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Greenpeace Luxembourg : des combats toujours d’actualité


La fermeture de la centrale de Cattenom constitue l’un des combats historiques de Greenpeace Luxembourg. 

L’ONG luxembourgeoise fête cette année ses 40 ans. Au vu des défis environnementaux actuels, elle a encore de beaux jours de combat devant elle.

Fondée en 1984 par des activistes écologiques, pacifiques et antinucléaires, Greenpeace Luxembourg fête cette année ses quarante ans. Quatre décennies de lutte portant tant sur des sujets internationaux (les essais nucléaires, la protection de la couche d’ozone ou la préservation de l’Antarctique, notamment) que sur des sujets plus locaux (la fermeture de la centrale nucléaire de Cattenom, la pollution de l’eau potable, etc.), avec, en 1985, une première action médiatique au Grand-Duché, en opposition à l’essence au plomb.

L’association de défense de l’environnement peut se targuer de quelques victoires emblématiques : le Luxembourg (avec l’Autriche) fut en 1996 le premier pays en Europe à interdire la culture d’un maïs transgénique et a, à plusieurs reprises, marqué son opposition aux OGM; il fut aussi le premier État au sein de l’UE à interdire le glyphosate (2020). En juin, il sortira du Traité sur la Charte de l’énergie, qui va selon lui à l’encontre des accords de Paris, ratifiés en 2016.

Mais le changement climatique prouve que le chemin est encore long, et à 40 ans, l’ONG doit faire plus que jamais face à de nombreuses crises, dont le Luxembourg a indéniablement sa part de responsabilité. Un combat qui s’annonce difficile, d’autant que rien n’est jamais acquis, comme le prouvent les récents rétropédalages européens sur la question des pesticides et du glyphosate, pour ne citer qu’eux. Pour ne rien arranger, en dépit des effets de plus en plus visibles du réchauffement climatique, «les voix des écologistes sont de plus en plus ignorées. Les résultats des communales et des législatives de fin 2023 ont montré une rupture forte avec les préoccupations environnementales des précédentes élections», souligne Raymond Aendekerk, directeur de Greenpeace Luxembourg, qui a présenté avec son équipe les principales campagnes qui seront menées cette année, résumées en cinq points.

Agriculture

Greenpeace soutient «une agriculture durable, sans OGM et sans pesticides». L’assouplissement réglementaire concernant les nouveaux OGM (ou NGT, nouvelles techniques génomiques) est un coup dur, même si «avec le Conseil des ministres européens, le projet de loi peut être retardé», souffle Raymond Aendekerk. Les différents revirements de la Commission montrent «l’immense pouvoir des lobbyistes». Mais l’ONG peut souvent compter sur une position favorable au principe de précaution du Luxembourg.

Finances durables

Le Luxembourg, qui possède la deuxième place financière au monde, porte une écrasante responsabilité dans ce domaine. Les banques, assurances et gestionnaires de fonds présents sur le territoire continuent de financer les énergies fossiles et des entreprises peu respectueuses des droits humains, et pratiquent aussi allègrement le greenwashing, dénonce Greenpeace. En 2024, l’ONG va donc poursuivre son travail auprès du Fonds de compensation (FDC), le fonds de pension souverain du Luxembourg, dont «les investissements demeurent climaticides», alerte Martina Holbach.

Justice climatique

Le réchauffement climatique menace des millions de personnes, directement en raison des catastrophes naturelles et des récoltes aléatoires, mais également du fait des conflits autour des ressources naturelles, et accroît aussi les disparités sociales. De nombreuses plaintes ont été déposées par Greenpeace contre des États et des multinationales pour faire appliquer la justice climatique.

Nucléaire

C’est le combat des origines : depuis toujours, Greenpeace Luxembourg se bat pour faire fermer la centrale nucléaire de Cattenom. D’autant que celle-ci va désormais aussi passer le cap des 40 ans, durée de vie maximale d’une centrale, mais qui peut être prolongée grâce à des travaux, selon EDF. «L’énergie nucléaire n’est pas verte en raison de ses déchets et de la lenteur de construction coûteuse», insiste Roger Spautz, qui aimerait que le Luxembourg veille encore davantage à établir des contrats avec des fournisseurs d’énergie renouvelable.

Changement systémique

La recherche toujours croissante du profit est à l’origine des crises qui se succèdent, creuse les inégalités et détruit la biodiversité, dénonce Frédéric Meys. Le Luxembourg, malgré sa taille, participe du phénomène : si tout le monde consommait comme le Grand-Duché, il faudrait huit planètes pour subvenir aux besoins en ressources. C’est tout le système qu’il faut remettre en cause avec, à terme, «la fin du capitalisme», espère Frédéric Meys. En attendant, il propose d’instaurer un modèle économique qui prenne en compte d’autres valeurs (comme le bien-être et la protection de la nature) plutôt que le seul profit.