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[Jeux européens] Tir à l’arc : un éléphant rose qui coûte cher


Comme Mariya Shkolna, Jeff Henckels s’est fait sortir dès son premier match à élimination directe.  (Photo : rh)

Dernier archer luxembourgeois engagé dans ces Jeux européens, Jeff Henckels s’est fait sortir dès le premier match éliminatoire, hier à Cracovie. Tout ça à cause d’un éléphant rose!

Avant le début de la compétition, l’essentiel des espoirs de voir les archers grand-ducaux briller reposait, on ne va pas se le cacher, sur les épaules de Mariya Shkolna. Malheureusement, la jeune femme, qui fait pourtant partie des toutes meilleures du monde et reste sur plusieurs performances de très haut niveau, est passée complètement à côté de sa compétition. Restant à bonne distance de son record national en qualifications (690 contre 704) avant de se faire sortir sans ménagement, certes, par une adversaire redoutable – l’Italienne Elisa Roner devance la Luxembourgeoise au ranking mondial (9e contre 11e) – mais avec un total indigent pour elle (138 alors que son record national est de 149).

Bref, la plus grande chance de médaille sur cette compétition s’était envolée dès samedi en fin d’après-midi.

«Depuis le mois de décembre, je n’arrive pas à retrouver mon tir

Restait alors Jeff Henckels. Le vétéran luxembourgeois a tout vu, tout connu. Et traverse, il le reconnaît lui-même, une période très compliquée : «Depuis le mois de décembre, je n’arrive pas à retrouver mon tir», confiait le triple participant aux Jeux olympiques (Athènes-2004, Londres-2012, Tokyo-2020) avant de se rendre en Pologne.

Vendredi, il ressortait des qualifications presque avec un petit sourire au coin des lèvres : «Ça ne s’est pas trop mal passé. J’ai commencé à sentir que quelque chose revenait», indiquait-il après avoir bouclé les qualifications à la 28e place, avec un total de 655, tout de même à 27 longueurs de son record national, établi en 2021 au TQO de Paris quand il avait pris la tête à l’issue des qualifications. Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et l’homme de bientôt 39 ans peine à retrouver cet incroyable niveau qui était le sien au retour de sa terrible chute de vélo et de son opération au coude.

Ses qualifications lui permettaient d’affronter, sur le papier en tout cas, un adversaire à sa portée puisque le Hongrois Laszlo Balogh est moins bien classé que le Luxembourgeois au ranking mondial (179e contre 67e à Jeff Henckels) et avait réussi de moins bonnes qualifications (37e avec 641). Seulement la théorie reste la théorie tant qu’elle n’est pas mise en pratique.

Deux erreurs qui se paient cash

Lundi matin, dès 9 h 30, les deux hommes étaient sur la pelouse du Płaszowianka Archery Park pour y disputer le deuxième match d’une très longue journée. Après une première volée où ils ne peuvent se départager, se produit le premier tournant du match. Jeff Henckels, qui débute, met dans le mille. Son adversaire, lui, se troue complètement avec un horrible 6. Et c’est à ce moment que ça se complique : «En luxembourgeois, on dit qu’il ne faut pas penser à un éléphant rose et dans ce cas, forcément, on y pense. Je me suis dit que je ne devais pas faire de faute, je me le suis répété. Et on connaît le résultat.» Le résultat c’est que normalement, à un tel niveau de compétition, quand un adversaire score un 6, on ne peut que gagner sa manche. Malheureusement, c’est exactement ce qui ne va pas se passer. Jeff Henckels, à force de se convaincre de ne pas commettre de faute, va faire encore pire avec un apocryphe 4. Et malgré un dix en dernière flèche, cette manche, qui ne pouvait pas échapper au Luxembourgeois, s’achève en faveur du Hongrois sur le score de 24-25. Qui en profitait pour prendre les commandes du match 1-3.

Il restait encore du temps à Jeff Henckels pour rectifier le tir. Mais la troisième volée tourne également en faveur de l’archer magyar (26-28) qui s’envole alors à 1-5. À seulement un point du tour suivant.

Le sportif grand-ducal repousse l’échéance grâce à la quatrième volée, remportée de justesse (28-27) pour réduire le score à 3-5.

Mais c’est au moment de l’ultime volée qu’il commettra une seconde erreur. Dont il ne se relèvera pas : «J’ai pris la mauvaise palette (NDLR : objet en métal et en cuir qu’on place au niveau des doigts pour tirer). Cela ne m’est jamais arrivé. Et comme on n’a que 20 secondes, je n’avais pas le temps de changer.» Avec la mauvaise palette entre les mains, les sensations ne sont pas les mêmes. Et l’ultime volée démarre logiquement de manière catastrophique avec un vilain 7. Il terminera par un 8 et un 10, mais le mal est fait : Balogh s’impose 7-3 et laisse Jeff Henckels à ses doutes : «Bien sûr, ce n’est pas le résultat que j’espérais. J’ai commis deux grosses erreurs qui m’ont coûté très cher.» Il va désormais essayer de se remettre les idées dans le bon sens avant sa prochaine échéance, les championnats du monde de Berlin, dans un peu plus d’un mois.

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