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[Guides de la Moselle] Le Michelslay, entre minéral et végétal


Elisabeth Medinger adore le Michelslay, comme un bout de Mullerthal sur la Moselle. (Photo : didier sylvestre)

Guide dans le Mullerthal depuis une dizaine d’années, Elisabeth Medinger s’est également entichée de la Moselle depuis peu. Particulièrement du Michelslay à Manternach.

Portrait

Amoureuse de la nature

Si vous cherchez Elisabeth Medinger, pensez à mettre les chaussures de marche! «Je suis tout le temps dans la nature», sourit-elle. Originaire d’Ettelbruck, elle s’est installée à Echternach, il y a 30 ans, et par la force des choses, elle a sillonné le Mullerthal en long et en large. «J’aime beaucoup cette région et c’est naturellement que j’ai décidé de suivre la formation pour devenir guide là-bas», explique-t-elle. Une expérience qui lui a plu au point d’élargir ses compétences à la région mosellane. «J’étais curieuse parce que la Moselle n’est pas loin, mais très différente du Mullerthal, alors je me suis lancée.»

Depuis, elle multiplie les randonnées guidées sous les bannières des offices du tourisme régionaux et même d’un voyagiste autrichien spécialisé dans la marche. Elisabeth propose par exemple sa propre création, un parcours de trois jours de la source de la Syre (à Syren) jusqu’à sa confluence avec la Moselle (à Mertert).

C’est une chose d’apprécier la nature et de s’y balader, mais c’en est une autre de la connaître. La dernière marotte de la guide est de lier la botanique à la gastronomie. «Pendant le confinement, je me suis formée moi-même, glisse-t-elle. Je me promenais pour trouver des plantes comestibles que je cuisinais ensuite.»

Saviez-vous qu’au printemps, les feuilles d’érable champêtre peuvent remplacer les feuilles de vignes pour emballer les dolmades (feuilles de vignes farcies)? Que les graines de l’alliaire officinale (ou herbe à ail) offrent un goût très similaire à celui de la moutarde? Que l’on peut aromatiser un vin blanc en y trempant des feuilles d’aspérule (pas les fleurs) pendant une petite demi-heure (pas besoin d’ajouter de sucre si le vin est déjà doux)? Que la benoîte urbaine parfume un vin chaud à la manière du clou de girofle? Que la reine-des-prés agrémente avantageusement une limonade maison? Parcourir les chemins avec Elisabeth Medinger met en appétit!

Son lieu préféré

Le Michelslay

Ici, on ne se trouve pas à proprement parler sur la Moselle, mais sur les rives de la Syre aux alentours de Manternach. À 5 km vers l’aval, la rivière frontalière n’est pas bien loin. Ce petit coin du Luxembourg très bucolique est à connaître. L’été, il fait toujours frais à l’ombre des arbres de la forêt baignée par la Syre et ses petits affluents. Plusieurs randonnées permettent de découvrir le secteur et en particulier la Boucle de rêve Manternacher Fels, un circuit d’un peu moins de 10 km labellisé par le sélectif Institut allemand de la randonnée.

Si vous empruntez cette boucle, vous tomberez sur le Michelslay. En plein cœur des bois, à proximité des ruines d’un ancien moulin, apparaît une grande falaise de calcaire ocre. «Lay, en vieux luxembourgeois, signifie rocher, indique Elisabeth. Beaucoup de lieux-dits dans le Mullerthal se terminent avec « lay », cela signifie qu’il y a une falaise pas loin.»

On se souvient de la première fois où l’on vient ici

Et c’est vrai que, pour un peu, on se croirait dans cette Petite Suisse qu’Elisabeth connaît par cœur. «Sauf que ce n’est pas la même pierre, avertit-elle. Ici, c’est de la dolomie, un calcaire dur. Dans le Mullerthal, c’est un grès beaucoup plus tendre, qui s’effrite lorsqu’on le frotte avec les doigts.» Un petit cours de géologie qui rappelle qu’à l’époque où la roche s’est formée, il y a 240 millions d’années, le Luxembourg se trouvait sous les eaux chaudes d’un lagon tropical.

Au pied de la falaise, de gros blocs plats appellent à s’installer pour faire une pause et profiter de l’atmosphère particulière de l’endroit. À la rencontre du végétal et du minéral, le temps est à la contemplation. D’autant qu’il fait bon. «On se souvient de la première fois où l’on vient ici, le Michelslay marque les esprits», soutient Elisabeth.

C’est d’ailleurs ici qu’elle a passé son examen pour obtenir son diplôme. «J’ai guidé les formateurs en leur expliquant les caractéristiques du chemin qui va de la route, en contrebas, jusqu’ici. Une fois au pied de la falaise, je leur ai mis une pierre dans la main en racontant son histoire et je leur ai déroulé une échelle du temps qui montre à quel point l’homme est sur Terre depuis peu de temps, à l’échelle géologique.»

Autour du vin

Le vignoble de la Syre

Manternach est dans l’arrière-pays mosellan et, bien que l’on soit en forêt, on trouve une vigne à quelques centaines de mètres du Michelslay. Parfaitement orientées vers le sud, ces terrasses rappellent que la Syre était un joli petit vignoble d’une vingtaine d’hectares jusque dans les années 1950. Ce reliquat d’auxerrois et de pinot gris planté en 2004 est entretenu par le syndicat d’initiative de Manternach et les raisins sont vinifiés par Abi Duhr (Château Pauqué, à Grevenmacher).

Elisabeth garde aussi un excellent souvenir d’une marche gourmande qu’elle a guidée en juin. «Tout au long de la randonnée, nous avons mangé et bus des spécialités locales, relève-t-elle. Nous avons dégusté les vins de Georges Schiltz (NDLR : Fru, à Rosport) dans ces vignes. Plus loin, on nous a servi le cidre Ramborn, le Cassero de Beaufort (NDLR : une liqueur de cassis artisanale) et du café du moulin Dieschbourg, à Echternach. C’était une très belle expérience, l’ensemble du groupe était très content!»

Dans la Moselle luxembourgeoise, pratiquement toutes les visites se terminent un verre à la main et souvent après la visite d’une cave. «Récemment, à l’issue d’un tour, nous nous sommes rendus chez Pit Pundel (domaine Pundel Vins Purs, à Wormeldange-Haut). Boire une coupe de crémant sur sa terrasse, en contemplant un magnifique panorama sur la Moselle était un moment très agréable. D’ailleurs, je dois dire qu’aujourd’hui, je préfère boire un crémant plutôt qu’un champagne. Ils ont tellement progressé qu’on a moins de mauvaises surprises.»

Des guides à la formation pointue

L’Office régional du tourisme (ORT) Visit Moselle organise la formation de ses guides. Le programme commence par un enseignement général dispensé par les différents ORT, la Chambre de commerce et la House of Training de Luxembourg. Des conférenciers interviennent sur l’histoire, la géographie, le paysage culturel, la géologie, la législation de la profession, les institutions touristiques du pays, la planification et le déroulement d’un guidage sur le terrain…

Après l’obtention de l’examen théorique, les futurs guides peuvent s’inscrire pour les formations régionales organisées par les ORT, en collaboration avec différents acteurs de la région. Les candidats travaillent les mêmes thèmes, spécifiquement orientés sur la région, mais aussi d’autres en fonction des spécificités des territoires. Pour la Moselle, il est question de géologie, de patrimoine culturel, d’architecture, des traditions locales et, bien sûr, du vin.

Anne-Catherine Mondloch (gestionnaire du musée du Vin et diplômée en analyse sensorielle) donne un séminaire d’œnologie, Serge Fischer (chef du service Viticulture de l’Institut viti-vinicole, IVV) informe sur la région viticole mosellane… Une fois toutes les formations suivies, les candidats passent un examen théorique et pratique avant d’être certifiés guides touristiques de l’ORT Moselle luxembourgeoise.

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