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À Hesperange, l’angoisse des sinistrés de 2021 : «On a peur que ça recommence»


Les flots menaçaient les logements de la rue de l’Alzette hier matin, plongeant les riverains dans l’angoisse. (Photo : christelle brucker)

L’Alzette qui déborde fait remonter des souvenirs douloureux chez les habitants qui avaient dû fuir leur domicile en urgence lors des inondations historiques de 2021.

À Hesperange, l’Alzette est sortie de son lit dès mardi et a continué à monter la nuit suivante. Si bien qu’en milieu de matinée, hier, le niveau grimpait encore, et assez rapidement, tandis que la pluie, elle, semblait enfin se calmer. Entre deux averses, de nombreux promeneurs se croisaient sur la passerelle menant à la Maison des jeunes, appareil photo autour du cou ou smartphone en main, pour immortaliser la puissance du courant, très impressionnante à cet endroit.

Si les services techniques de la commune et les pompiers ont pu garder la situation sous contrôle, dans la rue de l’Alzette, petite allée qui borde la rivière au pied de l’église, l’angoisse des habitants était palpable. À la moindre inondation, c’est cette zone qui est frappée juste après le parc municipal.

C’est pourquoi, dès les premiers messages de vigilance des autorités mardi soir, les voisins ont déplacé toutes les voitures et se sont entraidés pour entasser des sacs de sable par dizaines devant les portes d’entrée et les garages. Des mesures mises en place pour la première fois, mais qui paraissent bien dérisoires face à la force des flots brunâtres au pied des petites maisons.

«On était préparés»

Derrière sa fenêtre, Carole Warnier s’inquiète à l’idée de revivre le cauchemar de 2021. Cet été-là, elle a été évacuée par bateau avec son mari et sa fille, alors que l’Alzette était devenue un torrent déchaîné. Des inondations «historiques» qui ont marqué le Luxembourg tout comme cette mère de famille.

«Je n’ai pas beaucoup dormi, on est extrêmement stressés», confie-t-elle. «Il y a deux ans et demi, l’eau a envahi tout le rez-de-chaussée de notre maison, atteignant plus d’un mètre de haut. On vient de finir les travaux de rénovation il y a deux mois, alors on a peur que ça recommence», sourit celle qui vit ici depuis plus de 20 ans et constate que ces phénomènes se multiplient ces dernières années.

Accompagné de ses enfants, l’échevin Claude Lamberty est venu sur les lieux pour se rendre compte de l’avancée des eaux sur la voie. «On était préparés. Jusqu’ici, on a de la chance, mais ça monte encore. Les prévisions disent que ça devrait se stabiliser dans la journée. On reste dans des limites gérables pour cette fois», souffle-t-il, rappelant qu’en 2021, l’eau avait carrément noyé le pont et la route de Thionville.

«On avait de l’eau jusqu’aux genoux»

Dans la maison voisine, une porte s’ouvre et une silhouette apparaît. Bien emmitouflée, Christèle Liste-Guillaume enjambe les sacs de sable, sa petite chienne sous le bras. «Même si ça n’a rien à voir avec la catastrophe de 2021 où on avait de l’eau jusqu’aux genoux dans la maison, on surveille. Mes ados qui sont à l’intérieur ne sont pas rassurés», raconte-t-elle, le traumatisme de 2021 encore vif. Elle dit aussi avoir pris quelques précautions : «J’ai enlevé tous les tapis et surélevé ce qui pouvait l’être. Désormais, en cas de fortes pluies, c’est un réflexe.»

Un peu plus haut dans la rue, Sandra Batista aurait aimé pouvoir mettre à l’abri son électroménager changé pour la troisième fois, mais impossible : «Le congélateur est bien trop lourd, pareil pour la machine à laver et le sèche-linge. Mon fils a mis quelques affaires en hauteur dans le garage… On ne peut guère faire plus», soupire la dame, qui n’a pas pu fermer l’œil de la nuit, terrifiée.

Les commerçants touchés

Les commerçants du centre-ville ne sont pas épargnés. De l’autre côté du pont, au sous-sol du restaurant-brasserie Bei der Uelzecht, Antonello Buttiglione a les pieds dans l’eau : chaussé de bottes, il déplace tous les fûts et caisses de boissons stockés là pour les mettre à l’abri. Propriétaire depuis huit mois à peine, il découvre pour la première fois les inondations qui ont noyé sa terrasse et sa cave.

Mais il garde le sourire : «Je pense surtout aux habitants. Ici, ce n’est rien de grave ! Je vais juste retarder ma prochaine livraison prévue demain», lance-t-il avant de remonter l’escalier. Dehors, le camion des pompiers déboule déjà, sirène hurlante, stoppant sa course au milieu du carrefour. Des renforts bienvenus pour Antonello, qui va pouvoir installer une pompe et limiter au maximum les dégâts matériels.

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