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[JO-2024] Qui sont les athlètes luxembourgeois ?


(Photo : AFP)

Alors que le plus grand rendez-vous sportif de la planète se rapproche, on fait le point sur la présence luxembourgeoise à Paris.

Les JO, c’est le graal absolu pour tout sportif. Et bien sûr, les Luxembourgeois ne font pas exception à la règle. Si on ne sait pas actuellement combien ils seront à Paris, on commence malgré tout à en avoir une idée assez précise. Généralement, le chiffre oscille autour de la dizaine d’athlètes. Et il y a fort à parier que ce sera encore une fois le cas cet été.

À l’heure actuelle, ils sont officiellement sûrs d’être au moins six à Paris. Mais en extrapolant un peu, on peut d’ores et déjà affirmer qu’ils seront plus que dix à avoir le droit de participer, dans 100 jours exactement, au rendez-vous d’une vie. Revue de détails de la situation.

Qui est sûr d’y aller, qui a presque son billet en poche et qui devra cravacher ? Le chiffre très pessimiste c’est 9 mais, on peut tabler sur un nombre allant jusqu’à 14 dans le meilleur des mondes. Tour d’horizon discipline par discipline.

Athlétisme

Van der Weken a ouvert la voie

Patrizia Van der Weken (100 m), qualifiée : La sprinteuse luxembourgeoise est tout simplement la toute première athlète grand-ducale à avoir validé son billet pour Paris. Pour ce faire, il lui fallait courir les minima (11″07) à partir du 1er juillet. Elle a attendu le 2, à la Chaux-de-Fonds, pour s’offrir ce petit rêve. Devenu au fil des mois bien plus qu’une simple utopie.

Un objectif. En 11″05, elle confirmait qu’elle pouvait s’inviter à la table des très grandes en réalisant une perf proche de son tout récent record, un sublime 11″02 couru à Dessau, juste avant de prendre part aux Jeux européens à Cracovie. Sixième meilleure performeuse européenne de la saison, sacrée championne du monde universitaire en Chine, elle avait logiquement été récompensée par le titre de sportive de l’année.

Cet hiver, elle est repartie sur des bases très élevées en signant le troisième chrono européen de l’année et le onzième mondial sur le 60 m et une septième place aux Mondiaux de Glasgow.

Bob Bertemes

Bob Bertemes (poids), qualifié : À bientôt 31 ans, le vieux grognard a pris sa décision. Et quand un colosse de son gabarit décide quelque chose, pas évident de le faire revenir en arrière. C’est donc décidé, 2024 sera sa dernière année.

Le sportif d’élite de l’armée luxembourgeoise avait eu besoin de temps pour récupérer tant physiquement (blessure au mollet) que moralement après son triple zéro lors des qualifications de ses derniers Mondiaux, à Budapest, quelques jours après avoir été privé d’une participation à un meeting Diamond League en Suisse, à cause de ce même mal.

S’il n’avait pas eu les adieux dont il rêvait, il était bien décidé à s’éclater pour cette dernière année sur le circuit. Et dès sa première sortie de l’année, du côté du CMCM, à la Coque, le lanceur de Mannheim avait frappé très fort. Et marqué les esprits. En remportant la compétition en 21,71 m, il validait directement son billet pour Paris.

En effet, il avait besoin de 21,50 m pour participer à ses deuxièmes JO, après Tokyo. Auparavant, il devrait bientôt reprendre le chemin des cercles de lancers et sera présent aux championnats d’Europe de Rome, pour lesquels il s’est également du coup directement qualifié.

Charel Grethen

Charel Grethen (1 500 m), pas encore qualifié : Charel Grethen a connu une période de qualification olympique mitigée. Alors qu’on lui demande un énorme chrono (3’33″50), un temps qu’il a couru seulement à deux reprises dans toute sa carrière, le miler luxembourgeois avait dû «se contenter» de 3’34″32, au mieux, lors des Mondiaux de Budapest, l’été dernier. En 2024, il a réalisé une très courte saison en salle et a rapidement décidé de ne pas s’aligner sur les Mondiaux indoor en Écosse.

Pour pouvoir se concentrer sur la saison outdoor qui débutera pour lui à Rehlingen, dans quelques semaines. Confiant dans sa capacité à courir le temps requis, le déjà double participant aux JO (Rio-2016 et Tokyo-2021) est malgré tout très bien parti pour vivre une troisième expérience olympique.

En effet, en plus des minima, synonymes de qualification directe, on peut également passer via le world ranking. À l’heure actuelle, il est classé 31e alors qu’ils seront 45 à aller à Paris.

Vera Hoffmann

Vera Hoffmann (1 500 m), pas encore qualifiée : L’an passé a été celle de toutes les joies pour Vera Hoffmann, qui a clairement franchi un cap depuis qu’elle s’entraîne avec son compagnon Bob Bertemes.

Vice-championne du monde universitaire, elle a prouvé qu’elle était sur la voie du très haut niveau. Bien sûr, le temps demandé pour aller à Paris (4’02″50), est bien plus rapide que son record national (4’06″94 l’an passé) mais la jeune femme a multiplié les courses très solides.

Si bien qu’à 100 jours de l’échéance olympique et malgré un hiver qui n’a pas répondu à ses attentes et où elle a joué de malchance, notamment en tombant malade après une épreuve au Kazakhstan et en terminant quatrième – pour trois places – de sa demi-finale à Glasgow, elle est malgré tout, pour l’heure, qualifiée via le world ranking.

Mais, contrairement à Charel Grethen, en bonne position, la sienne (39e pour 45 places), est plus fragile. Il lui faudra briller et retrouver son meilleur niveau pour courir vite. Et confirmer cette place.

La jeune femme a démontré il y a quelques semaines qu’elle avait largement la caisse pour tenir 1 500 m en explosant le tout récent record national du 10 km sur route, pour le porter à 33’46″.

Charline Mathias

Charline Mathias (800 m), pas qualifiée : Charline Mathias est et restera une énigme. Douée, pardon, hyper-douée, la spécialiste du 800 m a malheureusement vu sa carrière trop souvent gâchée par de très graves blessures. On ne compte plus le nombre de fois où elle a dû renoncer à de très grands évènements à cause d’un pépin de santé ou physique. Mais quand elle est en forme, elle va vite. Très vite.

Et l’athlète qui file déjà sur ses 32 ans l’a démontré lors des championnats nationaux, avec une course d’anthologie sur sa distance fétiche : en 2’01″82, elle pulvérise son ancienne marque nationale de près de deux secondes (2’03“80), se rappelant aux bons souvenirs de ceux qui ont oublié qu’elle était à Rio, en 2016.

À l’heure actuelle, elle n’est «que» 76e pour 48 places au world ranking. Pour aller à Paris, il lui faudra encore valider trois courses très rapides et, sans aucun doute, battre son record national (2’00″35 en… 2018), ou réaliser la course de sa vie en allant chercher des minima très élevés (1’59″30). Des cinq potentielles à Paris, c’est, objectivement, celle qui a le moins de chance d’y figurer. Mais avec son talent, tout est possible !

Tennis de table

Éternelle Ni Xia Lian

Les années se suivent et se ressemblent pour Ni Xia Lian. Alors qu’elle file sur ses 61 ans (!!!), la pongiste luxembourgeoise continue de performer. Et grâce à son actuelle 41e place mondiale et son 27e rang dans la simulation olympique, elle a pratiquement d’ores et déjà son billet pour Paris en poche, une performance tout simplement hallucinante. Elles seront 86 en lice à Paris. Mais il faut retrancher les nations qualifiées par équipes ainsi que les joueuses qualifiées en double mixte.

Malgré tout, avec son actuelle 48e place au ranking olympique, Sarah De Nutte (WR 102) est en ballotage favorable. Il lui faudrait encore quelques bons résultats pour espérer vivre une deuxième expérience olympique, après Tokyo il y a trois ans. C’est le ranking du 18 juin qui sera pris en compte pour établir la liste définitive.

Outre le world ranking, il y a une dernière possibilité de se qualifier : d’ici un mois se déroule le TQO à Sarajevo avec six places à distribuer. Si Ni Xia Lian devrait y renoncer, Sarah De Nutte mais également un Luka Mladenovic qui joue le meilleur ping de sa vie et qui a progressé de 89 places en trois semaines, seront présents pour tenter de décrocher le précieux sésame.

Pour Mladenovic, ce serait un bon moyen de repartir sur de bonnes bases, après avoir échoué tout près d’une place pour le double mixte, seule épreuve à deux inscrite aux JO cette année.

Escrime

One shot pour Giannotte

Flavio Giannotte est certainement l’un des tireurs les plus doués de sa génération. Son maître d’armes dit de celui qui s’entraîne régulièrement avec l’équipe nationale italienne que s’il était italien, il serait qualifié pour les JO.

Mais pour son plus grand malheur, Flavio Giannotte n’est que luxembourgeois. Et pour s’inviter au bal olympique en venant d’un tout petit pays alors que la discipline privilégie d’abord la qualification par nations, cela relève tout simplement du chemin de croix.

Alors qu’il avait encore un tout petit espoir d’être repêché via le ranking mondial, ses dernières contre-performances ont anéanti cet espoir. Il ne lui reste donc plus qu’une seule chance d’aller à Paris : remporter le TQO (tournoi de qualification olympique), qui se déroule le dimanche 28 avril à… Differdange. La règle est cruelle.

Alors que, sur le papier, ils sont une petite quinzaine à pouvoir prétendre à cette place, il n’y aura qu’un seul élu. Et beaucoup de déçus. Flavio Giannotte connaît la règle. Il gagne, il va à Paris. Il perd, il devra se concentrer sur Los Angeles. De son côté, Anna Zens devrait également être présente à Differdange, mais pour la toute jeune protégée d’Imke Duplitzer, il faudrait vraiment réaliser un miracle pour avoir une chance. Soyons réalistes, la vraie (petite) chance de voir un escrimeur luxembourgeois au Grand Palais, c’est avec Flavio Giannotte !

Équitation

Ils ont rendez-vous à Versailles

Pour la première fois, le Luxembourg comptera, normalement, deux représentants sur le plus grand rendez-vous mondial de la discipline. Ils devraient donc être un duo à se présenter dans le cadre majestueux du château de Versailles. Pionnier de sa discipline, Nicolas Wagner a réitéré son exploit et, après Tokyo, il a validé un billet pour Paris.

Un billet et non pas son billet puisqu’il ne s’agit pas d’une place nominative mais pour le pays. Malgré tout, il semble avoir un peu d’avance sur sa principale concurrente luxembourgeoise, Fie Christine Skarsoe, qui pourrait également prétendre obtenir cette place.

La grosse nouveauté est la présence d’un spécialiste du saut d’obstacles. Grâce à une année 2023 tout simplement éblouissante, couronnée notamment par une victoire sur l’une des plus prestigieuses épreuves du calendrier international, le Saut Hermès à Paris, Victor Bettendorf a réussi l’impensable exploit de valider sa place pour les JO.

Il a décroché la toute dernière place individuelle alors, qu’à l’instar de l’escrime, ce sont d’abord les nations qui se qualifient. Malheureusement, après cette excellente nouvelle, une autre est venue ternir son enthousiasme. En effet, il a été obligé de se séparer de son cheval de tête, l’épatant Mr. Tac.

C’est donc avec une nouvelle monture qu’il devra aller à Paris. Et il a déjà averti que si c’était pour faire de la figuration, il préférerait tout simplement renoncer à sa présence à Versailles.

Mais les derniers résultats inspirent plutôt à l’optimisme, notamment grâce à Electro van der Kromsteeg, qui lui a été confié juste à la date limite pour les changements de nationalité pour les chevaux. Il a également Foxy de la Roque, cheval très doué mais certainement un peu trop jeune (9 ans) pour briller d’ores et déjà au plus haut niveau.

Cyclisme

Un duo à Paris… mais lequel ?

En cyclisme, les choses sont claires assez tôt concernant la qualification olympique. En effet, suivant le ranking par nation établi à la fin de l’année précédant celle des Jeux, chaque pays sait combien de cyclistes il pourra aligner. Pour le Luxembourg, qui n’est plus une place forte du cyclisme international, en tout cas sur le plan des résultats, c’est le strict minimum avec une fille et un garçon.

Comme c’est le cas pour chaque fédération, c’est la FSCL qui fera une proposition au COSL qui validera ou non le choix de l’instance. Sur la ligne de départ, ils sont trois à pouvoir prétendre aller à Paris. Qui de Bob Jungels, Alex Kirsch ou Kevin Geniets sera retenu? Réponse au plus tard le 8 juillet.

Chez les dames, la logique voudrait que ce soit une nouvelle fois Christine Majerus qui vive une ultime expérience olympique. Mais elle doit se méfier de la concurrence et notamment d’une Nina Berton qui démontre de belles choses depuis le début de la saison. Là encore, c’est la fédération qui proposera un nom qui devra être validé par le COSL.

Triathlon

Lehair y sera, Payet devra cravacher

En récupérant Jeanne Lehair, le Luxembourg accueille tout simplement l’une des toutes meilleures triathlètes au monde. Championne d’Europe l’an passé, auteur de tops 5 en WTCS ou en Coupe du monde, vainqueur d’étape sur la Super League, dont elle a terminé deuxième du classement général l’an passé, la triathlète grand-ducale, qui détient actuellement le 8e spot individuel pour les JO, est depuis belle lurette assurée d’être présente à Paris.

Alors qu’il y avait un petit espoir de pouvoir aligner un relais mixte aux Jeux, la – sage – décision a été prise de ne pas tenter de diable. Pour se qualifier, il fallait prendre l’une des deux premières places de l’épreuve qualificative de Huatulco, au Mexique, le 17 mai prochain : «En ayant une équipe au top, on avait une toute petite chance car il y a quand même de très grosses nations au départ», soulignait Thomas Andreos, le DTN, il y a quelques semaines.

Et avec une Eva Daniëls seulement en phase de reprise après avoir traversé une période très compliquée après s’être fait renverser par une voiture en août 2022, qui lui a occasionné plusieurs séjours d’hospitalisation en Suisse, un Bob Haller qui revient également de blessure et un Gregor Payet qui privilégiera certainement une Coupe du monde en Ouzbékistan, pour aller chercher des points, il ne faisait pas de sens d’envoyer une délégation au Mexique.

Le Luxembourg sera donc représenté par Jeanne Lehair… et peut-être par Gregor Payet. Le meilleur triathlète grand-ducal du moment est aux portes des qualifiés. Actuellement situé juste derrière le dernier qualifié, un Chilien, le sportif d’élite de l’armée luxembourgeoise doit encore faire quelques bons résultats pour lui passer devant. Une mission pas évidente. Mais sa récente 10e place lors de la première Coupe du monde indoor à Liévin démontre qu’il est en forme. Alors, pourquoi pas à deux à Paris !

Natation

Ils n’y sont pas encore

Les deux meilleurs nageurs luxembourgeois ont, sur le papier, tout ce qu’il faut pour aller à Paris. Mais on oublie parfois que les temps demandés aux nageurs internationaux sont de plus en plus relevés. Ceux-ci étant basés sur les chronos qui ont permis de se qualifier pour les demi-finales des précédentes échéances, il faut vraiment aller très, très vite pour valider son billet olympique.

L’avantage, c’est que le Luxembourg est un petit pays et qu’il «suffit» donc de nager les minima dans la période de qualification impartie et sur une compétition inscrite au calendrier international. Mais il faut encore nager ces fameux temps.

En toute objectivité, ils sont deux à avoir vraiment Paris dans le viseur. On parle de Rémi Fabiani (50 m nage libre) et Ralph Daleiden (100 m nage libre). Le premier a décidé de quitter les États-Unis, où il s’entraînait, pour rentrer en Europe et retrouver Christophe Audot et les bassins de 50 m.

Alors que Paris semblait très loin il y a encore un an, le sprinteur a franchi un énorme cap lors des championnats d’Europe U23 à Dublin à l’été dernier. Son bond de 22″47 à 22″09 l’a fait passer dans une nouvelle dimension. Pour aller aux Jeux, il lui faut encore gagner 13 centièmes (21″96).

Après un énorme travail physique pour gagner une dizaine de kilos de muscle, il est donc rentré en Europe pour aller chercher le temps. Auteur de courses solides, il a remporté le CIJ en 22″29, mais n’a pas réussi à aller plus vite lors du Giant Open, la première grosse compétition dans laquelle il a tenté de claquer le temps. Reparti en stage à Tenerife, il aura encore plusieurs occasions de réaliser cette perf.

De son côté, Ralph Daleiden est confiant dans ses capacités à aller chercher les 48″34 sur la distance reine. Le recordman de la discipline (48″63) avait fait de très bons tests, mais n’a pas réussi à confirmer dans ses récentes sorties. Après des championnats de conférence prometteurs, il avait eu plus de mal dans les championnats universitaires et les TYR Pro Swim Series à San Antonio : «Cela fait deux mois que je fais de l’affûtage. Il est temps de repartir à l’entraînement», soulignait-il à l’issue de trois jours frustrants où il n’était pas allé plus vite que 49″04. Il a jusqu’à la fin des championnats d’Europe de Belgrade, le 23 juin, pour réaliser le minimum requis.

Un troisième Luxembourgeois rêve des Jeux, mais ça s’annonce très, très compliqué. Julien Henx, dont le record au 50 m nage libre est de 22″69 (en 2020), veut y croire. Mais ses récentes sorties au-delà des 23 secondes n’incitent pas à l’optimisme.

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