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Glyphosate : toujours pas d’alternative durable


Photo : tania feller

Depuis l’interdiction du glyphosate, en janvier 2021, les agriculteurs n’ont d’autre possibilité que le labour avec d’énormes charrues pour retourner les sols et arracher l’herbe. Pas vraiment écolo.

Le recours intenté par Bayer, le géant pharmaceutique et agrochimique allemand, contre la décision du gouvernement d’interdire le glyphosate, «était un procès de principe», comme nous l’indique le président de la Centrale paysanne, Christian Wester. Ce n’est pas avec les quantités utilisées dans le pays que la société s’est sentie lésée. Comme Bayer, la Centrale se satisfait de ce premier jugement, contre lequel le gouvernement a interjeté appel. Il n’est donc pas définitif.

 «Nous sommes heureux de constater que les États membres ne peuvent pas faire n’importe quoi, n’importe quand, n’importe comment», déclare Christian Wester. Au moment où le Luxembourg, premier pays membre à interdire le glyphosate dès janvier 2021, prenait cette décision, une alternative acceptable n’avait pas été trouvée. «Cette manière de faire nous a vraiment gênés parce qu’à ce train-là, on peut interdire des tas de substances et n’importe quel pays membre peut en faire qu’à sa tête», poursuit-il.

Le Luxembourg s’est fait remettre sur les rails par le tribunal administratif qui, cette semaine, a jugé la décision de bannir le glyphosate comme contraire au droit européen, selon 100,7 qui a eu la primeur de l’information. Le gouvernement a aussitôt fait appel du jugement et maintenu l’interdiction.  Pour les agriculteurs, cela signifie qu’ils vont continuer à labourer les sols pour remplacer l’usage du puissant herbicide.

Pour la Chambre d’agriculture, tout se mesure, tout se calcule. Politiquement, la question est délicate, et on laisse plus facilement les syndicats s’exprimer sur le sujet. Néanmoins, le directeur Vincent Glaesener, qui rappelle que «globalement, le glyphosate n’était pas beaucoup utilisé au Luxembourg», l’interdiction n’a pas eu de grands impacts sur l’agriculture luxembourgeoise. Utilisé auparavant pour nettoyer une prairie avant de la dédier à une culture céréalière, c’est la charrue et la herse qui l’ont remplacé.  «Cette interdiction a nécessité des approches alternatives qui ont aussi des conséquences environnementales», indique le directeur de la Chambre d’agriculture.

Cette alternative ne réjouit pas les écologistes, car les labours détruisent les sols et sont sans pitié pour la faune qui les peuple. Sans compter que plusieurs passages sont nécessaires pour éliminer toutes les racines et que la manœuvre produit son lot de gaz à effet de serre. Le glyphosate évite de retourner le sol, mais il a été jugé dangereux sur le plan sanitaire. «Aucune autre solution que le labour n’a été trouvée», souligne Christian Wester, de la Centrale paysanne. Le syndicaliste se réjouit de ce côté-là d’avoir une année sèche. «L’herbe s’arrache plus facilement en surface, mais quand on tombe sur une année comme l’été dernier où les sols étaient imbibés d’eau, il faut repasser plusieurs fois», explique-t-il. Économiquement, avec les prix des carburants, l’opération est mauvaise et elle prend du temps. «L’idée du glyphosate, c’était de réduire le travail au sol», rappelle Christian Wester.  Il explique que le labour ramène les bactéries enfouies en surface qui disséminent, ensuite, des insectes utiles.

Manque de recul

Pourrait-on imaginer la réintroduction du glyphosate? «D’abord, il faut voir ce que dira la Cour administrative, ensuite il faut attendre la décision européenne quant au renouvellement de la licence à Bayer. Si l’autorisation est prolongée, peut-être qu’il sera à nouveau sur le marché», estime encore le président de la Centrale paysanne.

Quel est le bilan après deux ans d’interdiction? «Nous n’avons pas encore assez de recul pour le dire aujourd’hui. En général, au bout d’un an ou deux, on arrive avec les moyens mécaniques à éliminer l’herbe pendant deux ans, mais certaines plantes résistent et sont difficiles à éliminer, et dans ces cas de figure, le glyphosate avait son intérêt», précise de son côté Vincent Glaesener. Interdit depuis janvier 2021, l’herbicide de Bayer n’a pas encore trouvé une alternative appréciable. «On a mené plusieurs expériences, mais aucune n’a été concluante, mis à part le travail au sol», indique encore le directeur de la Chambre d’agriculture. Il reconnaît que «ce n’est pas la panacée», vu qu’il s’agit de remplacer une «mauvaise solution, par une moins bonne».

Les agriculteurs ont appris à travailler sans le glyphosate, mais il gardait un attrait au niveau économique. Les agriculteurs ont aussi des contraintes importantes de réduction de gaz à effet de serre, mais le labour ne va pas dans ce sens. Sans parler des sols meurtris.

Un commentaire

  1. Rien ne prouve que le glyphosate soit cancérigène. Plutôt le contraire car depuis des années que des millions de gens l’utilisent, s’il y avait au moins autant de cas qu’avec les soit-disant « vaccins » contre le Covid, cela se saurait!
    On se prive d’un progrès de la science pour une idée que, peut-être, dans cerrtains cas et sous certaines conditions (non précisées), le glyphosate pourrait, éventuellement avoir des effets indésirables, dont le cancer puisque que c’est le mot qui fait peur.
    Faire peur est la mère de toutes les propagandes.

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