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«Gutt Geschier» : une bibliothèque d’outils pour favoriser l’économie circulaire


L’association collecte des outils auprès des particuliers et entreprises afin qu’ils puisent être empruntés par la suite.  (Photo : Julien Garroy)

Au Facilitec d’Esch-sur-Alzette, l’ASBL Emweltberodung Lëtzebuerg a inauguré le «Gutt Geschier». Des outils de bricolage et de jardinage peuvent y être empruntés gratuitement et librement.

Une truelle, une scie à main, une clé de serrage… Ces outils, aussi essentiels soient-ils pour un bricolage dominical ou des raccommodages expéditifs, ne sont que très peu utilisés à l’échelle d’une vie. En 2018, l’Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie avait calculé la durée moyenne d’utilisation d’une perceuse, de son achat à sa mise au rebut : 12 minutes.

Dérisoire et révélateur d’un système de consommation insensé, le chiffre a interpellé Emweltberodung Lëtzebuerg (EBL), une organisation indépendante dédiée à la consultance, aux formations et à l’organisation d’ateliers auprès des communes, associations, institutions et entreprises.

Dans le sillage des initiatives locales visant à promouvoir l’économie verte et circulaire, l’ASBL a inauguré, mercredi dernier, sa première bibliothèque d’outils, à la fois gratuite et accessible de tous. Le «Gutt Geschier», niché dans le tiers-lieu eschois Facilitec, s’articule autour d’un modèle de réservation et d’emprunt, assuré par plusieurs membres d’EBL.

«Ces outils sont fabriqués avec des métaux précieux ou du bois, mais ils ne sont pas assez utilisés ou ne circulent pas, alors que ces ressources se raréfient, pose Fränz Hausemer, gestionnaire de projets à l’EBL. Il était donc intéressant de les fournir librement pour des travaux de bricolage, de rénovation ou de jardinage.»

«Penser en termes de ressources»

Cet élan citoyen bénéficie du soutien, financier et moral, de plusieurs acteurs locaux, à l’instar de la Ville d’Esch, du lycée technique des Arts et Métiers ou du Syndicat intercommunal à vocation écologique. Ce réseau, qui s’étend également auprès des particuliers, permet à l’ASBL de collecter des outils divers et variés, qui jouissent ainsi d’une seconde vie dans le Gutt Geschier.

«C’est une logique d’économie circulaire et du partage. Il faut davantage penser en termes de ressources que de recyclage, d’autant plus que l’on n’a pas tout le temps besoin d’outils», décrit Fränz Hausemer.

La bibliothèque entend donc bousculer les logiques consuméristes et productivistes actuelles, alors que les processus de fabrication et les transports sont à l’origine d’importants rejets de CO2 dans l’atmosphère. Pourtant, l’opération n’a rien de sorcier.

Pinceaux, truelles, sécateurs… La bibliothèque de l’ASBL regorge de nombreux outils destinés au bricolage et au jardinage. Julien

Après le travail de récupération effectué auprès des citoyens, centres de ressources et entreprises, les objets collectés font l’objet d’une vérification, avant d’être réintroduits dans la circulation via un système de réservation en ligne.

«Le logiciel permet aux utilisateurs de visualiser les outils, puis de les réserver en cliquant dessus. Il n’y a plus qu’à les récupérer à le Facilitec, avant de les rendre sept jours plus tard, et le tout gratuitement, détaille le gestionnaire de l’EBL, qui a d’ores et déjà constaté le succès d’un tel dispositif. Ces derniers jours, on a constaté 70 nouveaux abonnés. On ne s’attendait pas à cela!»

À l’exception d’une charte à signer, aucune contrainte n’est de mise quant à l’emprunt de ces outils. Attention tout de même à respecter les objets, et de fait, le service, comme le souligne Fränz Hausemer : «Quand il y aura des abus, il y aura des sanctions.»

Changer les mentalités

Le dessein d’Emweltberodung Lëtzebuerg est clair : responsabiliser en proposant constamment un contact direct avec les utilisateurs. En somme, le Gutt Geschier est bien plus qu’une modeste bibliothèque d’outils : «Les gens se retrouvent, échangent et peuvent travailler sur des projets ensemble, notamment au Facilitec», explique Fränz Hausemer.

Ainsi, dans les rangs de l’ASBL, personne ne se voile la face. Le temps est à l’évolution des habitudes et à la réappropriation du travail : «Cette idée est fondée sur un besoin qui existe chez nos habitants, soit celui d’un changement des mentalités par rapport à nos ressources, confie le gestionnaire de projets. On veut également promouvoir le fait de faire les choses soi-même et donc d’économiser les frais et l’énergie qu’entraînerait le recours à des entreprises.»

Le Gutt Geschier n’en est qu’à ses balbutiements, mais l’EBL songe déjà à multiplier les bibliothèques à travers le pays afin d’assurer une couverture plus large.

Toutefois, l’heure est au développement du projet initial, puisque l’association en appelle aux dons d’outils pour agrandir l’atelier collectif. Pour consulter le logiciel d’emprunt ou obtenir davantage d’informations, rendez-vous sur le site internet www.ebl.lu.

Un commentaire

  1. Etoile filante

    Dommage qu’il n’y ait rien de tel au nord de la capitale.

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