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Inondations à Ettelbruck et Bissen : «On a l’habitude, c’est normal»


Comme Hayder à Ettelbruck, certains riverains ont eu de l’eau jusque dans leur jardin, sans subir de dégâts matériels pour autant. (photo M. K.)

À Ettelbruck et à Bissen, l’Alzette est largement sortie de son lit depuis mercredi, mais rien d’inquiétant pour les habitants par rapport aux inondations de 2021. D’autant plus qu’ils étaient préparés.

Un peu moins de 24 heures après l’émission d’une alerte rouge nationale aux inondations, la situation s’était déjà calmée mercredi à midi. Même si l’alerte restait en vigueur jusqu’au soir et que l’Alzette était encore en dehors de son lit, le plus gros du risque semblait passé d’après les prévisions.

Après que la cote d’alerte eut été dépassée dans la nuit, le niveau de l’eau a baissé dans la matinée et la vie a repris son cours. À l’image de cet habitant d’Ettelbruck venu photographier les hérons habituellement perchés sur les îlots devant la centrale hydroélectrique. Mais, comme les bords de l’Alzette, les îlots étaient toujours submergés par une eau marron, au courant encore fort.

«Ici, on a souvent ce genre d’événement, c’est typique», relativise cet Ettelbruckois en constatant que «le niveau (avait) bien baissé depuis mercredi soir». Une baisse visible notamment dans le sous-sol du parking du Deich, au bord de l’Alzette, vidé de toute voiture.

On pouvait y observer comme une laisse de mer, composée de feuilles mortes et de boue, occupant jusqu’aux trois quarts du sous-sol environ. À midi, l’eau ne recouvrait déjà plus qu’un quart du parking. Même constat à Bissen, où l’heure était déjà au nettoyage mercredi en début d’après-midi.

La force de l’expérience

À partir de 13 h, les agents de la commune et les pompiers du centre d’intervention et de secours de Bissen ont commencé à laver les zones inondées avec des lances à eau et une balayeuse de voirie. Un nettoyage rapide rendu possible par un travail de prévention.

«À partir de 19 h, on était en phase de préalerte pour trente maisons, donc on a sonné aux portes pour distribuer des sacs de sable et sorti les voitures des parkings», explique Daniel Horsmans, le chef du CIS.

À Bissen, les employés communaux et les pompiers avaient déjà commencé à nettoyer la chaussée quelques heures après l’inondation.

Grâce à cette préparation, seules trois caves ont été inondées, ce qui a permis de s’attaquer au nettoyage dès mercredi. «Ça s’est bien passé hier (mardi), on a de l’expérience avec les pompiers», se réjouit David Viaggi, le bourgmestre de Bissen. Mobilisée de 19 h mardi à 3 h mercredi, l’équipe de Daniel Horsmans a distribué près de 280 sacs de sable, tout en surveillant le niveau de l’Attert à Reichlange, situé en amont, car «on sait qu’on peut transposer le niveau de Reichlange à Bissen deux heures après».

Au centre d’Ettelbruck, les maisons de la rue Grande-Duchesse-Joséphine-Charlotte avaient, elles, encore les eaux de l’Alzette dans leur jardin en début d’après-midi, mercredi. Toutes à environ 4 à 7 mètres du lit de la rivière en temps normal, ces habitations n’ont toutefois pas été menacées par l’inondation.

«Je me suis couché à 20 h 30 et levé à 7 h 30, je n’avais pas peur», sourit Vinicio, un riverain serein face à la montée des eaux, grâce aux prévisions. Malgré tout, quand il s’est levé, il a dû constater qu’une dizaine de centimètres d’eau inondaient sa cave. Mais rien d’inquiétant pour lui après les inondations historiques de juillet 2021 : «J’avais alors 40 centimètres d’eau. Là, l’eau entrée dans la cave ressortira toute seule.»

«Cette fois, on a entendu l’alerte»

À quelques boîtes aux lettres de là, Gabrielle avoue, elle, s’être levée deux fois dans la nuit. «Je me suis réveillée à 1 h, puis à 5 h pour voir si nos pompes à eau fonctionnaient.» Depuis les inondations majeures de 1993, son domicile est équipé de deux pompes à eau dans la cave ainsi que de plaques devant les ouvertures. «Avant 1993, on n’avait jamais eu d’eau, sauf dans le jardin. On n’était pas préparés. Maintenant, c’est bon», explique celle qui avait surélevé son congélateur et sa machine à laver pour la nuit.

Installé depuis quatre ans dans la même rue, Hayder vit sa deuxième inondation après celle de 2021. Il s’est toutefois vite habitué à voir l’Alzette déborder. «On a l’habitude, c’est normal ici, et puis il faut bien que l’eau aille quelque part», dit-il, loin de s’apitoyer sur son sort. Malgré sa résilience, ce riverain s’interroge sur les mesures qu’il serait possible de prendre afin de réduire la hauteur des crues : «Pourquoi l’État n’utilise-t-il pas une machine pour nettoyer la rivière des cailloux et de la vase ? Ça ferait baisser le niveau de l’eau.»

En attendant, chacun prend ses précautions, comme au Cactus d’Ettelbruck, dont la réserve borde l’Alzette. «On a levé la marchandise avec des palettes, mis des sacs de sable et on avait préparé un service de sécurité», détaille Solange, la responsable du magasin.

Résultat : aucune trace d’eau en réserve, alors que les abords du bâtiment étaient encore submergés. Une réussite due à l’expérience engrangée avec l’épisode de 2021, qui avait causé la fermeture temporaire de l’enseigne, partiellement inondée. «Cette fois, on a entendu l’alerte, on a pris des précautions et on a fait le point presque heure par heure.»

À Ettelbruck, la crue était impressionnante. (Photo Julien Garroy)

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