de main-d’oeuvre qualifiée. Cette pérennisation passera avant tout par l’environnement de travail, cités par 68 % des salariés, ainsi que par une rémunération basée sur la performance (48 %) et supérieure par rapport aux concurrents (46 %). Les avantages extra-légaux sont eux aussi particulièrement appréciés (41 %). « L’adoption de méthodes de travail plus flexibles (37 %), le développement personnel (32 %) et l’image de marque (30 %) se situent quasi au même niveau d’importance. »

C’est donc cette fidélisation ainsi qu’un accent mis sur la formation continue qui pourra, d’après la Chambre des métiers, aider l’artisanat à régler ses problèmes de recrutement et assurer au secteur un avenir plus stable.

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