Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Ouverte pour la première fois à d’autres secteurs que la finance, l’ALEBA jouait gros dans ces élections. Mais les premiers résultats semblent la satisfaire.
Les résultats complets des nouveaux délégués de la Chambre des salariés mettront encore plusieurs semaines à arriver, mais au QG de l’ALEBA, hier soir, l’ambiance était à la fête.
«Nous avons déjà pas mal de résultats pour les délégués du personnel et ils sont très positifs, se félicite Roberto Mendolia, le président du syndicat. Partout où nous nous sommes présentés, nous avons gagné des délégués.»
C’était en effet une grande première pour l’ALEBA qui, jusqu’à présent, se cantonnait au secteur bancaire. En mars 2023, l’Association des employés de banque et d’assurance devenait l’Association luxembourgeoise pour tous les employés ayant besoin d’assistance. Si l’acronyme restait inchangé, les ambitions prenaient une nouvelle dimension pour ce scrutin.
Se rêvant en «syndicat pour tous», l’ALEBA devait encore confirmer cet objectif dans les urnes. Pour Roberto Mendolia, c’était chose faite à l’issue des premiers résultats tombés.
«Nous n’avons pas encore tous les résultats, mais dans les petites comme dans les moyennes entités, nous sommes bien représentés, comme chez BMW ou Orange.»
Et chez Clearstream, le fief de Roberto Mendolia où il a d’ailleurs été réélu, le syndicat obtient la majorité absolue des 23 sièges avec 16 mandats. «On est vraiment très satisfaits, maintenant, on attend encore les résultats de la CSL, mais ceux-ci ne tomberont qu’en avril.»
«Prouver qu’on mérite notre place»
Car au «Parlement du travail», les enjeux sont grands également. Pour l’instant titulaire de quatre sièges dans l’assemblée sortante, l’ALEBA espère cette fois obtenir bien plus du fait de son ouverture.
Cette année, le syndicat présentait des listes complètes dans six secteurs (outre les services financiers s’ajoutent les autres services, les administrations et entreprises publiques, la santé et l’action sociale, les CFL et les retraités) et des candidats dans les trois autres.
Avec 531 000 électeurs potentiels contre 180 000 précédemment, l’ALEBA espère peser dans la prochaine mandature face à l’OGBL et au LCGB. Le syndicat vise même les 20 % de représentants en 2029 et les 50 % pour le secteur financier, ce qui lui ouvrirait les portes de la représentativité nationale.
Et pour cette année? «Si on faisait déjà 20 % cette fois-ci, ce serait formidable. Mais comme c’est la première fois que nous présentons autant de listes, c’est très difficile de donner une estimation pour le moment», tempère Roberto Mendolia.
Le syndicat, qui revendique une opinion neutre, souhaite apporter une voix différente : «Ça vaut de l’or, car nous comprenons ce que veulent les gens, nous les avons écoutés tout en nous appuyant sur des études juridiques. Nous ne suivons pas un dogme». Une ligne qui, selon le président, serait bénéfique dans une tripartite dont le syndicat espère voir les portes s’ouvrir prochainement.
En attendant les résultats définitifs de la CSL, c’est d’abord du côté des entreprises que l’ALEBA va se tourner. «Nos nouveaux délégués ont fait une campagne exceptionnelle et dans le respect des autres malgré les attaques de nos adversaires.» Arrachages d’affiches, attaques personnelles… Roberto Mendolia garde un certain goût amer de ces dernières semaines.
Mais aujourd’hui, l’ALEBA veut rassembler et proposer rapidement aux délégations neutres de la rejoindre. «Nous voulons leur permettre de bénéficier d’une organisation syndicale afin de mieux faire entendre leur voix.»
Un long travail de formation va aussi commencer pour les nouveaux élus du syndicat, notamment ceux qui siégeront dans quelques semaines à la CSL. «Nous avons posé les fondations, il faut maintenant prouver qu’on mérite notre place.»
