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Jean-Paul Olinger, nouveau patron du fisc


L’actuel directeur de l’UEL, Jean-Paul Olinger, passe du lobbying patronal à la tête de l’administration des Contributions directes. Sans détour.  (Photo : archives lq/julien garroy)

L’actuel directeur de l’Union des entreprises (UEL), Jean-Paul Olinger, vient d’être nommé par le gouvernement à la tête de l’administration des Contributions. Un choix que conteste déi Lénk.

Le jeu des chaises musicales est un grand classique à chaque changement de gouvernement. Les conseillers et hauts fonctionnaires voyagent dans les étages des administrations, les diplomates dans les ambassades. Certaines nominations suscitent plus de réactions que d’autres et les dernières annonces du Premier ministre font grincer des dents. Surtout à gauche.

En nommant l’actuel directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) au poste de directeur de l’administration fiscale, Luc Frieden aurait «introduit le loup dans la bergerie», selon déi Lénk, estimant l’annonce «éhontée». Le fait que Nicolas Mackel, directeur de Luxembourg for Finance, soit nommé comme représentant permanent du Luxembourg au sein du Coreper à Bruxelles, le comité des ambassadeurs auprès de l’Union, fait dire à déi Lénk que «le nouveau Luc» place «ses vieux copains du monde financier et économique dans des administrations importantes».

Nicolas Mackel retrouve le corps diplomatique qu’il a quitté en 2013, et même la représentation permanente à Bruxelles qu’il a fréquentée de 2002 à 2007. Jean-Paul Olinger, pour sa part, a entamé sa carrière chez KPMG, au sein de l’équipe fiscale. Dans un portrait que lui consacrait le Land en 2018, Jean-Paul Olinger reconnaissait avoir fréquenté le bureau d’imposition Sociétés 6 du célèbre préposé Marius Kohl, connu pour avoir validé des rulings en pagaille révélés par l’affaire LuxLeaks.

Déi Lénk voit d’un mauvais œil le transfert du directeur de l’UEL vers l’administration des Contributions directes (ACD), et qu’il soit issu de KPMG, dont le fonds de commerce est l’évasion fiscale, accuse la Gauche. «Il prône un État « allégé«  et une politique fiscale plus que généreuse pour les entreprises. Jean-Paul Olinger a donc passé toute sa carrière professionnelle à travailler contre les salariés», ajoute déi Lénk.

Plus à l’écoute

Pascale Toussing, l’ancienne directrice du fisc, n’avait pas réussi à satisfaire l’exécutif qui attendait beaucoup dans les objectifs de digitalisation de cette administration. Une réforme importante que l’ancienne haute fonctionnaire ne parvenait que laborieusement à mettre en place. Son manque de communication externe a fait l’objet de critiques jusque dans les commissions parlementaires où un Laurent Mosar (CSV) s’était indigné que l’on puisse laisser le contribuable «sans réponse».

Le futur directeur ne fermera pas sa porte aux entreprises qui frappaient désespérément à celle de Pascale Toussing. Jean-Paul Olinger, venant de KPMG via l’UEL, sera très certainement davantage à leur écoute. Sa nomination a de quoi rassurer les milieux économiques et financiers. Moins déi Lénk, comme d’autres observateurs sur la toile qui l’ont négativement commentée.

«Tout pour le business et la place financière», écrit la Gauche, en mettant Nicolas Mackel dans le même panier. Le directeur de Luxembourg for Finance «va défendre désormais le bifteck de la place financière à Bruxelles», se lamente-t-elle plus loin. Et de craindre que la seule «conscience sociale» de ce gouvernement soit dorénavant incarnée par les libéraux.

Une «excellente collaboration» selon l’UEL

L’UEL, de son côté, après avoir souligné «l’excellente collaboration», six années durant, avec Jean-Paul Olinger, se félicite d’avoir conforté «sa position d’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et des partenaires sociaux en matière de droit du travail, de sécurité sociale et de fiscalité des entreprises, mais aussi en ce qui concerne la sécurité et la santé au travail, ainsi que le développement durable au travers de l’INDR (NDLR : Institut national pour le développement durable et la RSE)».

Le Premier ministre, Luc Frieden, a créé la surprise en nommant Jean-Paul Olinger. Son successeur n’est pas encore connu. Son remplacement «sera organisé dans les semaines à venir», assure l’UEL.

Quant à l’actuelle titulaire du poste à la représentation permanente à Bruxelles, Sylvie Lucas, elle est nommée ambassadrice à Berlin. L’actuel président du Conseil d’État, Christophe Schiltz, est nommé ambassadeur à Rome.

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