Inondations : la communication de crise prend l’eau

Après une communication claire et cohérente en début de semaine, les avis et alertes émis par les différentes autorités sur les risques de crues sont devenus plus confus depuis mercredi. L’application GouvAlert a diffusé d’autres informations que l’administration de la Gestion de l’eau ou encore MeteoLux. Le nouveau système «LU-Alert», fin prêt pour cet été 2024, devra éviter toute future cacophonie.

Ce jeudi après-midi, l‘alerte rouge en vigueur depuis mardi matin pour la partie sud du pays a pu être levée. L’administration de la Gestion de l’eau (AGE) a communiqué vers 16 h cette information après une nouvelle évaluation de la situation. Plus aucun cours d’eau, y compris l’Alzette, n’est encore concerné par une «cote d’alerte». La «cote de préalerte» reste toutefois de mise, a priori jusqu’à samedi soir.

GouvAlert lève l’alerte, alors qu’elle reste en vigueur

Tout est bien qui finit bien? Pas tout à fait, car il s’avère que la communication autour de ces quatre jours d’inondation a, en fin de compte, été bien moins cohérente que pensée en début de semaine. Les informations, diffusées par les différentes administrations concernées, ont en effet varié en ce qui concerne notamment la durée des avis de crues. Pire, l’application GouvAlert a levé, jeudi après-midi (15 h 30), l’état d’alerte alors que le pays reste, jusqu’à nouvel ordre, en alerte jaune «inondations».

Comment expliquer cette confusion? «Nous ne disposons pas encore d’un outil technique comme la nouvelle plateforme LU-Alert, qui devrait être opérationnelle pour cet été. Mais au-delà de cet outil technique, il sera encore plus important de mettre en place une communication de crise harmonieuse, avec des formulations uniformisées et une gouvernance cohérente. Ces travaux sont encore en cours», développe Alain Becker de la direction de la Sécurité civile, contacté ce jeudi par Le Quotidien.

Mieux vaut prévenir…

Le «couac» au niveau de GouvAlert serait lié au fait que la technologie de cette application d’alerte n’est plus au point. Mais les services du ministère des Affaires intérieures ont décidé de la laisser en place, «car elle fonctionne, du moins pour placer en préalerte la population en cas de besoin», précise Alain Becker. Ce fut d’ailleurs le cas mardi au moment de l’alerte lancée par l’administration de la Gestion de l’eau (AGE), qui alimente elle le portail d’information de MeteoLux (site internet et bulletins).

«Pas de véritable situation de crise»

Ce qui fait un peu tache est la levée prématurée de l’alerte ce jeudi. «En même temps, il ne faut pas oublier que ces inondations n’ont pas constitué de véritable situation de crise. Il y a 10 ans, de telles crues hivernales n’auraient encore pas trop fait parler d’elles», reprend Alain Becker. Il fait encore remarquer qu’il faut rester plus prudent avec des mises en alerte, afin de ne pas perdre en crédibilité auprès de la population. «Malgré tout, la population a été globalement bien informée au cours de cette semaine. Les autorités, y compris les communes, étaient mieux préparées. Les enseignements de 2021 ont été tirés», souligne Alain Becker, renvoyant vers le manque de communication en amont des inondations historiques ayant frappé le Luxembourg en juillet 2021.

LU-Alert doit être prêt pour cet été

Ce traumatisme explique certainement aussi l’effort de communication de ces derniers jours. D’ici à l’été, et le lancement du système LU-Alert, les procédures en interne entre les différents acteurs impliqués sont encore à parfaire.

Il est prévu que cette plateforme nationale pourra être alimentée par le Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN), le CGDIS, la police grand-ducale et les différentes administrations concernées par des alertes en tout genre. Ce sera le cas pour les risques de crues, gérés par l’AGE, mais aussi d’un ministère de la Santé avec sa division de la Protection des consommateurs, pour émettre, par exemple, un rappel de produits alimentaires.