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La santé des enfants luxembourgeois à la loupe : des inégalités frappantes


Le DR Françoise Berthet, présidente de l'ObsSanté. (photo Julien Garroy)

La santé des 90 682 enfants de 0 à 12 ans fait l’objet d’un rapport intitulé «Eng gesond Zukunft : un rapport sur la santé de l’enfant au Luxembourg». Une première pour le pays, et qui met en exergue l’inégalité sociale face à la santé.

L’Observatoire national de la Santé (ObSanté) n’a pas chômé depuis sa création en septembre 2022. Il a récolté, épluché et compilé toutes les données possibles sur la santé de l’enfant, depuis sa conception à ses 12 ans, au Luxembourg. Une masse de travail dévoilée ce mercredi soir devant un parterre de professionnels et d’associations dans le domaine de la santé, mais aussi devant la ministre de la Santé, Martine Deprez. Un rapport, dont la ministre dit qu’il constitue «une première étape pour guider sa politique durant les 4-5 prochaines années» et qui affirme avoir «bien noté les suggestions».

Ce qui frappe tout d’abord à la lecture de ce rapport, ce ne sont pas les suggestions émises mais les constations. Les disparités socio-économiques sont importantes et jouent sur l’état de santé des enfants. Ceux dont les parents sont les moins aisés sont ceux qui connaissent le plus de soucis de santé. Un écart qui a continué de se creuser entre 2014 et 2022.

Ainsi, moins de la moitié des enfants de 11 à 12 ans interrogés sur leur état de santé estiment que leur santé est excellente en 2022, décrit le rapport. Il s’agit là d’un ressenti, mais les chiffres sont là : en 2022, 43 % des filles et 29 % des garçons ont ressenti des problèmes de santé multiples plusieurs fois par semaine, voire quotidiennement. Une proportion en augmentation. Et les enfants des ménages peu aisés sont presque deux fois plus enclins à rapporter des fréquents problèmes multiples de santé. Cinquante-deux pour cent des enfants de familles aisées se déclarent en excellente santé contre 23 % des enfants moins aisés.

Des enfants dont la santé mentale est difficile à évaluer, regrette le Dr Françoise Berthet, présidente de l’ObSanté. «Il n’y a pas de données relatives à l’impact du covid» chez les petits, explique-t-elle.

Un enfant sur cinq en surpoids ou en obésité

Et sur ce qui ne relève pas du psychosomatique, là aussi les chiffres sont en hausse. En 2022, «un enfant sur cinq est en surpoids ou en obésité, près d’un écolier sur trois, de 5 à 7 ans, a des caries non traitées et un enfant sur 7 a été pris en charge pour traumatisme dans un service d’urgence chaque année entre 2013 et 2020», précise le rapport. Du côté des bonnes nouvelles, on peut noter le taux de la probabilité de décès d’un enfant est de 2,7 sur 1 000, un chiffre faible et que l’incidence du cancer chez l’enfant est identique aux autres pays européens.

Le système de santé a aussi été passé au crible et lors de la présentation, a été mis en avant le ratio pédiatres/enfants. Selon le rapport, le nombre de pédiatres augmente et avec «0,19 pédiatre pour mille habitants, le Luxembourg arrive devant la Belgique, la France et les Pays-Bas. Une donnée qu’a tempéré le Dr Serge Allard, président de l’association des pédiatres : «Il y a un réel manque de pédiatres au Luxembourg, a-t-il asséné. Un quart des patients que j’ai reçus aujourd’hui dans mon cabinet provenait de la Grande Région», or seuls les enfants résidents sont comptabilisés dans le rapport. Ce dont convient le Dr Françoise Berthet : «On ne connait pas la part des frontaliers qui utilisent nos services.»

Équité et non égalité

Le rapport préconise de lutter contre l’obésité en promouvant et soutenant de meilleurs comportements, de prévoir un plan national axé sur la santé des enfants, promouvoir la recherche sur la santé des enfants et combler les lacunes en matière de données. Il faut tendre vers l’équité, pas l’égalité, explique le Pr Laetitia Huiart : «si on donne plus à ceux qui en ont le plus besoin, tous les indicateurs de santé se trouvent améliorés».

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