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La médecine à deux vitesses déjà en route au Luxembourg


Les hôpitaux sont débordés et le secteur privé ronge son frein. La stratégie du futur gouvernement est attendue avec impatience.  (Photo : archives lq/didier sylvestre)

Les cabinets privés cartonnent alors que les hôpitaux n’arrivent plus à suivre la cadence de la médecine ambulatoire. Le surcoût pour convenance personnelle n’arrête pas les patients.

Les lignes sont encombrées et la voix sur le répondeur de l’hôpital conseille d’envoyer une demande de rendez-vous par e-mail en y joignant l’ordonnance médicale. Le patient, presque septuagénaire, s’exécute et envoie une photo de son ordonnance pour passer un scanner. Il patiente deux heures et obtient une réponse.

«Bonjour, pourriez-vous nous envoyer votre ordonnance au format PDF ?», demande le call center dans son e-mail. Non, impossible, le patient n’est pas équipé pour scanner son ordonnance et ne saurait même pas comment faire. Il n’ose pas non plus déranger son généraliste toujours débordé.

Des services saturés

Il essaie d’obtenir un autre rendez-vous et retourne sur la liste que lui propose sa recherche sur internet. Il tombe alors sur un cabinet à Esch-sur-Alzette qui propose de l’imagerie médicale et remplit le formulaire de contact avec une demande de rendez-vous.

Un quart d’heure plus tard, le secrétariat du cabinet privé le rappelle et lui propose un rendez-vous dans l’heure qui suit. Il souffre de maux de tête terribles depuis deux mois et aucun des deux traitements consécutifs qu’il a pris n’a eu d’effet. Il s’inquiète.

La possibilité de passer un scanner immédiatement le rassure, d’autant que dans les hôpitaux, les services sont saturés. «Je m’étais rendu la veille à Dudelange où ils reçoivent sans rendez-vous, mais quand j’ai vu la salle d’attente pleine, j’ai fait demi-tour», avoue-t-il.

Mettre le prix

La même expérience s’est produite pour un nonagénaire qui devait subir une radio du genou. Impossible pour lui d’attendre plusieurs heures dans une salle à Dudelange alors qu’il est reçu sur rendez-vous dans ce même cabinet privé. «La médecine à deux vitesses est déjà en route», nous dit le patient venu pour un scanner des sinus. La caisse de maladie va rembourser une partie des frais, mais il paiera la part due pour «convenance personnelle».

«C’est pareil quand vous allez à Trèves, sauf qu’Esch-sur-Alzette, c’est plus près, donc bien plus pratique», commente-t-il. Le surcoût s’élève tout de même à 90 euros.

«Tout le monde ne peut pas se le permettre, même pour moi c’est cher, mais c’est le prix que j’ai décidé de payer pour être fixé sur mon sort», ajoute-t-il.

Le cabinet privé en question s’est battu pendant des années avant de pouvoir s’installer avec les autorisations requises. Un parcours du combattant pour pouvoir dispenser des soins en ambulatoire, comme l’a connu le Centre médical Potaschbierg (CMP) à Grevenmacher qui avait déclenché, l’année dernière, une tempête médiatique et politique.

Le cabinet de la Moselle est devenu une antenne du Centre hospitalier de Luxembourg, une condition fixée par le ministère pour pouvoir proposer ses services.

Sans hôpital

Pour le cabinet privé d’Esch-Sur-Alzette, c’est une autre histoire. Ils peuvent réaliser les scanners et les radiographies, mais toujours pas de coloscopies ni de mammographies, pour lesquelles il y a encore 18 mois d’attente pour les jeunes femmes, hors programme national de dépistage du cancer du sein.

Les gynécologues n’ont de cesse de crier au scandale, mais rien n’y fait. Aucun hôpital ne chapeaute le cabinet du groupe Hygie et les actionnaires, comme l’équipe médicale, attendent avec impatience de connaître la position du futur gouvernement sur la question.

«L’accès aux soins des patients devient de plus en plus difficile au cours des dix dernières années, au point que seuls les patients disposant des contacts utiles peuvent se procurer des rendez-vous dans des délais acceptables», écrivait l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) dans son avis sur le projet de loi consacré à la médecine ambulatoire.

«L’encombrement des urgences est une conséquence d’un manque de visibilité des soins primaires et d’un manque d’accès aux soins secondaires», poursuivait-il. Les responsables d’Hygie Group, des investisseurs français, ne veulent pas communiquer avec la presse pour le moment, préférant attendre la stratégie du futur ministre de la Santé, qui ne sera plus un socialiste, rompant ainsi avec une vieille tradition.

En attendant, le petit cabinet privé ne désemplit pas.

Un commentaire

  1. Comment se fait-il que, chaque fois que les petits hommes gris (les bureaucrates) se mèlent de la santé, c’est une catastrophe?
    Avez-vous une fois dans votre vie, Messieurs les petits homme gris, entendu le mot « liberté » ou Freiheit si vous ne comprenez pas le français?
    Fichez-donc la paix aux gens et laissez-les installer tous les cabinets privés qu’ils veulent, du moment qu’ils rendent un service que les hopitaux ne rendent plus!