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Hépatites chez des enfants : un phénomène encore inexpliqué


On dénombre à ce jour 17 transplantations rénales et un décès des suites de formes aiguës.

Plus de 150 cas dans une dizaine de pays, principalement en Europe : les hépatites aiguës touchant des enfants suscitent des questions, voire des craintes d’épidémie.

Tout est parti du Royaume-Uni il y a quelques jours, qui compte le plus grand nombre de cas (114 actuellement). Depuis, des cas ont aussi été rapportés en Espagne (13), au Danemark (6), en Irlande (5), aux Pays-Bas (4), en Italie (4), en France (2), en Norvège (2), en Roumanie (1), en Belgique (1), selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Hors d’Europe, Israël (12 cas) et les États-Unis (au moins 9 cas) allongent la liste. Les enfants affectés étaient âgés d’un mois à 16 ans, mais la plupart avaient moins de 10 ans, et beaucoup moins de 5 ans. Aucun ne présentait de comorbidité. On dénombre à ce jour 17 transplantations rénales et un décès.

«Les investigations se poursuivent dans tous les pays rapportant des cas. Actuellement, la cause exacte de l’hépatite reste inconnue», selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Pour l’instant, une cause infectieuse semble considérée comme la plus probable, mais aucun lien commun avec une alimentation contaminée ou un toxique n’a été identifié.

«Il faut toujours prendre les choses au sérieux» et «surveiller de près, mais pas non plus tomber dans la psychose» car «on ne sait même pas d’où ça vient» jusqu’alors, a déclaré le Dr Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat à Paris. Une hépatite est une inflammation du foie, en réaction à des virus, des toxiques (drogues, poisons, etc.), des maladies auto-immunes ou génétiques.

Souvent d’évolution bénigne, ses principaux symptômes – fièvres, diarrhées, douleurs au ventre, jaunisses – se résorbent rapidement ou restent faibles. Plus rarement, ils peuvent déboucher sur une insuffisance rénale.

Pourquoi c’est inhabituel

Mais une forme aiguë a donc été décelée chez les enfants malades. «La hausse croissante du nombre d’enfants atteints d’une soudaine hépatite est inhabituelle et inquiétante», a indiqué au Science Media Center britannique Zania Stamataki, du centre de recherche sur le foie et l’appareil gastro-intestinal de l’université de Birmingham.

Le fait que certaines hépatites touchent de petits enfants, entre 1 et 5 ans, surprend encore plus les spécialistes, comme la nécessité, dans quelques cas, d’une transplantation. Et les habituels virus à l’origine de l’hépatite virale aiguë n’ont été détectés dans aucun des cas, ont souligné l’ECDC et l’OMS.

Parmi les pistes à l’étude, des adénovirus ont été décelés chez 74 enfants au moins, dont 18 dits de «type 41». Plusieurs pays, notamment l’Irlande et les Pays-Bas, ont rapporté une circulation accrue de ces adénovirus. Virus assez banals et connus, les adénovirus provoquent généralement des symptômes respiratoires (bronchites, pharyngites…), oculaires (conjonctivites), des troubles digestifs (gastro-entérites).

La transmission survient par voie orofécale ou respiratoire, avec des pics épidémiques souvent en hiver et au printemps, et plus souvent en communautés (crèches, écoles, etc). La majorité des humains sont infectés avant leurs 5 ans. Mais leur rôle dans le développement des hépatites mystérieuses n’est pas clair.

Si des enfants infectés par un adénovirus ont pu souffrir d’hépatite par le passé, il s’agissait d’enfants immunodéprimés. Et l’adénovirus 41 n’est pas connu comme une cause d’hépatite chez des enfants en bonne santé, observe l’OMS. Une nouvelle souche d’adénovirus pourrait donc être en cause, selon certains scientifiques britanniques.

D’autres infections et causes environnementales pourraient exacerber une inflammation adénovirale. La possibilité d’un lien avec le Covid-19, qui circule toujours, figure aussi dans les hypothèses. Il a été détecté chez 20 des enfants testés. Et 19 autres enfants ont montré une co-infection au covid et à un adénovirus.

Mais «si ces hépatites découlaient du covid, cela serait surprenant de ne pas les voir réparties plus largement vu la forte circulation du SARS-CoV2», a remarqué Graham Cooke, spécialiste des maladies infectieuses à l’Imperial College de Londres, auprès du Science Media Center.

Après plus de deux ans de pandémie et de gestes barrières, la question d’une «dette» immunitaire qui rendrait certains enfants plus fragiles est soulevée par certains scientifiques, sans certitude. Enfin, un éventuel rôle des vaccins anticovid a été écarté : une grande majorité des enfants n’étaient pas vaccinés, d’après l’OMS.

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