Ramon Biermann est tombé amoureux de la Moselle il y a déjà bien longtemps. Il n’aime rien de plus que partager cet enthousiasme et ses connaissances avec les visiteurs.
Portrait
Plusieurs cordes à son arc
Ramon Biermann a vécu plusieurs vies. Formé à l’école hôtelière de Diekirch dans ses jeunes années, il a travaillé dans le secteur de la restauration, notamment sur la Moselle. Ce passionné d’arts martiaux a ensuite été employé pour assurer la sécurité de personnalités avant de se consacrer à plusieurs missions pour le compte de l’ONU et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en tant qu’observateur des droits humains et électoraux, au Kosovo ou en Indonésie par exemple. À une époque, il a même effectué une longue retraite dans un ashram en Inde pour méditer.
En 2017, après «un grave accident de la vie», il décide de «faire ce qui me plaisait vraiment. Je suivais alors un bachelor de sciences sociales et pédagogie à l’université de Luxembourg parce que je réfléchissais déjà à une reconversion. J’avais envie de partager des connaissances et comme je suis un grand amoureux de la Moselle, j’ai décidé de devenir guide touristique. Cette fonction est un peu la synthèse de tout ce que j’ai fait avant, c’est un épanouissement».
Ce grand amateur de chasse aurait du mal à se passer de l’art de vivre mosellan. «Il y a ici un côté humain que l’on ne trouve pas ailleurs. Les Mosellans, qu’ils soient luxembourgeois, allemands ou français sont spéciaux! Il y a une atmosphère unique.»
Bosseur, il multiplie les formations de guide pour étoffer ses connaissances. Il a suivi celle de l’Office régional du tourisme, celle de Via mosel’ pour mieux connaître l’architecture viticole, celle du parc naturel de Lorraine et celle du DLR allemand (Dienstleistungszentrum Ländlicher Raum, un service dédié aux acteurs de la ruralité) axée sur la découverte de la nature.
Bref, il multiplie les cordes à son arc et ne cesse de réfléchir à proposer de nouvelles offres touristiques. «Je suis aussi passionné de moto et je travaille sur des visites spécifiques pour les motards. Avec l’office du tourisme, cette année, je vais également accompagner des classes et des maisons relais dans les vendanges. Les enfants resteront 1 h 30 dans les vignes, couperont du raisin et iront le presser pour obtenir leur jus.»
Ah, on allait oublier qu’il cultive aussi une petite vigne en Allemagne. «Mais juste du raisin de table, c’est plus facile. Mais ça me permet quand même de savoir de quoi je parle lorsque j’évoque la viticulture aux visiteurs.»
Son lieu préféré
Les Caves Bernard-Massard
«J’aime beaucoup cette maison qui a une histoire unique au Luxembourg. Créée en 1921 par un visionnaire qui a su fédérer des investisseurs – notamment des belges – autour de lui, les caves Bernard-Massard ont été très ambitieuses tout de suite. On le constate en observant le bâtiment de style moderniste bâti en 1921 sur les plans de l’architecte Jean Warken, qui a également conçu l’hôtel Molitor en Ville (avenue de la Liberté). Il y a dès le début une grande cave, un hall de stockage spacieux avec une belle voûte arrondie en béton : tout pour lancer un véritable commerce international.»
Il y a ici un côté humain que l’on ne trouve pas ailleurs
Le bâtiment a évolué par la suite avec des modifications et des agrandissements en 1965 et 1985. C’est en 1992 que les caves ont vu arriver par bateaux les grandes cuves en inox qui ont été déchargées par grue depuis la Moselle toute proche avant d’être installées à leur emplacement actuel, où les murs et le toit ont ensuite été construits autour d’elles.
«C’est le confinement qui m’a permis d’étudier en détail les caves Bernard-Massard, souligne Ramon. J’avais tout le temps qu’il faut pour me renseigner et écrire le mémoire pour Via mosel’. L’ancien directeur général Hubert Clasen (NDLR : c’est son fils, Antoine, qui l’a remplacé) a beaucoup fouillé dans les archives et il a retrouvé beaucoup de documents très intéressants.»
Autour du vin
Pinot noir et gibier
«En matière de vin, lorsque l’on n’y connaît pas grand-chose, il faut d’abord se faire conseiller pour suivre les grandes directions, mais ensuite, il faut surtout faire ce qui nous plaît, expérimenter pour déterminer ce que l’on aime vraiment.» Ramon avoue être davantage porté sur le pinot blanc que sur le riesling, «mais toujours en accompagnement d’un plat, je ne bois pratiquement jamais de vin sans manger».
Il adore parler vin avec ses amis chasseurs, «qui aiment tous bien manger et déguster de bonnes bouteilles. Un pinot noir en barrique accompagne parfaitement n’importe quel gibier, tandis qu’un chardonnay, également passé sous bois, convient très bien avec du chevreuil». Même les vins utilisés pour mariner le gibier font l’objet de longues conversations.
Grâce au programme de formation proposé par Via mosel’, Ramon a également découvert les vins issus de la Moselle française. «Je suis un grand fan du domaine Les Béliers, à Ancy-sur-Moselle.»
Via mosel’, le vin et l’architecture
Créé en 2021 sur l’initiative du Groupement européen d’intérêt économique (GEIE) Terroir Moselle et porté désormais au Luxembourg par l’Office régional du tourisme Visit Moselle, Via mosel’ engage un regard transfrontalier sur la Moselle, de sa source dans les Vosges françaises jusqu’à sa confluence avec le Rhin, à Coblence. L’idée est de répertorier au fil de l’eau tous les lieux remarquables qui allient l’architecture et le vin, des jalons historiques qui documentent la riche histoire d’une région au cœur de l’Europe.
Les guides labellisés Via mosel’ ont tous reçu un enseignement initial dans l’un des offices de tourisme régionaux chargés de valoriser la rivière. Par la suite, un programme spécifique d’environ six mois leur a permis de se spécialiser sur les thèmes de l’architecture et des échanges transfrontaliers. Ces cours ont été donnés par des historiens de l’architecture ou même des architectes en exercice. À la fin du programme, un voyage transfrontalier a permis aux candidats de découvrir des sites des trois pays.
Les premiers séminaires ayant eu lieu pendant la pandémie, la visioconférence était systématique mais de vraies rencontres seront prévues lors des prochaines sessions. Cinquante personnes ont déjà reçu cet enseignement et 25 ont validé leur formation lors d’un examen final. Ce travail de fin d’études consiste en l’élaboration d’un circuit qui pourra être proposé ultérieurement dans le cadre de Via mosel’ tandis que lors de l’examen oral, les candidats ont dû guider les examinateurs sur une variante raccourcie de ce circuit.
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