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Homicide à Tétange : le parquet requiert la prison à perpétuité à l’encontre de Liette


«Les deux seules personnes qui pourraient nous éclairer sur ce qui s’est passé entre 15 h 45 et 17 h ne sont pas là.» (photo archives LQ)

Le parquet a requis la prison à perpétuité à l’encontre de Liette pour l’assassinat de son mari et l’acquittement pour son fils faute de preuves matérielles suffisantes pour l’incriminer.

Certains témoins ont la mémoire plus vive que d’autres. C’est embêtant, surtout quand le tribunal compte sur un témoin pour livrer une information capitale sur le déroulement des faits et l’implication des différents prévenus. L’ancienne patronne et l’ancienne maîtresse de la victime, ainsi qu’un ami du fils de la victime ont été entendus par une très patiente 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, mercredi après-midi, avec plus ou moins de difficultés.

Les deux premières avaient été convoquées pour aider le tribunal à cerner la personnalité de la victime et le troisième pour retracer l’emploi du temps de son fils dans l’après-midi des faits. La réponse à une question aurait pu être déterminante pour quantifier son implication supposée dans les faits, mais l’ami en question ne se souvenait plus de la réponse. «Où Sascha voulait-il que vous veniez le récupérer en voiture quand il vous a téléphoné à 15 h 24 le 12 septembre 2019?», lui a demandé la présidente de la chambre criminelle. «S’il a pris le bus comme il l’affirme, il n’avait pas besoin de vous, ou bien il était encore à Tétange.»

Le jeune homme de 26 ans n’en était plus certain et a préféré se taire. Il a déjà fait une erreur lors de son audition par la police en prétendant avoir passé la soirée avec le prévenu dans un restaurant alors que c’était deux jours avant les faits, se justifie-t-il. Une erreur suspecte aux yeux de la juge. «Vous vous êtes tous les deux trompés», souligne la juge, se demandant si les deux amis ne se seraient pas concertés sur une version à donner pour fournir un alibi à Sascha. Le jeune homme, gêné aux entournures à la barre, comprend le raisonnement, mais ne parvient pas à expliquer cette erreur commune.

Acquittement faute de preuves

Faute de preuves matérielles pouvant prouver sa participation aux faits ou sa présence sur le lieu du crime, le procureur a requis l’acquittement de Sascha. «À 17 h, il était à Belvaux. Son père est rentré à Tétange au plus tôt à 15 h 45. Cela me paraît court pour faire le ménage et faire disparaître les preuves de sa présence», reconnaît le représentant du ministère d’État. «Les deux seules personnes qui pourraient nous éclairer sur ce qui s’est passé entre 15 h 45 et 17 h ne sont pas là.»

En effet, Liette a quitté la salle en cours d’audience mardi matin pour ne plus revenir et s’est fait porter pâle pour le reste du procès. Quant à son fils, Me Rollinger avait prévenu d’entrée de jeu qu’il n’y assisterait pas et ne prendrait pas la parole. Liette n’a donc pas pu s’exprimer sur les faits. Une attitude jugée «lâche» par la présidente qui a évoqué «une question de volonté». Cette absence n’a pas empêché le représentant du parquet de requérir la prison à perpétuité à son encontre pour assassinat. La sexagénaire n’était, selon lui, pas la femme terrorisée par son mari qu’elle prétend être.

Nicolas, mort sous ses coups de couteau sur le sol du domicile familial entre 15 h 45 et 18 h 15, n’aurait pas été le tyran domestique que Liette l’accusait d’être. Au contraire, Liette aurait préparé son entourage à l’acte qu’elle allait commettre, selon le procureur, en laissant doucement infuser dans les esprits que Nicolas lui faisait vivre un enfer. «Aucun des témoins entendus n’a pu confirmer d’attitude agressive de sa part envers son épouse, mais on nous fait comprendre que c’est plutôt elle qui portait la culotte», indique-t-il dans son réquisitoire.

Les indices comme l’absence de lutte entre Liette et son mari, l’absence de blessures sur les mains de la prévenue qui a dit avoir désarmé Nicolas, son journal intime commencé quinze jours avant les faits et imprimé après les faits «comme une justification post mortem», entre autres, amènent le magistrat à la conclusion que Liette avait prémédité son geste. Il ne lui a trouvé aucune circonstance atténuante, à l’exception de son casier judiciaire vierge. «Liette n’a rien tenté pour se sortir de sa situation si les violences qu’elle disait subir de la part de son mari étaient réelles.»

L’avocate de la prévenue pourra plaider sa cause ce jeudi après-midi.