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Incendie à Wintzenheim : la difficile enquête se poursuit


Le bâtiment n’était ni aux normes, ni déclaré en mairie.

La justice a ouvert une enquête pour homicides et blessures involontaires aggravées, après la mort de onze personnes dans un gîte de vacances.

Au regard du nombre de victimes réparties sur le territoire national et de l’ampleur des investigations à venir, la saisine du pôle des accidents collectifs du parquet de Paris a été sollicitée par le parquet de Colmar» initialement en charge de l’affaire, ont indiqué dans un communiqué les parquets de la capitale française et de la préfecture du Haut-Rhin.

Le parquet de Paris ouvre ce jour une enquête préliminaire des chefs d’homicides et de blessures involontaires, aggravées par la violation d’une obligation de sécurité ou de prudence prévue par la loi ou le règlement», selon cette même source.

Les causes de l’incendie encore inconnues

Dix personnes avec un handicap mental léger et un accompagnateur ont péri tôt mercredi dans l’incendie du gîte à Wintzenheim, une ancienne grange rénovée il y a quelques années qui n’avait «aucune autorisation» pour son activité, selon le maire adjoint de la commune Daniel Leroy. La structure n’avait pas non plus reçu la visite de la commission de sécurité, obligatoire pour ce type d’activité, et ses détecteurs de fumée n’étaient pas prévus pour des établissements accueillant du public.

Au total, 28 personnes se trouvaient dans le bâtiment; 17 ont pu sortir à temps, selon la préfecture du Haut-Rhin. L’enquête doit déterminer les causes précises de l’incendie et les éventuelles responsabilités pénales, inconnues à ce jour.

À Wintzenheim, une salle a été mise vendredi à la disposition des habitants souhaitant se recueillir. Des gerbes de fleurs ont été disposées sur une table où trônent trois registres de condoléances. En sortant, Nicole, aide-soignante retraitée de 62 ans, fait part de son «inadmissible incompréhension» : «J’ai travaillé pendant vingt ans auprès d’adultes handicapés. Nous organisions des séjours qui étaient très organisés, très protocolaires», assure-t-elle, espérant que l’enquête puisse «mettre à jour tout ce qui a dysfonctionné». «Ce n’est pas normal (…) qu’on mette des personnes fragiles dans des endroits comme ça», estime un autre habitant, Jean-Jacques, retraité de 74 ans.

«Cette association, c’était comme une famille pour elle»

Patricia, elle, veut rendre hommage à sa «petite sœur», Marcelle, mais aussi à l’Association de parents d’enfants inadaptés) de la vallée de l’Orne (Apeivo). «Cette association, c’était comme une famille pour elle. Les responsables et les éducateurs font un travail formidable pour les résidents qu’ils considèrent comme leurs enfants», souffle la septuagénaire.

Marcelle, qui venait de fêter ses 56 ans, fait partie des cinq victimes mosellanes n’ayant pu échapper au terrible incendie du gîte de Wintzenheim. Avec les trois autres pensionnaires de l’APEI décédés – Fatima, Jérôme et Laure – elle y officiait comme travailleur handicapé. «Ma petite sœur habitait depuis plus de vingt ans au foyer Marie-Louise Laurichesse à Pierrevillers (village proche d’Amnéville, cette dernière commune étant le siège de l’Apeivo). Elle avait intégré l’association durant son enfance, en suivant les cours de l’IME (institut médico-éducatif)», glisse Patricia, laquelle reste discrète sur son patronyme. «Je ne veux pas que l’on identifie ma sœur. Par respect pour elle mais aussi par discrétion. Je n’ai pas envie de voir les caméras débarquer chez moi.»

Les médias, Patricia a déjà dû les affronter lors de son déplacement à Wintzenheim avec son frère. «Nous y sommes allés par nos propres moyens. Nous sommes arrivés à 18 h (NDLR : quelques heures après le drame). Le voyage a été très éprouvant, la suite des évènements également», confie la retraitée.

«Comme le soleil qui se levait»

La Mosellane ne veut pas pointer du doigt les éventuels responsables de cette tragédie. «Je ne veux pas m’exprimer sur ça tant que les gendarmes n’ont pas fini leur travail. Moi, je veux juste dire que ma petite sœur était un rayon de soleil. Je n’enjolive pas les choses, je dis juste ce que je ressens. À chaque fois que Marcelle souriait, c’est comme si le soleil se levait.» Marcelle, une quinquagénaire qui savait goûter aux plaisirs simples de la vie. «Elle était toujours joyeuse, un rien la satisfaisait. Ses petits bonheurs, c’était la télé et les films en DVD. Certes, elle était déficiente, ne savait pas écrire et ne savait pas utiliser internet. Mais elle était autonome.»

D’ailleurs, cette benjamine d’une famille de huit enfants partait chaque été en vacances. «Elle était déjà allée en Bretagne, en Espagne… Chaque année, l’Apeivo propose des centres de loisirs adaptés et elle avait décidé, pour la première fois, de se rendre en Alsace. Je ne l’avais pas eue au téléphone depuis le début de son séjour mais elle se réjouissait d’y aller, car le site n’était pas loin d’Europa-Park…»

Le Républicain Lorrain avec AFP

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