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Julien Jahier, attaquant du RFCU : « cette finale, on l’a gagnée avec le coeur »


L'attaquant de Luxembourg, dimanche, avec la coupe dans les mains (Photo : Luis Mangorrinha).

Après la victoire en coupe du Luxembourg, dimanche, Julien Jahier, l’attaquant néoretraité du RFCU, nous livre sa toute dernière analyse de champion.

Il a pointé à la caserne de sapeur-pompier sur le coup de 7 h 30, lundi, assumant le fait d’avoir étiré le barbecue pour fêter la Coupe jusqu’à minuit. Il n’avait pas envie de demander de dérogation ou de se «trouver des excuses» et a pris sa garde le plus normalement du monde, sous les félicitations de ses collègues pompiers.
C’était comment, cette première journée sans football?
Julien Jahier : (Il souffle) Oui, c’est vrai, je suis en retraite. Je savoure, je regarde les réseaux sociaux, les journaux et ça me fait plaisir de voir le nom du RFCU un peu partout, sur les premières pages. Mais en même temps, vu notre parcours, on ne l’a pas volé.
La veille du match, Patrick Grettnich disait que le parcours, ça ne comptait pas.
Ah ben avec nous, il a été très clair dans son discours d’avant-match. Il nous l’a rappelé : on a battu la Jeunesse, Pétange et Differdange donc on n’a pas le droit de passer au travers! Il a fait un discours de Coupe dans les vestiaires. Il nous a demandé de tout faire pour ne rien regretter.
Ça n’a pas marché du tout!
C’est vrai qu’on était crispés et méconnaissables. On n’arrivait pas à faire deux passes. L’absence de Kevin Nakache (NDLR : pour une raideur dans le mollet) nous a fait du mal. Julien Humbert n’avait plus joué à ce poste depuis un bout de temps, il y avait du stress… Bref, ce n’était pas très beau. Depuis le banc de touche non plus.

À neuf je me dis que ça devient compliqué…impossible »

Dans ces conditions, à neuf contre onze, on se dit quoi?
J’étais derrière le but à m’échauffer un peu et, surtout, à encourager la défense. Et là, je me dis que ce sera compliqué. En fait, même plus : impossible. Tu arrives à la 90e minute et tu te dis : « Mais même si on tient jusqu’à la fin du temps réglementaire, c’est impossible, derrière, de tenir 30 minutes de prolongations sans encaisser un but. » À ce moment-là, peut-être que les neuf qui étaient sur le terrain ne doutaient pas mais nous, à l’extérieur, franchement oui!
En tant qu’attaquant, si vous aviez été joueur de Hostert, vous vous y seriez pris comment?
Ils ont très mal joué le coup. Il fallait juste nous faire sortir un peu en tentant un peu plus de frappes à mi-distance. Là, ils se sont contentés de jouer un match de hand.
De l’extérieur, votre résistance semblait relever du miracle. Mais sur le terrain, comment c’était?
Un match comme ça, avec cette chaleur étouffante, en fin de saison, avec des crampes, des douleurs… oui, il a fallu parfois un peu casser le jeu. On avait peut-être aussi plus d’expérience. La fatigue, on la ressent mais pas tant que ça puisqu’on va au bout de nous-mêmes. Moi, je suis rentré seulement dix minutes sur le terrain (NDLR : il est rentré à la 116e, mais il y a eu quatre minutes d’ajout) mais je peux vous dire que l’horloge, je n’ai pas arrêté de la regarder. J’ai eu l’impression de passer 30 minutes sur la pelouse tellement cela passait lentement. Pape Mboup m’a dit à la fin : « C’était le match le plus long de ma vie. »

Les arbitres à 80%, c’est une catastrophe, je n’ai pas peur de le dire »

Et puis vous vous êtes retrouvé aux tirs au but…
Patrick Grettnich est redescendu sur la piste. Il voulait nous encourager. Et il s’est fait reprendre de volée par le cinquième arbitre. Moi, je me mets à la place du coach et je vous dis : cela fait cinq ans que je suis au Luxembourg et j’ai vu le niveau évoluer. Beaucoup. Par contre, les arbitres, à 80 %, c’est une catastrophe. Je n’ai pas peur de le dire, il faut travailler là-dessus. Hier, M. Monteiro a été dépassé. Il parlait très mal aux joueurs, méchamment même. La FLF doit faire plus de formations. Parce que là, il n’était pas dans un grand jour, l’arbitre…
Revenons à ce que vous a dit Patrick Grettnich avant cette séance…
Ce qu’il a dit a été très fort. Il nous a dit qu’on venait de livrer un match extraordinaire, qu’il était fier quoi qu’il arrive. Et qu’on l’avait gagnée, cette finale. Par l’exemplarité. C’était très beau ce qu’il a dit. Mais déjà samedi, il m’avait rendu un peu hommage lors de la dernière séance. Il s’est excusé parce qu’il m’a finalement peu fait jouer sur les six derniers mois et que je n’ai jamais boudé. Lui et moi on a toujours été corrects l’un envers l’autre, on s’est dit les choses. C’est un coach en lequel je me suis retrouvé. Un pote hors du terrain. Un pitbull sur le terrain. Le coach qu’il fallait pour le RFCU. Un gars très humain, comme Sam (Kalabic), son adjoint.
Immédiatement après le match, vous nous aviez dit que vos jambes tremblaient au moment de tirer ce tir au but décisif.
Ah, j’ai l’impression que cette histoire a marqué les esprits! En fait, je ne me rappelle pas en avoir raté beaucoup dans ma carrière. Un bon plat du pied bien appuyé ras de terre dans le coin droit, je les tire souvent comme ça. J’en avais tiré un en 8e de finale de la Coupe de France contre Ajaccio, une fois, devant 15 000 spectateurs, ça ne m’avait pas fait aussi peur. Là, je me disais : « Tu n’as pas le droit de louper. » Mes potes s’étaient arrachés comme des chiens. En me retournant, avant de frapper, je sentais que ce n’était pas comme d’habitude.

Ce match, on l’a gagné avec le coeur »

Et quand vous marquez?
Je ne sais pas où je vais, je ne sais pas où je suis, je ne sais pas ce que je fais. Jusqu’au moment où je me rends compte que je dois faire demi-tour pour aller embrasser Romain Ruffier.
Ça n’est pas difficile, après ces montagnes russes des émotions, de se retrouver sans rien, à la retraite?
Ce match, on l’a gagné avec le cœur. Il arrive souvent que des équipes ne soient pas récompensées. Là, pour une fois… Alors maintenant, c’est sûr que j’ai décidé d’arrêter au Luxembourg. J’ai reçu beaucoup de propositions du Grand-Duché et de France. Ça fait plaisir, mais je vais me poser quelques semaines. Ça fait plaisir qu’on pense à moi, mais je ne veux pas faire l’année de trop. D’ailleurs, le coach me l’a dit : « Tu as bien terminé, il ne faut pas tout gâcher. » Je préfère qu’on retienne ça de moi plutôt qu’une année de trop. Pourtant, tant de gens m’ont demandé de continuer.
Et de jouer l’Europa League?
Si on joue les Glasgow Rangers, j’aurai toujours la possibilité de faire le déplacement et d’aller boire une bonne bière dans un pub.

Entretien avec Julien Mollereau

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