SOS Faim-Luxembourg fête ses 25 ans. Un quart de siècle à lutter contre la faim et pour l’éradication de la pauvreté en milieu rural sur le continent africain. L’ONG dresse le bilan et dépeint l’évolution de ses missions.
« On est fiers de ces 25 années, mais cet anniversaire est aussi l’occasion de réfléchir sur ce qui a été accompli et d’ouvrir de nouvelles perspectives d’avenir», a déclaré Raymond Weber, le nouveau président de SOS Faim, lors d’une conférence de presse mardi à Schifflange, à l’occasion des 25 ans de l’ONG, créée au Luxembourg en avril 1993 grâce à la mobilisation de citoyens.
En 25 ans d’existence, l’ONG a en effet dû s’adapter aux différentes mutations du monde. Si la lutte contre la faim reste un objectif bien réel – «Ce fléau tue quotidiennement plus que le sida et le paludisme réunis», rappelle Thierry Defense, directeur de SOS Faim – s’y sont greffés les questions sécuritaires (avec la lutte contre le terrorisme), les inégalités, le changement climatique, le développement durable…
En réponse, plutôt que de proposer des aides ponctuelles et se limiter aux seuls projets caritatifs qui ont fait preuve de leurs limites, SOS Faim a donc choisi de miser sur une aide plus pérenne aux producteurs africains, en leur proposant des programmes d’accompagnement pour créer et développer leur activité. Cela passe notamment par le renforcement des organisations paysannes, la dynamisation des coopératives et surtout l’accès à des financements adaptés, tels que les microcrédits.
«Nous préférons donner les moyens à un producteur de se nourrir lui-même, voire de dégager un revenu grâce au surplus de sa production», explique Thierry Defense, citant la célèbre formule de Lao Tseu : «Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours.» «C’est plus pertinent pour ces personnes de se prendre en charge et de ne plus dépendre de l’aide alimentaire, laquelle d’ailleurs génère un trafic qui perturbe l’ensemble du marché.»
Le respect des droits humains
En outre, l’ONG a élargi son champ de conscience et de fait, d’action. «J’ai l’impression qu’on est devenus plus sensibles aux biens publics mondiaux, tels que l’eau ou l’électricité, ainsi qu’à la dimension culturelle, au niveau de développement humain (espérance de vie, niveau de vie et d’instruction…) et au respect des droits humains», souligne Raymond Weber.
«L’action et les projets que nous menons ont un impact fortement limité si le contexte économique et social et le service public ne contribuent pas au bien-être du citoyen», complète Thierry Défense. «Il faut appuyer les acteurs de la société civile qui œuvrent pour ces changement, sans quoi on sert juste de sparadrap.»
C’est ainsi que SOS Faim, qui se concentre sur six pays africains (Mali, Niger, Burkina Faso, Bénin, RDC et Éthiopie), soutient entre autres l’association nigérienne Alternative Espaces Citoyens – qui agit en faveur de la défense des droits humains et promeut les valeurs démocratiques via sa radio basée à Niamey. «Plusieurs de ses membres ont été emprisonnés de manière arbitraire pendant plusieurs mois», signale Marine Lefebvre, responsable du service information et plaidoyer.
Si l’ONG reconnaît quelques «échecs» – «Il faut bien savoir prendre des risques» – elle continue inlassablement le combat. Son efficacité a convaincu le ministère de la Coopération de la mandater pour concevoir et mettre en œuvre un programme ambitieux dans le domaine de la finance rurale en Afrique. «Il s’agit d’inviter les banques et autres organismes de financement à sortir des liquidités pour les petits agriculteurs et de former ces derniers pour qu’ils ne présentent pas de risque financier pour les prêteurs», précise Thierry Defense.
Tatiana Salvan
Le programme des 25 ans
À l’occasion de son 25e anniversaire, SOS Faim organisera plusieurs évènements de fin d’année.
› Jusqu’au 18 novembre
Jeux concours
Quiz en ligne à retrouver sur
www.sosfaim.lu/quizz/25ans/
qui permettra de remporter des repas dans des restaurants responsables.
› Jeudi 8 novembre à 18 h
Vernissage de l’exposition «Entraide et solidarité au Burkina Faso» à l’hôtel de ville de Schifflange
L’exposition entraîne le visiteur au cœur des familles rurales du Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres du monde, qui s’organisent pour lutter activement contre la faim et la pauvreté dans leur village.
› Dimanche 18 novembre
de 11 h à 18 h
Den alternativen Liewensmëttel Maart au Tramsschapp
Troisième édition de ce marché qui permet de rencontrer des promoteurs et défenseurs d’une alimentation responsable. Au menu de la journée : stands de vente et d’information, expositions, restauration, ateliers do-it-yourself, espace d’échange et d’inspiration, animations pour enfants et adultes en présence d’arti’chok clowns… Entrée libre.
› Dimanche 25 novembre
à 17 h
Concert de gala 25 ans avec le Trio Dora au Conservatoire de la Ville de Luxembourg
Concert qui est l’occasion de
célébrer le travail réalisé par l’ONG, mais aussi trois grands compositeurs (Schumann, Debussy, Turina) qui fêtent un anniversaire en 2018/2019 et qui ont profondément changé et influencé le cours de l’histoire de la musique. Un vin d’honneur sera offert par la Ville de Luxembourg durant l’entracte.
Tarifs : adultes: 27,75 euros; enfants et étudiants : 11,25 euros.
› Mercredi 28 novembre
à 18 h 30
Séance académique : «Changer de système alimentaire pour assurer notre avenir…» avec Olivier De Schutter au Cercle Cité
Entrée libre.
Inscription obligatoire jusqu’au 23 novembre via
dre@sosfaim.org ou par téléphone au 49 09 96 35.